RI RE HAAR ce aR ay INS eascsoremmnepenyrensieeagaamnnangids Ti AGP i ct A NCAA Rt a "7 eT et ee Le Soleil de Colombie, vendredi 4 mars 1988 - 17 Nakiska, Tomba, Hourra Les épreuves de ski alpin se -déroulaient 4 la station Nakis- ka, au Mont Allan dans la région e Kananaskis, 4 50 minutes de Et jeudi 25 février, la foule se ruait 4 Nakiska [qui signifie «rencontrer» en langue autoch- tone] pour assister au slalom géant. Par Patrice Romedenne Le Mont Allan, la fierté de Nakiska, est tel que vu et revu dans les magazines ou sur les cartes postales. Comme un volcan qui libérerait des coulées de lave blanche , il expose au soleil ses boulevards ramifiés. Les 13 000 spectateurs se scindent en deux groupes. Les plus coura- geux montent 4 pieds, suggérant un régiment de termites: une heure de _ grimpette pour atteindre la piste du slalom... Les moins impatients utilisent le télésiége aprés cent vingt minutes d’attente..; La peste ou le choléra. Qu'importe, c’est le prix du spectacle! Dés 10h30, commence la ronde des départs. Il y a ~ 120 ~concurrents; 69 seront classés. Une manche, puis la seconde... Alberto Tomba les remporte toutes les deux. Avec un temps additionné de 2’06’37. I’Italien compte une seconde et quatre centiémes d’avance sur |’Autri- chien Hubert Strolz. Un mini- gouffre! Pirmin Zurbriggen, le Suisse, est troisiéme. Tomba: on le surnomme la «bestia». I] allie souplesse et puissance. Ses skis? Bien 4 plat pour faciliter la glisse. Ce type la réinvente la descente sur un parcours de géant. Tactique- ment, il a finement composé: un départ tranquille et une arrivée fracassante. Crescendo et brio. Strolz et Zurbriggen, eux, ont démarré comme des bolides. Ils n’ont su, ils n’ont pu, ensuite; conserver la méme_ cadence. C’était gagné pour I’Italien. Alors on a vu Tomba fusionner avec les Tifosis, exulter scus les drapeaux vert-blanc-rouge, les barriéres de sécurité ayant cédé depuis longtemps. Et il a excité son monde. Médaille d'or! Hilare. Beau. Ivre. Heureux. Et contagieux. Sans doute, 4 cet instant, un frisson d’émotion a parcouru l’échine de la montagne car de la vallée, on a vu le Mont Allan laisser €chapper 13 000 larmes multicolores: les spectateurs redescendaient a pieds. Le Mont Allan: des coulées de lave blanche. Alberto Tomba va a la rencontre REPORTAGE_{ Dans la ruve - Tout Jeux, tout flamme... Une manif? Un attentat? Un pélerinage? Rien de tout celal Juste les Jeux. La 8iéme avenue de Calgary était noire de monde pendant la période olympique. Elle était devenue, l’espace des Jeux dihiver, ce que «Time Square» est 4 New York ou «Saint Germain des Prés» a Paris les soirs d’été. Cette huitiéme avenue «habituellement si calme» n’a jamais désempli. Et chacun y a fété les Jeux 4 sa maniére. Les marchands ambulants? Heureux! Chacun d’entre eux avait déboursé 350 dollars pour obtenir un permis de vente et stopper sa carriole dans la rue. Habituellement, il en coidte autant, mais pour les trois mois d’été... Mais qu’importe puisque tout se vend! «N%mporte quel gadget trouve preneur. Il suffit d’y inscrire «Calgary 88» et les _internationale, un clients se ruent dessus» assure un étudiant transformé en commer- cant. Les clients? Des. badauds, des visiteurs, tous fous de «pins», ces badges-souvenirs qui avaient littéralement envahi chapeaux, blousons et écharpes. But du jeu: en acheter le plus possible (prix de base, 5 dollars) pour ensuite en échanger un maximum. Haut lieu du marchandage, la Plaza chapiteau Flashback. Mercredi 24 février, tard, si tard dans la nuit... : - Une bieére. - Quel genre? - Heu... une Labatt’s tiens!. Labatt’s: sponsor officiel des Jeux Olympiques d’hiver. Un parmi d’autres. Un détail? Voire... Le nom _ vient ~naturellement aux |lévres, démontrant s’il en est encore besoin que chacun a4 Calgary vit a l'heure olympique. Ainsi donc, les J.O. sont partout, sous-jacents, omni- de prés ou de loin 4 cette féte sportive s'incruste . dans_ le quotidien du quidam sans que celui-ci s’en rende nécessaire- ment compte. Ainsi, le - Tu prends quelque chose? présents. Tout ce qui touche - Nuit « Calgary ! Tu comprends P>) noctambule, 4 Calgary, com- ‘mande’ inconsciemment une Labatt’s parce que Labatt’s est partout et a gagné le pari du réflexe conditionné du con- sommateur. Le consommateur? I] s’amu- se. Il ne pense pas, il jouit. Ces soirées, il les a passées dans les boites avec orchestre, écran vidéo, piste de danse et insouciance. Tel cet étudiant: «Habituellement, je passe 6 heures par jour a@ l'Université et je bosse le soir. La, j’oublie tout, je fats la féte. Calgary! les Jeux! Tu comprends? Apres, on verra.» En attendant, il danse. Collé sur son crane, un chapeau truffé de «pins» (ces broches a la gloire olympique) évoque les prairies version Pierre de Coubertin. Plus cowboy que lui, Lucky Luke meurt! Au fond de la salle, lorchestre entonne quelques mesures de musique «Country» .sous les tétes empaillées de deux bisons au regard béta, ormements muraux trés en vogue dans |’Alberta. Et les jambes arquées de s’emméler, les sourires de se dévoiler, et les tapes musclées dans le dos de se multiplier sous les bandero- les «Calgary 88» et au rythme des lettres défilantes dutableau électronique: «Hidy et Howdy (les: mascottes des Jeux) vous souhaitent la bienvenue.» Les J.O.? Un prétexte, un euphorisant, un dopant. Sain, en tout cas. P.R. EER installé par Coca-Cola, ressem- blait 4 un souc Nord-Africain. On y a entendu des messieurs cravatés marchander «deux petits pins contre un gros» avant de s’en retourner fiérement la veste lestée d'une multitude de ces épinglet- tes. Plus loin, le temps d’une photo, on a vu des dames élégantes enfourcher un bison vivant quoiqu’a moitié endormi. Et personne ne s’est fait prier pour signer le plus grand livre du monde qui figurera, nul n’en doute, dans la prochaine édition du livre Guiness des records. Le soir, la cohue s’accentuait avec la remise des médailles. Des milliers de flash se perdaient dans la nuit illuminée par un show laser et l’inévitable feu d’artifice. «On devrait organiser les Jeux tous les ans a plaisanté un Calgarien pris dans la foule. Dans sa voix, il y avait une pointe de regret. P.R. Voila un amateur de pins qui a réussi. Chapeau!