Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 10 mars 1995 - 2 Ily adeux ans, avant que les indiens du Chiapas aient commencé a devenir la une de nos journaux, ma femme et moi nous trouvions dans 1’un des cars dilapidés que seuls les Mexicains et les touristes assoiffés de couleurs locales osent prendre. Nous venions de passer quelques jours 4 Oaxaca, une ville importante des hauts plateaux du Mexique central, 4 une heure de vol au sud de Mexico, et nous nous dingions vers Puerto Escondido pour y finir nos vacances. Le jour précédent, nous avions observé une manifestation d’étudiants, mais dans le restaurant touristique ot nous étions, il était trés difficile d’obtenir beaucoup d’informations sur la raison d’étre de ce défilé. Ce genre de choses n’était pas censé intéresser les touristes. Comme nous sortions de la ville, le bus se vit arréter par un groupe de manifestants. Deux d’ entre eux montérent a bord. L’un distrbuait des prospectus, l’autre faisait la quéte. Je fus surpris de la générosité des gens qui étaient pauvres pour la plupart. J’ai pris mon prospectus et j’ai commencé a traduire pourma femme. En voyant mon intérét, mon voisin m’offrit de m’expliquer la situation plus en détails. Voici ce que j’ai appris. Sous légide de 1A.L.E.N.A., de nombreuses multinationales viennent s’installer Le sort des indiens Chiapas au Mexique dans les plateaux. Elles peuvent y trouver la-bas des terrains qu’ils achétent du gouvernement par Vintermédiaire de bureaucrates corrompus. Ces terrains sont occupés depuis des millénaires par des populations indiennes qu’il faut déplacer. Ces Indiens, bien sfr, n’ont aucun titre légal a la terre, et puisque peu d’entre eux parlent espagnol, ils ne représentent pas un gros probléme pour ces entreprises. En perdant leurs terres, ces fermiers perdent leur moyen de survie. De plus, comme ils sont trés attachés a la terre, ils n’émigrent pas. Tant mieux, ils n’en feront que de meilleurs ouvriers pour les . nouvelles usines, leurs plaintes ne seront pas entendues. Onn'aura méme pas besoin de leur payer le salaire minimum qui était en 1992 de cinq dollars par jour. Ces plateaux sont tellement isolés que personne ne viendra voir si les conventions internationales sur les droits de la personne ou le respect de l’environnement sont respectées. En fait, une propo- sition bien alléchante pour des hommes d’ affaires sans scrupules. Quand les Chiapas se sont révoltés, je n’ai pas été surpris. Malheureusement, quand les médias ne nous ont pas raconté leur histoire, jen’ ai pas été surpris non plus. Gérard Rafinon ETTE TRIBUNE LIBRE VOUS APPARTIENT Qu’ adviendra-t-il du Québec si le Canada se sépare? Jene pourrais pas exagérer la passion avec laquelle j’espére que tous les francophones de la Colombie-Britannique parlent aux individus séparatistes du Québec, s’ils en connaissent, et les encouragent a rester comme Québécois dans un Canada complet et fortement uni. Il n’est pas seulement question de ce que perdra la francophonie canadienne hors Québec si le pays se fracture : les - provinces et les territoires d’un «leftover Canada» ne pourront pas protéger leurs francophones contre une rancoeur générale, et on dira adieu au bilinguisme officiel. Jepense aussi ace que perdrontles Québécois qui resteront au Québec. Je ne voudrais pas qu’ils s’en aillent seuls vers un futur qui risque de leur faire perdre beaucoup plus qu’ils ne peuvent achever, et qu’ils n’ont déja achevé, comme membres d’une Fédération canadienne. Certaines pertes seraient, par exemple : - deux petits pays en désordre au lieu d’un grand pays qui sait accommoder ses différences n’inspireront pas leméme respect de la communauté internationale. Ni Vun ni l’autre ne serait assez fort pour étre regu comme membre du groupe des sept, dont le Canada est membre, qui dinigentles orientations économiques internationales; - nous perdrions tous la possibilité de voyager librement comme Canadiens d’un océan a Vautre et au troisiéme 4 travers le Canada, en plus de perdre l'accés au troisiéme que constitue l'Arctique; - une déclaration d’indépendance québécoise fondée surlevote de 50% +1 des Québécois serait de voler tout un pays a sept huitiémes de Canadiens, y compris naturellement les Québécois qui ne votent pas pour |’indépendance; - ily auraittrés probablement des désordres économiques, surtout au Québec, en plus dudésordre social provoqué par |’injustice d’un procés dit «démocratique» qui ne l’est pas. On devrait demander au moins aux francophones hors Québec de participer au oui ou non du référendum. : La révolution au Québec, commencée aprés Duplessis,n’a pas été facile. Il y a des Québécois qui ressentent encore de profondes humiliations imposées insensiblement par des Anglais au passé, et ils veulent s’en défaire, naturellement. Le Parti québécois, il est évident, a beaucoup aidé les Québécois a devenir plus forts d’esprit, - comme ils le montrent chaque jour - , et aucun Anglais, aujourd'hui, ne tiendrait encore a quelque illusion de supériorité. Les Anglais ne sont plus anglais, les Québécois ne sont plus francais, tout le monde au Canada est canadien, parlant une langue ou Vautre. Le Canada est en pleine voie d’évolution, le bilinguisme fédéral vaut la peine d’étre assuré. Il y a possibilité que la mention de la monarchie anglaise soit bientét éliminée des documents officiels. Comme membre d’un Canada complet, les Québécois ont su devenir maitres chez eux en ce qui conceme la langue frangaise et la culture québécoise du nouveau monde. Le succés, c’est enivrant. Il est sans doute difficile de savoir ol _ s’arréter avant que le pays ne se fractionne. Les péquistes et les bloquistes sont 4 remercier de nous avoir tous réveillés. Mais se priver d’un grand pays qui est déja le sien? Anna Marie Clafton Le Soleil a besoin de votre talent! Vous pensez avoir letempérament d'un ou d'une journaliste? Le Soleil a besoin de vous! Nous sommes actuellement ala recherche de collaborateurs et collaboratrices bénévoles pour nous seconder dans la redaction d'articles, de chroniques, etc. N'hésitez pas acontacter Héléne au 730-9575 TAS PAS DRAISONS DE TINQUDIETER /.. ‘Le Soleil Président-directeur : Jacques Baillaut Rédactrice en chef : Héléne Peronny Infographisme : Suzanne Bélanger Maher, Jean-Claude Pitre, Andrew Peterson. Correcteur: Vincent Vézina. Tél : (604) 730-9575. 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