12, Le Soleil de Colombie, 22 Novembre 1974 lenvironnement par André CHOLLAT Re tint % “DE FEUILLE ENSOL,LA VOILA LA JOLIE FEUILLE..’” Qui n’a pas admiré, au moins une fois chaque au- tomne, le poudroiement d’or des feuilles sur une pelouse, le long d’un che- min ou dans un pdaturage: feuilles de peupliers, de bouleaux, de tulipiers ou méme de Ginko Bilota (ar- bre aux quarante écus). Qui n’a le souvenir de 1’o- deur des sous-bois a I’au- tomne, lors de promenades & pas feutrés sur un ma- telas de feuilles mortes, percé ici et la par des champignons mystérieux et colorés. Peut-étre se souvient-on des montagnes de _ feuilles accumulées par le vent et dans lesquelles nous nous roulions en revenant de l’école! Et les grandes feuilles de platanes ou d’érables que nous avons collectionnées et parfois dessinées, les avons-nous oubliées. La Nature se renouvelle chaque année; ce que la vé- gétation a obtenu du sol, elle le retournera par ces feuilles mortes enrichies de soleil. C’est un échange perpétuel influencé par les éléments naturels: le So- leil,- la Pluie et le Vent. Mais nous voila, Humains, soudain, au milieu, avec des idées préconcues d’or- ganisateurs et un manque total d’observation et de jugement ou de bon sens. Avec acharnement, nous sme ON Be BET Ee eee ee ea ee 2 ee poursuivons ces feuilles mortes pour les éliminer: ‘quel désordre, pensez vous donc’’, vous dira toute bonne maftresse de mai- son! Sans souci du dommage a l’air que nous respirons, on brOle A grand’peine (eta- vec l’aide d’un peu de pé- trole) ces feuilles, matié- re organique si nécessaire au bon état du sol. Tandis que l’on accumule dans |’ atmosphére des gaz toxi- ques et que notre ciel s’ assombrit, a cause des particules en suspension dans l’air; nous récupé- rons quelques poignées de cendre seulement, dont la richesse est bien limitée; toute l’énergie accumulée patiemment par le feuilla- ge au cours de 1’éré, éner- gie gratuite qui nous vient du soleil, a fourni la cha- leur inutilement gaspillée d’un feu! Quelques sages ont la pré- sence d’esprit de conser- ver des feuillesenuncom- post, dont le terreau, unan plus tard, fera la fierté de leurs plantations. ll est méme beaucoup plus simple de rassembler ces feuilles autour des rosiers, sur les plate-bandes, au pied des haies et arbres fruitiers, en un paillage protecteur contre le froid, pendant l’hiver. Ilest pos- sible d’enfouir cette ri- chesse organique au prin- ef> coin de office dela langue francaise. vous men direz tant par Louis-Paul Béguin La visite des Goncourt Puisque les académiciens Goncourt sont venus chez nous, je crois qu’il est bon de rappeler certains des candidats et lauréats de ce prix prestigieux.. Les fréres Goncourt publiérent un Journal littéraire inter- minable et fondérent le Prix Goncourt qui devint un des prix les plus presti. - gieux de France. Il y eut, au cours des années, depuis la création de 1l’Académie, bien des disputes, bien des commentaires indignés, bien des articles favora- bles ou défavorables, en ce qui concernait 1’ at.- tribution, pour une année donnée, de ce prix. Ainsi, Paul Léautaud, en 1905, fut sollicité. Ilpréparait, cet- te année-1la, In Memoriam et on voulait savoir si cette oeuvre serait préte au moment de la réunion des académiciens, qui a- vait lieu le 25 décembre. Or, Léautaud n’avait pas fini son travail. Et quiplus est, son chat Boule était malade. Il posa alors la question suivante, qui. se trouve dans son journal: La santé de mon chat Bou- le, ou le prix Goncourt. I] y répondit lui-méme en déclarant: ‘‘Je me moque du Prix Goncourt, en ad- mettant que prix Goncourt il y ait’’. Mais Paul Lé- autaud était ainsi fait, caustique et mordant. Il ne faudrait pas penser que _détracteurs tous les lauréats possi- bles agissaient aussi cava- liérement lorsqu’on les pressentait. : Marcel Proust mit de.son coté Léon Daudet, membre de 1’7Académie et un amia lui, qui fit tout son pos- sible pour faire décerner 4 Proust le prix pour l’an- née 1919, pour’ son livre ‘*‘A l’Ombre des Jeunes Filles en Fleurs’’. Proust en retira une trés grande satisfaction, c’était un honneur | mérité et l’oeu- vre de Proust n’a fait que grandir depuis. Les Gon- court avaient vu juste. Il faut vous dire que cette année-1a, la premiére an- née de paix aprés la Gran- de guerre, un candidat de taille avait été proposé aux dignes académiciens: Ro- land Dorgelés, qui venait de faire paraftre 1l’admi- rable ‘‘Les Croix de Bois’’ Malgré cela, l’oeuvre plus pacifique de Proust l’em- porta. L’indignation de certains critiques, qui.n’ aimaient pas du tout le style lourd de Proust fut grande. Léon Daudet leur répondit, en mars 1920, en disant que la colére des du prix l’a- vait bien amusé. La Grande Colette ‘avait eu son livre ‘‘La Vaga- bonde’’ en lice pour le prix Goncourt, mais elle ne l’obtint pas. Je ne me rappelle plus qui l’empor- ta 4 sa place, mais ce que je sais, c’est que Colette prit sa revanche. Elle fut nommée membre de l’A- cademie Goncourt le 2 mai 1945. André Billy lui consacra un article élo- gieux 4 ce sujet, dans le- quel il écrivait que Colet- te était la plus grande ar- tiste litteraire qui ait ja- mais existé. Colette, cha- que mois, se rendait au restaurant Drouant pour le repas traditionnel mais, de plus en plus, la maladie ra- lentissait ses mouvements et bientOot, clouée au litpar l’arthrite de la hanche, elle ne put se rendre aux réu- nions de l’Académie dont son cher ami Francis Car- co était membre lui aussi. Ainsi, l?’Académie Gon- court est venue nous visi- ter. A.ce sujet, je ne peux que m’indigner des propos grossiers de certains de nos écrivains. On n’insul- te pas, engénéral, des gens qui viennent nous voir en toute amitié. Se conduisent ainsi ceux quine savent pas vivre et quiont la grossié- reté A la bouche, & propos de tout. Destructeurs, complexés, ignorants, ils sont, dans le fond, sans im- portance, et comme le dit le secrétaire de l’Acadé- mie Goncourt, cette’ der- niére en a vu d’autres. Les chiens aboient, la caravane passe. - pour activer la décomposi- tion. (Vous pouvez enfouir ces. feuilles 4 l’automne et ajouter l’azote au prin- temps, le résultat sera le méme). Vous obtiendrez un sol humifére, riche et léger, bien drainé quoique gardant bien I’humidité; fleurs cect légumes seront abondants et sains; arbres et arbustes seront vigou- reux et résistants aux maladies. { tuyau arriére Les feuilles facilement décomposables (bouleaux, ormes, peupliers, ceri- siers, érables du Japon ou érables champétres, sau- les pleureurs, etc. ..)peu- vent méme se décomposer sur votre gazon sans dan- ger d’abimer la pelouse; un peu.d’azote et un bon ra- tissage au printemps vous élimineront toute trace tout en donnant au gazon~ un traitement aussi profitable qu’un cofteux tereautage (top-soil). Pourquoi donc se compli- quer l’existence et se mul- tiplier la tache tout entor- turant la nature, quand il est si Simple de ‘‘farnien- ter’’. . .de faire la sieste si vous préférez. ..! Semaine prochaine: Les © lauriers sont coupés. .. le collecteur d’échappement ae