RE TTT y r= Courrier de 2éme classe Second class mail N° 0046 VOL 17 No 48 VENDREDI 12 AVRIL 1985 «La francophonie and you» La passion éteinte Par Francois Bourboulon La volonté et l’enthousiasme d'une poignée ne suffisent pas toujours, et le volontariat et le bénévolat ont des limites. Ce. triste constat, c’est celui que sont en train de faire les animateurs de |’émission “La francophonie and you” qui, selon leurs dires, vit sans doute ses derniéres semaines. Depuis plusieurs années, une petite équipe fréquemment renouvelée animait ce pro- gramme. Actuellement diffu- sée sur le Cable 10, la chaine communautaire, chaque nu- meéro de “La francophonie and You” est présenté a cing reprises pendant la semaine. Une heure d’informations en francais, essentiellement con- sacrée aux activités de la communauté francophone de Vancouver et dela région. Une heure sur I’actualité culturelle et artistique, surtout, mais pas _ seulement. Des critiques de films et de spectacles aux reportages, “La francophonie and You” tente de présenter L’€quipement est mis a la disposition de l’émission par la chaine. L’avantage n’est pas mince, car, des caméras au studio d’enregistrement, |’in- frastructure nécessaire a l’éla- boration d’une émission de télévision, aussi modeste que soit cette derniére, représente un investissement énorme. A partir de cette situation, l’équipe doit se débrouiller entiérement seule, et c’est 1a que les problémes com- mencent, problémes qui sont Québec Les. dissidents du ° Parti Québécois semblent avoir franchi un nouveau pas. La naissance du Rassemblement démocratique pour 1'Indé- pendance, annoncée la se- maine derniére, constitue une étape importante dans la vie politique de la province et complique un peu plus les analyses dans la perspective des prochaines élections pro- vinciales. L’affaire, on s’en souvient, a débuté le 9 janvier dernier lorsque 500 délégués “orthodoxes” du P.Q. avait quitté la convention du parti pour protester contre la déci- sion de René Lévesque de retirer du programme électo- ‘ral la référence a l'indépen-_ dance. Les orthodoxes comp- taient dans leurs: rangs un certain nombre de personna- lités connues du P.Q., dont M. Jacques Parizeau et Camille Laurin. Se sont donc ces mémes _délégués qui se sont retrouvés pour jeter les bases du nou- veau RDI. Ce dernier ne se veut pour l’instant qu’un ras- -semblement et non pas un parti. Lors du congrés, les membres se sont prononcés contre un véritable statut de parti politique actif, considé- me varié et un tour d horizon. devenus de plus en _ plus insurmontables au cours des années:‘Pour réaliser dans des conditions normales un numé- ro de “La francophonie and You”, explique Hervé Lours, lun des animateurs, il faut d’abord une personne au moins qui s’occupe de la recherche et des prises de contact afin de préparer les entretiens ou les reportages en extérieur. Le jeudi est consa- cré au tournage, et ce jour-la, on devrait pouvoir disposer d’une équipe compléte: camé- raman, électricien, preneur de son et interviewer. Ensuite, le vendredi, a lieu le montage, avec un monteur et le respon- sable-dureportage.Enfin vient le mardi, jour du tournage de l’émission elle méme, pour lequel on a besoin d’un réalisa- teur, d’un directeur technique et de responsables du son, des éclairages, des caméras et de Vaffichage électronique et bien sur, des animateurs. Avec tous ces gens, dix au mini- mum, on peut produire une bonne émission. Dans la réali- Grae La réalité de “La francopho- nie and You”, c’est un petit groupe d’acharnés, six ou sept au maximum, sans formation rant que le moment était encore mal choisi. La possibi- lité de mettre en place un vrai parti a été repousséea |’au- tomne ou plus tard, mais elle reste ouverte. Le congrés a adopté une résolution qui le conduit a “prendre les mesures appro- priées, seul ou avec d’autres, pour redonner au Québec, au moment adéquat, un parti politique capable de faire accéder la province a ]’indé- pendance”. A vrai dire, le nouveau mouvement envisage plusieurs solutions pour les mois a venir, surtout dans la perspective des élections qui devraient avoir lieu cet été ou au début de l’automne. Parmi les hypothéses envisagées lors du congrés figure celle d’une prise de contréle du Parti Québécois, en particulier dans _ le cas ow le P.Q. perdrait les élections. Mais si les dites élections étaient retardées, le RDI se trouverait dans l’obli- gation de se structurer pour participer au scrutin et l’on assisterait alors 4 la naissance d’un nouveau parti, compli- quant un peu plus l’échiquier politique québécois. ~ “Nous sommes préts a utiliser spécifique pour la plupart et dont la passion ne peut pas tout régler. Ce sont des gens qui doivent tous travailler, > exercer une profession et a qui l’on demande de consacrer un. minimum de 15 heures par semaine 4 l’émission.C’est sur- toutune €quipe qui fait chaque semaine de la corde raide pour produire un programme d'une heure avec des moyens ridicu- les. Jusqu’a maintenant, l’en- thousiasme autorisait beau- coup de choses, et en particu- lier tous ces sacrifices. Mais Yenthousiasme ne dure pas indéfiniment. “La déception est 1a, la fatigue aussi”, remarque Hervé Lours. Des. propos que tient aussi Yann Geoffroy, de la Société Audio Visuelle qui produit “La francophonie and You” de ‘méme que “L’Apéro” a la radio. Lui aussi estime que _ _ Pémission va s’interrompre ra- -pidement. Pour Yann Geoffroy, l’arrét de “La fran- cophonie and You” est inéluc- table. “Faute de subsides, aucune émission ne peut survi- vre. Or la nétre ne recoit aucune aide gouvernementale depuis au moins trois ans a l’exception de celles du minis- tére d’Emploi et Immigra- tion.” Ces subventions ‘consti- tuaient jusqu’a présent une bouffée d’oxygéne pour “La francophonie and You”. Elles accompagnaient un certain Suite page 2 Naissance d’un mouvement tous les moyens en faveur de lidée d’indépendance et de sa progression au sein de la population du Québec, a déclaré l’ancien ministre des Sciences, Gilbert Paquette, mais nous ne voulons rien batir sur du sable. Nous voulons des bases solides.” Un grand nom- bre des membres du RDI ont néanmoins conservé leur carte du P.Q. et certains continuent de siéger entant qu’élus PQ4 l’Assemblée nationale. M. Paquette n’a pas écarté la possibilité pour le RDI d’aider les candidats du P.Q. favora- bles 4 l’indépendance. “Beaucoup de gens hésitent a quitter la famille du Parti Québécois qu’ils ont aidé a construire pendant 10 ou 15 ans”, a affirmé Mme. Leblanc Bantey, qui siége sur les bancs des Indépendants. “Mais pour une grande partie, il est douloureux de laisser le P.Q. tomber sous la coupe des fédéralistes et devenir l’aile québécoise des conservateurs.” ~ “Le RDI est un mouvement, pas un parti. Il n'est pas anti-P.Q., il est pour l’indé- pendance”, a conclu Louise Harel, ancien ministre de l’Immigration. -Le métier d’une francophone Le seul journal de langue francaise de la Colombie britannique 30 cents Par Annie Granger Certaines choisissent les hépitaux, Nicole Cloutier a préféré |’Aquarium; elle y entraine _les baleines blanches. j En 1967 la _ famille Cloutier arrive a Vancouver: Un mari pilote des lignes CP Air - donc souvent absent-,des enfants devenus adolescents, Nicole veut faire quelque chose de son temps libre. “Je suis de Montréal - ce qui veut dire ciment -, j'ai toujours fait de la natation et de la nage synchronisée, ce qui veut encore dire piscine et ciment. A Vancouver, c’est tout autre chose, ce sont les plages, les poissons mais surtout les mammiféres marins. J'a- vais entendu a la radio que l’Aquarium recherchait des personnes qui aimaient la mature et qui voulaient travailler avec les enfants”. Nicole Cloutier ne sele fait pas dire deux fois, elle se présente et dix-huit ans aprés, elle y fait encore du bénévolat. “C’était alors primitif, il n’y avait pres- que rien, les tours guidés pour les éléves étaient res- treints. Les tours guidés en francais n’existaient pas encore”. Ceux-ci ont un succés réel: 1]’Aquarium compte a l’heure actuelle sept guides bilingues. Nicole - Nicky pour. ses amis de l’Aquarium - en- traine depuis maintenant -prés de quatorze ans et elle présente deux des specta- cles avec la seule baleine blanche de__!’Arctique (Beluga) qui reste, Kavna (‘Princesse sous les eaux” en inuit) ; sa compagne est morte le mois dernier, on ne sait pas encore pour- quoi; les examens n'ont pas encore été terminés, on avance l’hypothése qu’un L’amie des baleines Nicole Cloutier etn baleine blanche.’ ‘goéland aurait pu la conta- miner. Nicole a beaucoup plus de difficulté avec une seule baleine. Sa compagne dis- parue donnait |’exemple, maintenant Kavna n’ose plus; trés timide, elle évo- lue lentement dans le bas- sin. “Elle craint les goé- lands”, qui ne se génent pas d’ailleurs pour essayer de _chiper le poisson que Nicole jette. Ce matin-la, vendredi Saint, il y avait foule autour des piscines des épaulards et de la baleine. Du bras Nicole fait tourner sa baleine, mais elle essaie par tous les moyens de la faire chanter, (“on les appelle les canaris de locéan”) pas moyen, Kavna, refuse. Il faut une patience d’ange avec ces cétacés et c’est pourquoi ce sont les femmes qui ont le tour. “J’essaie de montrer au public que ce ne sont pas des poissons.” Timidement, le cétacé s’approche de Nicole, celle-ci lui touche le dessus de la téte pour montrer combien il est mou. Ils'agit du melon, qui est fait de graisse, lors des péches a la baleine, on en tirait une huile trés prisée. Nicole: lui frotte aussi les gencives, “elle adore ca!” En plus des spectacles présentés au public Nicole a d'autres taches comme celle de renseigner ce dernier qui vient poser des questions aprés le spectacle. Quant une ba- leine blanche @u beluga) arrive a l’Aquarium ou méme un épaulard ou orque, ce cétacé doit s’ha- Suite en dernié¢re page De quoi étes-vous frus- trés? Exprimez-vous en di- rect par téléphone sur le Cable 10. J'ai donc regardé en me disant que jallais connaitre un peu plus les gens de Vancouver par leurs frustations. Et ma fot, je ne suts pas fier d’habiter une ville comme celle-la. Une catastrophe, ces ap- pels. Ne parlons pas des insultes proférées aux deux animateurs, un gars et une fille. Un télespectateur s’est plaint que celle-ci était belle et ne parlait pas beaucoup. Un autre a ralé parce que le langage des intervenants au téléphone était peu chatié, les enfants pouvatent entendre. Quel est le. rejeton qui était devant son écran @ dix heures et demi du soir, une veille de classe! Enfin pas- sons. Quelles sont les frus- trations de la vingtaine qui a téléphoné? A part deux appels sensés, les autres n’avatent rien d intelligent, @ croire que les “peu de cervelle” étaient préts du téléphone. Un gars s'est plaint du gouvernement provincial actuel. Avez-vous l’dge de voter? lut a-t-on demandé, out! votez-vous? non, parce que les partis qui sont la ne Allo, les frustrés? valent rien, on devrait en créer un autre! Cette té- lespectatrice se plaint des cyclistes sur la corniche du Seawall. Que s’est-il passé? lut a demandé l’animateur, marchiez-vous dans lallée réservée aux piétons. Ah, parce qu'il y a deux allées distinctes!... Les homo- sexuels en ont pris pour leur grade, on devrait les isoler sur une fle, a-t-on proposé au téléphone... Et jen passe... Du coup, les ant- mateurs, qui s’en sont remarquablement tirés, ne savent pas s’tls vont con- tinuer cette émission en anglais. — Oncle Archibald a