‘dit de lintérieur. 12 Le Soleil de Colombie, Vendredi 4 Novembre 1977 L’Acadie d’Antonine Maillet par Jacques Ferron Il y a des auteurs qui partent de haut, déclinent vite et s‘arrétent aprés deux ou trois livres, c'est quiils n’ont pas d’autre sujet qu’eux-mémes, tan- dis qu'il y en a d’autres qui, aprés des débuts modestes, deviennent des écrivains considérables, telle Madame Antonine Maillet. Dans un premier roman paru en 1957, Pointe-aux-Cocques, el- le n’était pas sortie d’elle- méme et s‘identifiait 4 une et l'autre au lieu d’étre un apercu furtif d’une année environ, part de l'empremier, d’aussi loin que peut remonter la tra- dition orale, d'un siécle et plus, soit de l’origine du village. Et l’auteur, en le pénétrant, s‘est fondu dans le sujet, se conten- tant d’interroger les porte- parole du lieu, les conteux, discoureux, radoteux, dé- chifreteux de parenté, et de donner une cohérence a cette voix multiple et LES CORDES-DE-BOIS yn OTK GNG Onine Males petite institutrice, ravie de découvrir le village aca- dien, de participer a ses fétes, mais comme invitée, et qui le décrivait correcte- ment, mais par le dehors, et cela donnait un récit aimable, assez mince, fait d'une succession de ta- bleaux dont I’intérét tenait moins a la facon de I’au- teur qu’au pittoresque du sujet. Dans les Cordes- de-Bois, le sujet reste le méme, un village acadien de la céte, face au golfe, mais dans une toute autre perspective, non plus ob- servé de |'extérieur, mais Ce qui en change le style et la durée: l'un, cessant d’étre narratif, devient discours, populaire. Les contrastes et les conflits permettent aux - personnages ~ de s‘identifier les uns par rapport aux autres, de se suffire et de former une entité qui peut se passer du reste du monde pour la bonne raison que dans ce lieu fermé, petit, le vaste monde est captivé, si pré- caire que soit le lieu. Leur dispersion a ébran- lé & jamais l’univers des Acadiens et ce qu’ils ap- pellent |l’empremier lui est postérieur, marquant leur retour dans les maritimes, sur une céte tournée vers le golfe, encore inoccupée, et dont la possession leur reste incertaine. Dans le bois qu'il exportera, l’été, “LE CADRAN DES SON- GES”, recueil de poémes, en vers traditionnels, de M. Roger Dufrane, est en vente a la librairie francaise Le Bouquineur, 1222, rue Rob- son, 4 Vancouver. Bek PHILATELIE Le Chapitre International du Nord-Ouest de |’Associa- tion américaine des négo- ciants en timbres, tiendra sa cinquiéme exposition et™ bourse annuelle du timbre- poste, les 11,12 et 13 novem- bre, dans la salle de bal du Sheraton-Landmark, 1400. rue Robson, a Vancouver, C.B. Vingt-huit négociants y prendront part. Il y aura des tirages, chaque heure, et un grand prix: un voyage aller- retour 4 Impex Portland 78 ou Impex Seattlle 78, au choix du gagnant. L’entrée est gratuite. A partir de 10h du matin, le vendredi et le samedi; et a partir de midi, le dimanche. cas des Cordes-de-Bois qui ont leur quartier sur une butte au-dessus du village du Pont et n’en sont pas délogées par Mac Farlane qui y entrepose le par les bateaux qui vien- dront le charger 4 son quai, cela tient au fait que leur ancétre, un matelot en rupture _d’équipage, nommé Mercenaire, s’‘y était établi avant que Mac Farlane n’en obtienne la propriété en bonne et due forme, sur papier timbré, ce qui crée une situation qui ne laisse pas d’étre conflictuelle, mais qui perdure; les Mercenaires gardent leurs cabanes au milieu des billots et des madriers de Mac Farlane, et cela, joint au fait qu’ils forment une engeance particuliére qui n’entre pas dans les cadres de la paroisse, leur vaudra le surnom de Cordes-de- Bois, qui donne son titre rations, ces Mercenaires ne sont plus que des filles, . la Piroune et ses tantes, Zélica, Barbe, Patience, puis la Bessoune, fille de la Péroune, qui a de la vie pour deux comme le dit son nom, une étoile au derriére, et qui, fille de matelot, deviendra la reine des Corde-de-Bois, |’an- tagoniste de Ma-tante-la- Veuve qui s‘impose au village par tous ses neveux bien - pensants et bons Paroissiens, au moins en principe, mais aussi che- napans que peuvent étre candides les gens de la butte, selon le chassé- croisé des saints Evangiles ou. les meilleurs sont les pires et les pires les meil- leurs pour l’embarras des uns et des autres. Et la mer sert de réactif, pour- voyeuse de liberté, de désordre et de vie, chérie par la Bessounne, dé- testée par Ma-tante-la- Veuve. Peu & peu, Madame Maillet y mettant le pouce, la balance penchera du cété des Cordes-de-Bois. Au clan des Mercenaires se sont ajoutés les margi- naux, contrebandiers, fai- néants et artistes des alen- tours. Puis viendra le p'tit vicaire qui, au grand scan- dale des paroissiens, pen- chera du coété de la butte et du quai. Dénoncé a l'évéché, deux ans se pas- seront avant qu'il ne soit rappelé et envoyé a Rome. Quand il partira, le dé- sespoir de la Bessounne éclatera; elle se jettera trois fois 4 la mer et trois fois elle sera sauvée par un survenant comme son ancétre, irlandais cette fois, et consolée, semble- t-il. Et la fin du livre en raméne le commence- ment, ce qui est une fagon de rassurer le lecteur sur la pérennité du monde, sinon de |'Acadie. C’est a la fin, de plus, que la vente des pauvres a l’encan mar- que la victoire des Cordes- de-Bois sur Ma-tante-la- Veuve et les bonnes fa- milles. A cette époque durant les années trente, ceux qu'on appelait les abandonnés du Bon Dieu, les orphelins, les Vieil- lards impotents et. sans famille, étaient a la charge de la paroisse. Chaque année, un encan avait lieu sur le perron de I'église, un encan qui se faisait a l'envers, oW ces pauvres étaient livrés aux soins des plus bas enchéris- seurs. On appelait ca les mettre sur Ja charité. Eh bien! cette année-la, les plus bas enchérisseurs seront les Cordes-de- Bois: ils les prendront pour rien. C'est sur cette note plus romanesque que réaliste, mais trés chrétienne, que s‘achéve le beau livre de Madame Antonine Mail- - let, paru chez Leméac. Voyante et conseillére MADAME CLARA Européenne douée du talent de voyance et conseillére: les cartes du Tarot, lecture des mains et de l’esprit. 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