Le Moustique par les Ditidaths au sud de Bamfield et les Pacheedahts a Port Renfrew ; enfin le makah parlé dans |’état de Washington par les T/'aa-as-ath tels que les nomment les Nuu-chah-nulths ou Kw‘idishch-aa-tx tels quiils se dénomment eux-mémes. Voila, tu as compris ? — Non! — Ca ne fait rien. Les Ditidaths parlent le nitinaht parce que nitinath cela veut dire ditidath avec l’accent nuu-chah-nulth du nord. Quant au makah, c’est le nom donné a la langue des Kw'idishch-aa-tx par les nations Salishs qui vivent plus a lest et qui, eux, parlent une langue appartenant a une tout autre famille. C’est assez simple en fin de compte. _— { — Les Nuu-chah-nulths du Nord se comprennent tous entre eux, mais se moqueront volontiers d’un Tseshaht, au nord de Bambield, parce qu’il parle trop vite ou d’un Mowachaht, a Yuquot, sur rile Nootka, pour sa voix trainante. Par contre, ils comprendront moins bien quelqu’un parler le nitinath ou le makah. Entre ces derniers, le makah, plus guttural, serait pour le nitinath ce que le néerlandais de Hollande est pour celui de Belgique. — Bon, ca va! Ca suffit! Je me contenterais de retenir que les Nuu- chah-nulths parlent le nuu-chah-nulth avec quelques variations locales. Je m’en tiendrais a cela pour l’instant. — Cela me rappelle une vieille histoire que personne n’a jamais trouvée drdle. Je m’étais lié d’amitié avec un Boer d'Afrique du Sud qui se demandait quelle pouvait étre lorigine de sa langue maternelle. Je lui avais dit que l'afrikaans, avec le rejet du verbe a la fin de la phrase, était typiquement une langue germanique ; comme |'allemand dailleurs. Si de cette derniére langue, lon s’amusait a supprimer toutes les déclinaisons, qu’on en pronongait mal les mots et changeait leur orthographe, on obtenait le néerlandais. Si, en plus, l'on se mettait a parler le néerlandais avec un accent trés fort en martyrisant a la fois la syntaxe et la grammaire et en faisant fi de toute orthographe, on obtenait le flamand. Enfin, si du flamand, on en éliminait la grammaire, que l'on en coupait tous les mots en deux pour en remplacer, quelques fois, le vide par une ou deux svilabes tirées de l’analais. Volume5 - % édition ISSN 1496-8304 alors, on parlait l’afrikaans. — Oui! Et alors ? — Ce Sud-africain ne m’a plus jamais adressé la parole. — Je me demande parfois pourquoi tu ne t’es jamais lancé dans la diplomatie. — Je crois que cela ne m’aurait pas plu. — Je crois, surtout, que cela n’aurait pas plu aux autres. Bien qu'on sorte a présent de la réserve, je me retiens de sortir de la mienne. Le sentier, au bord d'une falaise abrupte, surplombe l’estran rocheux et la mer au loin. L’eau qui recouvre encore la roche en larges flaques ternes et beiges, ne réfléchit pas plus de lumiére que le grés brun- pale, presque aussi uniformément plat. L’océan, dans des tons tristes de grége, se perd dans un ciel a peine plus clair. Il pleuvine sans conviction aucune, rendant cependant lair @pais, tout alourdi d’humidité grassement saline. — Les Nuu-chah-nulths forment donc une entité clairement définie par. la linguistique et, sur le plan culturel, se différencient quelque peu des Kwakwaka’wakw, leurs voisins du nord- est, dont la langue, le kwagiutl, forme avec le nuu-chah-nulth le grand groupe des langues wakashiennes. — Je pensais qu'on ne parlerait plus de cela. — Je sais que le sentier de la céte-ouest est particuligrement prisé par les touts grands sportifs. Ce n’est pas, a mon avis, une raison suffisante pour le parcourir en un temps record sans se soucier en aucune maniére de la beauté du paysage, de sa physiographie, sa faune et sa flore et surtout des gens qui y vivent, en plus de leur culture. Rappelle- toi le « Mens sana in corpore sano » ! — Es-tu certain que le chocolat dont tu te bourres et qui semble te maintenir en vie, n'est pas une drogue un peu incompatible avec ton « corpore sano » ? — Tout est une question de mesure et d’équilibre. Le morceau de chocolat que tu m’as donné était certainement assez petit pour ne pas paraitre excessif. — Je n’en ai plus de toute facon. —Sais-tu dou vient le mot « wakashien » ? — Je suppose que tu me lexpliqueras, méme si je dis oui. — Tu ne diras pas oui, car je suis certain que tu ne sais pas. Septembre 2002 — Et bien si ! Je le sais ! Quand le capitaine Cook a débarqué sur lle de Nootka en 1778, il a remarqué que les autochtones utilisaient fréquemment le mot « Wakash! Wakash!» qui est semble-t-il une marque cordiale d’'approbation. Du coup, il a suggéré qu’on appelle ces gens des « Wakashiens ». —C’est comme si on se_ décidait d’appeler les Américains des « OKéyens ». — OU as-tu appris cette histoire ? — Ce nest pas le Capitaine Cook lui-méme qui me ‘la rapportée; c'est toi qui m’as raconté cette histoire hier soir. C’était seulement la troisieme fois que tu me la contais. — Et bien ! Ceci semble indiquer que je n’ai jamais cessé de te donner une bonne éducation. Jean-Jacques Lefebvre A suivre dans le prochain Moustique ! Rencontre des Aine(e)s Veuillez noter que Les rencontres des Ainé(e)s n’auront lieu ni en septembre, ni en octobre. Les activités reprendront en novembre. Merci de votre compréhension. Au plaisir de vous revoir. Marie Robillard Yvette Gould