L Art dans la Vie de |l’Homme Isabelle | Par Jacques Baillaut | ques | lant sur un gateau nuptial. | feérie de couleurs, | l’astre brillant, alors qu’au L’Art, dans la vie de 1’ homme, est une présence permanente et inévitable. Qu’il le réalise ou non, l’homme ne peut pas vivre sans art, d’autant plus qu’ il le crée lui-méme, sciem- ment ou insciemment. On dit si justement : l’art de vivre. Et, de ce fait, cha- que homme est un artiste, un créateur, et l’art devient une manifestation de lacréa- tion A travers l’esprit hu- main... un moyende commu- | nication entre l’homme et la | nature... une recherche pour | se faire comprendre parmi | les hommes, faculté que nous avons perdue depuis l’his- toire de la tour de Babel... un désir d’équilibre et d’har- monie... une curiosité de se connaftre soi-méme. L’art changea donc d’as- pect, de causes et d’effets 4 travers les Ages, chan- gea avec les hommes et leurs problémes et avec les conditions dans lesquelles ils vivaient. L’art préhistorique. Les premiers artistes que nous connaissons, sont les peintres des cavernes. Leurs peintures n’avaient pas pour motif la decoration, car la faiblesse de la lumiére ne pouvait pas permettre a Vhabitant d’éprouver dans leur contemplation un plai-~ sir esthétique. L’artiste, qui était probablement aussi sorcier, peignait pour at- tirer le gibier ; il repré- sentait son image pour faci- liter la tache des chasseurs. L’art égyptien. Cet art servait un but trés différent. L’homme ne vivait plus pour manger seu- lement.L’esprit de l*homme, libéré du souci de la lutte quotidienne, avait le temps de s’occuper de problémes | Hier, au nord, le soleil avait tout d’abord posé un rond d’or minuscule au som- met d’une montagne, goutte | de miel couleur jonquille ou bouton d’or, qui en quel- instants s’est étalée sur le dos d’Isabelle comme une créme au beurre cou- Jeux d’ombre et de lumiére, c’était | 4 |’*heure ot les lions parfois jouent a cache -cache avec levant il apparaft dans le ciel bleu surprenant quel- | ques nuages mal réveillés, lle radis rose ou la tendre lé, un coin de neige tétu | résiste a l’averse qui le ronge. dont il fait danser les om- bres sur la neige- Tableau gracieux d’hier ou de demain..-souvenir ou eS- poir, car aujourd’hui les |nuages gris ont gagné la partie et cachent Isabelle aA nos yeux. Sur une lampe encore al- lumée, une mouette blan- che et grise s’est posee plus subtils. Il pensait a ce qui arriverait aprés sa mort. Les images que nous trouvons dans les tombes de la haute époque, nous montrent un besoin d’im- mortalité, qui était pour lui tout aussi naturel que le be- soin de manger l’avait été pour l’homme préhistorique. L’homme égyptien veut sur- vivre A son passage sur la terre et pour y parvenir, il enregistre ce qu’il a fait pendant sa vie. Ce curri- culum vitae lui servira de passeport pour les Champs Elysées. Il emméne ses ser- viteurs, ses chevaux, sa nourriture et il fait em- baumer son corps, afin de pouvoir poursuivre sa vie, interrompue seulement par ses funérailles. L’art grec. Avec 1’évolution de l’esprit humain, l’expression ar- tistique change. L’homme s’ approche de ses dieux, dés son vivant. La recherche de la beauté du corps humain est presque un acte re- ligieux. Les Dieux vivent parmi les hommes, mais ils sont inhu- mains. Ils ne connaissent pas l’angoisse et le doute des mortels. C’est pourquoi les visages des statues grecques sont dépourvus d’expres- sion. L’Ame n’est pas encore inventée. Ce n’est qu’aprés Alexandre le Grand que l’art grec montre que quelque chose se passe dans le coeur des hommes, mais c’est tou- jours dans ses relations avec les Dieux que l’artiste tra- duit son tourment. Laocoon est puni:par les Dieux : il avait provoqué leur colére en conseillant aux Troyens de ne pas laisser entrer le cheval. La statue qui le re- présente avec ses fils, dans pour se chauffer les pattes. Immobile, elle semble monter la garde et de son oeil morne regarde tomber la pluie. Les rideaux de l’italienne d’A cOté sont en- core clos, toute petite dans son grand lit, la bonne vieille sommeille en révant du so- leil d’Italie. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle sémera avec amour laitue. Dans le jardin mouil- Isabelle hier a coupé les cheveux du pommier, il a maintenant la téte ronde et l’onde ce matin lui donne un shampooing d’eau frafche. Encore tout nu, il semble frigorifié, alors qu’a ses pieds le rosier a déja pare ses branches de bourgeons épanouis en fréles feuilles roses et vertes. l’étreinte de deux serpents, nous montre un homme mo- derne qui se débat avec son destin. Il ne comprend pas l’injustice de la situation. Cette oeuvre est trés €mou- V ANCE coeeeseeseereeeeee COMME Guernica de Picasso ou les horreurs de la guerre de | Goya. Cette statue est plus impressionnante que la sta- tue de Niobé. Ayant eu qua- torze enfants, Niobé se van- tait devant la déesse Latone qui n’en avait que deux, Apol- lon et Artémis, et pour la punir de sa vantardise, La- tone fit tuer par ses deux enfants les sept filles et les sept fils de Niobé. C’est une tragédie, mais moins profonde que celle de Lao- coon. Niobé a commis une faute et elle est punie, mais Laocoon n’avait rien fait d’ autre que défendre sa patrie. L’injustice, cette source de souffrance éternelle, est ad- mirablement bien exprimée dans le visage de Laocoon, dont l’expression est compa- rable A celle des fusillés de Goya. Il est difficile de ¢com- prendre que 1’Art grec, dans un temps d’instabilité totale, la guerre étant permanente, ait pu fleurir et produire des chefs-d’oeuvre d’une pa- reille sérénité et qu’il fallut attendre la période suivant Alexandre pour donner 4 |’ image de l’homme le reflet de ses peines. Il se peut que durant la période pré- alexandrienne, la recherche de l’esthétique n’était qu’ une sorte d’évasion, loindes | malheurs et des souffrances causés par l’instabilité de la vie matérielle. L’Art chrétien. Avec le christianisme, | l’Art change de nouveau d’aspiration. L’art est au| service de l’Eglise, de la| La Caisse Populaire de religion. L’homme est pous~ siere dés son vivant et seul compte la gloire de Dieu. Fra Angelico priait, chaque fois, avant de se mettre au travail ; il priait, non pas pour que son oeuvre soit réussie, pour que son rouge reste rouge et son bleubleu, il priait car son patron n’é- tait pas un homme, mais Dieu. Et cette priére, dans laquelle il communiait avec Dieu, était aussi un repli sur lui-méme. Il priait pour pouvoir s’exprimer avec sincérité et sans mensonge- L’homme a perdu son insouciance. Le péché origi- nel lui pése. Il a peur. Dieu seul peut le sauver et l’art sert uniquement ce but. Le grand public ne sait pas lire et ne comprend pas le latin de la liturgie, mais les images, les chants, les vi- traux, lui parlent. C’est 4 travers l’art que l’homme reconnaft la grandeur de Dieu, sa miséricorde et les affres de l’enfer. L’artiste est prétre. Il doit €tre cro- yant et pratiquant pour pou- voir communiquer sa foi au public. La technique n’est pas encore essentielle. L’art byzantin ignore la perspec-| tive et les autres artifices de l’artisan. De méme, les premiers peintres de cette période, tels Giotto, Loren- zetti et autres, sont consi- dérés comme des primitifs, pourtant leurs oeuvres té- moignent d’une intensité qui nous touche encore aujour- d’hui. A SUIVRE. Maillard ville 1013 Brunette Coq. Tél. 526 - 377 Epargnes et préts assurés. Patronisez vos institutions. Pour un meilleur service. Faites-nous confiance. LE SOLEIL DE VANCOUVER, 12 MARS 1971, IX.