8 Le Soleil de Colombie, Vendredi 23 Décembre 1977 IESCHOU Lane avancait péniblement par des chemins de misére, tortueux et inégaux. Monté par une femme, il suivait docile- ment I‘homme qui le tenait en laisse et qui lui, allait a pied. Le vent fouettait les Voyageurs au visage et ramassait la neige dans la plaine pour la lancer en nuage au-dessus du petit cortége perdu sur la route sinueuse dans les clairiéres. La Vierge assise sur la monture, souffrante et transie, songeait aux événements qui se fai- saient proches. Le menuisier Joseph et sa femme Marie, touchaient au terme d‘un voya- ge de quatre-vingts milles dans les régions tour 4 tour monta- gneuses et plates qui séparent Nazareth de Bethléem. ll leur restait deux heures de trajet. Le vent avait main- tenant cessé de souffler et la neige de tomber. Sur les éle- vations qui séparent la capi- tale, de Bethléem, ils contem- plérent dans le lointain la grande ville qu’‘ils venaient de laisser et le petit village ot ils se dirigeaient. De Jérusalem, ils ne devinaient a distance, que le toit d’or du temple, les colonnades de ses deux grands portiques, le riche pa- lais d’Hérode flanqué de trois tourelles. Devant eux, Beth- léem, déja célébre par I"his- toire de la glaneuse Ruth et le sacre de David, s’étendait en longueur sur une marche excédant de la téte des mon- -tagnes de ta Judée. En vertu d'un ordre de Cé- sar-Auguste qui voulait s’en- quérir du nombre de ses sujets, citoyens ou esclaves, le char- pentier et sa femme, qui appar- tenaient tous deux a la race royale de David, avaient di quitter Nazareth pour se rendre dans le lieu dont ils tiraient leur origine, afin de s‘inscri- re. Dans les cités et les bourgs, le va-et-vient était le méme, de ces sujets entrant et sor- tant, non seulement pour se rendre chez le scribe y décli- ner leurs noms et qualifica- tions, tnais aussi pour payer le tribut d’une piéce de mon- naie a la frappe de César. Et Bethiéem, comme les autres villes et villages de Pa- lestine et de Judée, était litté- ralement encombrée de voya- geurs. C’est en vain que l’hom- me et sa femme enceinte d‘un premierné, cherchérent un re- fuge. Marie, elle, situa tous ces esprits et fit des confidences a l'homme trés simple et effa- cé qui l'accompagnait. Mgr. Darras, dans la ‘‘Légende de Notre-Dame”, raconte ainsi le jugement de la Vierge au mo- ment ot le couple sortait de la ville inbospitaliére: “Je vois devant moi deux peuples dont ‘un est dans la joie et l'autre dans les larmes." Le saint patriarche ne comprit point ces paroles. Peut-étre les appli- qua-t-il au contraste formé par laisance orgueilleuse des riches voyageurs qui trouvaient sur leur passage les douceurs d’une somptueuse hospitalité et |'in- digence des obscurs étrangers, obligés comme lui d’aller cher- cher, dans la® campagne, un modeste et pauvre asile. L'a- me simple et résignée de Joseph repoussait jusqu’a l‘ombre de la plainte et il désapprouvait et blamait le reproche de sa sainte épouse. En ce moment, il apercut devant lui un jeu- ne adolescent dont les véte- ments étaient blancs comme la neige. Cet inconnu lui ex- pliqua le sens mystérieux des paroles de la Vierge. “Le peu- ple qui est dans les larmes, dit-il, c’est le peuple juif, par- ce que la main du Seigneur va se retirer de lui; le peuple qui est dans la joie, c’est la multitude des nations que la lumiére d’en haut vient visi- ter”. Mais revenons au cortége qui se trouvait maintenant bous- culé dans Ja foule 4 Bethléem. Tous ces gens se coudoyaient, s‘attroupaient aux portes des boutiques, se croisaient sur la chaussée, avec leurs chameaux et leurs mulets, parlaient, s‘in- terpellaient, criaient. Et cette activité avait son écho ou son prolongement dans les habita- tions, les édifices publics, les hételleries. A bout de fatigues et grelot- tant, le cortége s’arréta. C’é- tait au déclin du jour. Les voyageurs venaient de trouver un abri dans une étable. C’6- tait plus probablement un. en- foncement de rocher, une grotte ou une excavation comme il s‘en rencontre fréquemment en Palestine, 4 mi-céte sur les pans de collines de calcaire vous diront ceux qui ont visité ja Terre Sainte. Le mari et la femme entrérent dans I'une de ces cavernes sise a |’extrémité de la bourgade, regardant vers les portes d’Hébron et qui servait de refuge aux animaux. Un boeuf s’y trouvait, qui avait été conduit la par un patre des alentours. Ainsi se trouvait réalisée la prophétie d‘Habacuc: “Seigneur, vous vous manifesterez entre deux animaux.” C’est la, dans une Mmasure sans toit et sans feu, que, vers minuit, le petit étre attendu quitta le sein de sa mére. Marie l’enveloppa dans des linges grossiers pour ca- cher sa nudité et elle le dépo- sa dans une mangeoire bourrée de paille. “C'est la, abandonnés de tous excepté des bétes, dans le coin le plus misérable de la terre’, que Joseph et Marie sourirent pour la pre- miére fois au-dessus du_ber- ceau fait de planches mal jointes et de foin humide qui portait l’Enfant-Dieu que l’on nomma leschou, c’est-a-dire: Jésus. Selon la coutume dans les pays chauds, des bergers pas- saient la nuit dans les champs, méme l'hiver, pour garder leurs troupeaux. Dans la tour de Mygdal Eder, “‘ils se défen- daient du froid, de la neige et de la pluie’. Et voila que ces bergers furent inquiétés par l'apparition d‘un signe dans le firmament Noir. Leur inquié- ture allait se changer en une véritable crainte lorsqu’un ange leur apparut, leur disant “de n’avoir. point peur, qu’un sau- veur leur était né, qu’‘il était le Christ et qu‘ils le trouveraient dans une créche”. Bient6t, tout le canton apprit la nouvelle et la bande joyeuse se rendit en hate vers |’étable pour voir le Nouveau-Né. ) a 6 A 0 A © a © EE 6 a 0 =a UN OUBLI Il arrive parfois que je me trouve devant des probleé- mes trés graves, que seule la grande puissance que me donne Mme Marie me permet de résoudre. Ainsi, une fois... Je m/’en souviens trés bien. La nuit de Noél s’a- chevait et une vague lueur, a Vhorizon, indiquait que Taube n/allait pas tarder a paraitre. Mon traineau filait sur la plaine immen- se , couverte de neige, qui paraissait grisitre sous le ciel noir. Ma tournée était achevée. J’avais distribué des jouets dans tous les foyer, dans les grands im- meubles aussi bien que dans les petites chaumiéres, dans toutes les villes, dans tous les pays du monde. Trés fa- tigué, mon ange-secrétaire dormait au fond du trai- neau, la téte appuyée sur une de ses ailes qui lui ser- vait d’oreiller. Moi-méme , je sentais le ‘sommeil me gagner aprés l’activité de cette longue nuit. Devant mes yeux a de- mi fermés, le dos de mon renne ondulait au rythme de son galop régulier. Petit a petit, une sensation d’en- gourdissement gagnait tout mon corps, due au froid et a la fatigue, auxquels se mélait pourtant une sensa- tion bien douce: la pensée du bonheur quallaient con- naitre a leur réveil des mil- liers d’enfants. Soudain... Le renne s’arréta subite- ment, faisant jaillir sous ses sabots un nuage de neige poudreuse. Emporté par 1’é- lan, le traineau vint lui frap- per l’arriére-train, et si je ne m’étais pas retenu je serait tombé en avant. Que se pas- sait-il donc? Notre chemin était-il interrompu par une crevasse ou barré par un obstacle? Je descendis du taineau, scrutant le chemin pour essayer de découvrir ce qui avait provoqué l’arrét de Panimal. Je ne vis d’abord rien. Tout paraissait calme. Un silence profond régnait sur la plaine glacée. Puis, regardant 4 droite et a gauche, je finis par dis- tinguer une petite lumiére jaunatre et trembloblante qui _tentait de percer Pobscurité. Je fis quelques pas en direction de ce falot, écarquillant les yeux. Il y avait la, me semblait-il, quel- que habitation. Je m’appro- chai et découvris une chau- miére, une bien modeste de- meure perdue dans I’immen- sité de la plaine. Je m’ap- prochai encore jusqu’d une petite fenétre ot les car- reauxX manquants étaient remplacés par du papier hui- lé. Je regardai a J inté- rieur. Sur une table de bois gros- siérement rabotée était posée une bouteille, dans le goulot de laquelle on avait planté une chandelle que surmontait une flamme pale et fumeuse. ; Sur ce lit reposait une femme, et blottie contre el- le, une petite fille dormait. Son visage était heureux. Elle semblait sourire dans son sommeil. Dans la cheminée vide de toute biche, deux petits souliers étaient posés, qui attendaient: Qui attendaient quoi? Qui attendaient ma_ visi- te! Je fis demi-tour précipi- tamment, revins en courant au traineau et secouai mon ange-secrétaire, qui conti- nuait de dormir en ron- flant. 1 ouvrit les yeux, les frotta, s’étira en bail- lant et bredouilla: Hein? Quoi? Que se pas- se-til? Le grand-ivre, vite! Mais... Mais... Tout de suite! Bon, bon!... Il quitta son siége, se pen- cha sur le coffre du trai- neau, ow il disparut 4 moi- tié, puis se releva en me présentant un fort volume recouvert de cuir rouge. Je feuilletai fébrilement le livre. Je consultai rapide- ment la liste des enfants vivant dans la région ow nous nous trouvions, au nord de la Forét-Froide. Liste d’ailleurs fort courte, ou je pus constater, non sans étaonnement, qu’aucu- ne mention n’était por- tée au sujet de la petite fille que je venais d’aper- cevoir. Voyons,... Voyons... L’au- rions-nous oubliée? Mon ange-secrétaire incli- na sa téte blonde vers le li- vre, suivant du doigt la lis- te des noms. Il se mordit les lévres. Pére Noél, je crois bien que jai oublié dinscri- re cette petite fille... Oublié! Malheuréux’... C’est un genre d’oubli que je ne peux pas pardonner. Mais peut-étre y avait-il mo- yen de porter reméde a cette facheuse situation. Je soulevai le couvercle de la hotte, plongeai le bras a l’in- térieur et tatonnai le fond. Une sueur froide m’envahit: la hotte était vide! Hélas! il ne me restait plus un seul jouet! Je me tournai vers mon ange-secrétaire, qui déja tremblait d’effroi. I était sous la menace d’étre privé de ses ailes pendant plu- sieurs semaines ou plusieurs mois (c’est la punition que jinflige 4 mes anges lors- quils comment une faute grave.) Qu’as-tu fait? m’écriai-je, tu as oublié d’inscrire cette petite fille, et je n’ai plus rien a lui donner! L’ange balbutia: Mais... la hotte est inépui- sable... Elle est inépuisable , sans doute, mais 4 condition de prévoir quelle He exac- te de jouets elle doit four- nir. Comment se fait-il que tu aies oublié cette enfant? Enfin, il ne servait a rien de tempéter. I fallait trou- ver une solution. Mais l’ab- sence de jouet rendait ma tache bien difficile. pouvais-je mettre dans les petits souliers? Le jour dé- ja se levait, et il était trop tard pour revenir 4 mes ma- gasins généraux. Que faire? - Jeus alors une inspiration. Jadis, j’avais offert au petit Jésus un pantin de bois... Je ferai de méme aujourd’hui. Mais, comme je n’avais pas de bois 4 ma disposition, je le remplacerais par de la neige. x Alors je me penchai vers le sol, pris entre mes mains quelques _poignées_ _— de poudre blanche et modelai un bonhomme a ma ressem- blance. Un petit Pére Noél qui avait, je l’ose dire, as- sez bonne allure. Jentrai dans la chaumiére, déposai mon présent devant les petits souliers et revins au traineau. Le renne se remit en mar- che de lui-méme. Le lendemain, aprés un bon somme, je m/assis sur un confortable nuage et me divertis en conteémplant la joie que manifestaient les enfants a la découverte des cadeaux que je leur avais apportés. Mon regard se fixa sur l’humble demeure ov j’avais. déposé le bon- homme de neige. La mére de Tlenfant, aprés avoir ramassé des branches de bois mort, avait allumé un grand feu, et cependant le bonhomme ne fondait pas! Et la petite fille tournait autour de lui, sautait, gam- badait, riait! Elle s’arréta soudain et fit une chose ex- traordinaire. Se mettant a quatre pattes, elle prit dans sa petite main le bout de la barbe du petit Pére Noél, le cassa et y mordit 4a bel- les dents, avec un sourire heureux. Cest du sucre , ma- man! Veux-tu y_ goiter? Et la petite fille faisait gouter tout a tour a sa ma- man un morceau de_ bar- be, le bout d’une botte, un des jouets de la hotte... A quelque temps de [a, alors qu’accompagné de mon ange-magasinier je procédais 4 l’inventaire de mes stocks de marchandi- se, je découvris qu’il man- quait au département de la confiserie dix livres de su- cre blanc. Comment ce su- cre avait-il disparu? Y avait- il un rapport entre cette disparition et la transfor- mation du bonhomme de neige? Cest 14 un des mysté- res que je ne veux pas cher- cher 4 comprendre. Noél : la joie d’étre la Il neige et il fait tres froid. Dans la rue les arbres sont rigides de froid, les toits et les trottoirs sont couverts de neige. Tous les enfants sont a l’intérieur de la maison chaude et accueillante. Noél est ici! A la maison nous sommes tous autour de l'arbre de Noél. Sur l’arbre de Noél il y a de belles lumiéres; des boules rouges, bleues et or avec sept étoiles dorées. Il y a aussi des cannes de Noél et je vois de grandes boites avec beaucoup de couleurs. Ma jeune soeur ouvre son cadeau avec beaucoup d’enthousiasme et trouve une belle grande poupée. Elle est trés heureuse. Mon grand frére est impatient pour son cadeau. Il ouvre le cadeau. Devant lui il voit un train et petits trains. Son visage exprime le bonheur. Mon cadeau est un jouet. Le jouet est un énorme animal. L’animal est un éléphant. Il est rose et doux, et porte un panier de fleurs. Maman, papa, mon frére, ma soeur et moi sommes maintenant assis a la table de la salle 4 manger. Nous mangeons trés joyeusement. La féte de Noél est belle. J’aime beaucoup la féte de Noél! de Saint Jude’s par Maria YAPJOCO School Que _ Noél 2 Chantons la divine naissance Chantons Alléluia ! De Dieu, chantons la bienveillance Chantons le Hosanna ! Le fils de Dieu vint sur la terre dans son amour pour nous . En ce joyeux anniversaire prions-le 4 genoux. Mais dans I’ivresse et la ripaille Jésus est négligé... L’enfant Dieu couché sur la paille est souvent oublié . L’enthousiasme est dans I’attente , I’échange des cadeaux et le gros ventru qui plaisante avec ses Ho .Ho .Hol.. La douce féte de famille : a presque disparu La réjouissance tranquille a fait place aux abus . O beaux Noéls de ma jeunesse , merveilleux souvenirs , - passés dans une sobre liesse , puissiez vous revenir ! Puissiez vous apporter au monde L’amitié et la paix avec une charité féconde répandant ses bientaits. Et que notre réjouissance célébrant ce grand jour soit mélée de reconnaissance de respect et d’amour . Berthe de Tremaudan trouve sous ce train un autre train et un ence sar renatbiiihdies Z x bs bo ed Sion Maas ERAS