spear vee Fnmapases be ; : i : : - : ' ; : Arts et Spectacles 1] Les Francofolies de Vancouver _ Du 20 au 29 septembre 1991, la culture francophone sera a la féte avec les premiéres Francofolies de Vancouver. A lorigine de cet événement: Régis Painchaud, un producteur indépendant qui n‘a pas peur de voir les choses en grand. Regis Painchaud: "La culture francophone est capable d'étre un leader" Le Soleil de Colombie: - Comment vous est venue l’idée des Francofolies de Vancouver? Régis Painchaud: - J’ai toujours aimé prendre de grands événements, qui investissent un lieu. De plus, j’ai tiré un certain nombre de lecons du spectacle Vigneault. En regroupant des artistes, on réa- lise des économies d’échelle, par exemple sur les billets d’avion ou les placements publicitaires. Le risque financier, que je supporte, est donc moindre. Parallélement, il y avait aussi les Francofolies de Montréal,45 spectacles pendant dix jours. Seulement, je désirais adap- ter le concept de Montréal, aller plus en profondeur, avec pas uni- quement de la musique mais aussi de la parole, de la poésie, de la féte. - C’est un programme am- bitieux. _- Trés ambitieux. Mais je pars avec une idée pour cing ans, avec la volonté de dépasser la question nationale, de toucher la Francophonie en entier. Cette an- née, on ira peut-étre en Europe et les artistes viendront plutot de l'Est, mais Vidée est d’avoir, chaque année, un volet plus centré sur une partie de la Francophonie, un volet Afrique ou Asie par exemple. - Quel est le public visé? - Je compte attirer un audi- toire trés varié. Il y ades spectacles qui marcheront plutét cété anglo- phone comme «L’ ou 'l», et puis il y en a d’autres ot les Francopho- nes seront majoritaires. Enfin, il y a quelqu’un comme Richard Des- jardins qui va rassembler les deux communautés. - Pour le financement, fai- tes-vous appel aux commanditai- res Ou aux subventions? - Je m’adresse au secteur privé car la décision est instanta- née, iln’y a pas de probléme idéo- logique, ni de débat, donc aucune perte de temps. Pour Vigneault, les commanditaires avaient appor- t€15000$. Pour les Francofolies, il m’en faut 42000. - Est-ce qu’il est difficile de trouver, a Vancouver, des sponsors pour un événement francophone? - Pas véritablement. Ce qui intéresse les gens, c’est la qualité. Je ne sens aucune réticence par rapport au phénoméne québécois ou au probléme politique national. Mais je spécifie toujours que ce n’est pas un événement ghetto, c’est essentiel qu’il y ait une ouverture. Vancouver est une ville en pleine mutation, il y a des gens qui vien- nent de partout, des gens qui sont trés ouverts, c’est un terrain avec un potentiel énorme. Seulement, il n’y a pas de lieu pour de véritables échanges. Le tissu culturel est for- mé de petits noyaux, de cellules autonomes, sans véritable jonction pour le développement d’une cul- ture nationale. Reste que les cho- ses sont en train de changer. Des événements comme Le Fringe, les festivals du cinéma et de jazz qui sont partis de rien et connaissent, aujourd’hui, un formidable déve- loppement, commencent a donner une personnalité culturelle a Van- couver. Et a travers ce processus, la culture francophone est capable d’étre un leader a cause de sa vita- lité. Propos recueillis par Francois Limoge André Duchéne. secret. déterminée. Les spectacles: un apercu des rejouissances Sile programme n’est pas totalement bouclé, on peut d’ores et déja donner quelques noms pour ces premiéres Francofolies de Vancouver dont la grande particularité sera de décliner la Francophonie sur tous les arts. En premier licu, le cinéma, avec cing programmes ala Cinémathéque dont un qui s'adresse aux enfants. Parmi les longs métrages annoncés, «Trois pommes a cété du som- meil», le film de Jacques Leduc quia regu le prix de lacritique québécoise. L’astrophysicicn Hubert Reeves, qui joue dans ce film, devrait étre 4 Vancouver. De la musique contempo- raine également avec «L’ ou 'l», piéce pour quatuor créée par a C6té poésic, a l’occasion du centenaire de la mort de Rimbaud, et en collaboration avec I’ Alliance frangaise, Jean- Louis Caillat chantera le potte. A citer aussi, la venue du théatre Zef (avec ses marionneltcs géantes) qui interprétera le conte de Gilles Vigncault, «Les quatre saisons de Picot». Parmi les vedcttes de la chanson qui scront présentes, Ri- chard Desjardins qui multiplic actuellement les succés. Par ailleurs, pour le 21 septembre, jour de la pleine lune, on nous promet un événement trés spécial, mais encore Enfin, les spectacles auront licu au Playhouse, a l’Or- pheum et dans unc troisi¢me salle qui n'a pas encore été (Bs Un producteur qui réve en grand L’*homme est aux antipodes de l’image traditionnelle du pro- ducteur de spectacles. Pas de gros cigare, ni de bureau a la moquette épaisse. Régis Painchaud travaille chez lui. Ses outils: un ordinateur, un téléphone et surtout un grand cahier a couverture cartonnée ou il écrit réflexions et idées. Plus qu’un choix, cette économie de moyens est, selon lui, une nécessité: « Tous les producteurs indépendants tra- vaillent comme cela. C’ est le seul moyen de survivre » Et puis, il tire un bilan plus que mitigé de son passage dans une organisation trés structurée, en l’occurence le Centre culturel fran- cophone de Vancouver qu’ il a diri- gé de 1986 a 1988: « Si je garde un trés bon souvenir des deux ans et demi passés a la téte du centre - il y avait une bonne équipe et c’ était un lieu plutét dynamique -, en re- vanche je reste trés amer sur la facon dont cela s’ est terminé. J’ ai été refroidi sur les dirigeants de la Francophonie .» : Dés lors, de retour a ses premiers amours, la production, Le Soleil de Colombie Régis Painchaud n’a pas perdu pour autant toutes ses illusions sur la viabilité de la culture francophone. Bien qu’il ait franchi la quaran- taine, cet ancien directeur du Con- ventum de Montréal demeure, en effet, un grand réveur aux songes disproportionnés. Seulement, Ré- gis Painchaud a de la suite dans les idées. Exemple de cette belle te- nacité: le spectacle Vigneault. Alors directeur du Centre culturel, il imagine de faire venir le chanteur québecois pour l’ouvegure d’un projet qui lui tient 4 coeur: la‘cons- truction d’une Maison de la Fran- cophonie. Mais le concept Maison de la Francophonie va soudaine- ment changer de visage et Régis Painchaud va perdre son poste. L’idée d’un spectacle Vi- gneault ne lui est pas pour autant sortie de l’esprit. Et deux ans plus tard, 1714 personnes acclament, a l’Orpheum, le poéte de Natash- quan: « I n’y avait jamais eu au- tant de monde pour un artiste fran- -cophone, a Vancouver .» Laraison du succés parait d’une simplicité — biblique: «Les gens veulent des spectacles de qualité..» Pas question, cependant, pour Régis Painchaud d’étre « un agent artistique du Québec « Le pari que je fais avec mes specta- cles, c'est de développer par la bande , la communauté franco-co- lombienne .» Et pour illustrer son propos, il donne I’exemple des Echos du Pacifique: «Lorsque je les ai contactés, les batteries étaient un peu @ plat. Leur participation au Spectacle de Vigneault leur a apporté une véritable bouffée d' air frais. Ils sont passés de 24 a 70 membres et la générale n'a duré que trois heures au lieu de quatre tellement ils s’ étaient bien prépa- rés » Qualité, ouverture d’ esprit - «pas d' événement guetto» - etim- plication des talents locaux - «ce ne doit pas étre un patchwork mais une véritable osmose ,» Régis Pain- chaud compte sur ce tiercé gagnant pour assurer le succés des Franco- folies. Un dernier réve de bien belle envergure. Francois Limoge Vendredi 12 avril 1991