42 Education: «Enjeu National»-Volume Ill, Semaine du 2 avril 1990 Accés au postsecondaire De nouveaux concepts a explorer par Aline Taillefert es jeunes Acadiens et Canadiens frangais en milieux minoritaires fréquentent moins les établissements collégiaux et uni- versitaires que leurs compatrio- tes canadiens anglais du méme age. En Ontario, les chercheurs Churchill, Quazi et Frenette soulignaient en 1985 que les Franco-Ontariens ont en moyenne, 50 pour cent moins de chances que le reste de ia popu- lation de participer 4 un pro- gramme d’études universitaires de premier cycle 4 plein temps. De son cété, la Fédération des jeunes francophones du Nou- veau-Brunswick, dans une en- quéte publiée en 1987, concluait que la différence entre les taux de participation de chaque communauté officielle était si- gnificative, avec un avantage marqué chez les jeunes anglo- phones. Une telle situation chez les deux minorités les plus larges en nombre au Canada, laisse peu de place 4 l’optimisme pour les communautés officielles mino- ritaires des sept autres provin- ces et des deux territoires. Face a une telle réalité, il faut trouver des solutions. Il va de soi qu’il faut encourager les jeunes Acadiens et Canadiens francais minoritaires 4 poursui- vre leur formation scolaire dans les établissements postsecondai- res de coeur et de culture fran- caise. Les études postsecondai- res sont la clef de votite du déve- loppement économique au Ca- nada. Dans cette mesure, il faut augmenter l’accés aux études postsecondaires chez les jeunes Acadiens et Canadiens francais afin qu’ils participent davantage au développement de leur com- munauté. Ajoutons que 1’amé- lioration du niveau de scolarité des Acadiens et des Canadiens. frangais aura une incidence considérable par rapport 4 une plus grande prestation de servi- ces en frangais. Elle agira sur le dynamisme économique de nos communautés et favorisera la création d’espaces de travail de langue francaise. Facteurs a considérer Pour élaborer des solutions, il faut faire la lumiére sur les difficultés que rencontrent les jeunes Acadiens et Canadiens frangais. L’accés au postsecon- daire en francais est défini a partir de son sens premier, a savoir: la possibilité d’étre admis au postsecondaire en francais au Canada. Deux genres de fac- teurs sont 4 considérer, soit des facteurs physiques et des fac- teurs comportementaux. Dans le cadre d’une étude portant sur l’opinion des jeunes Acadiens et Canadiens francais sur l’accés au postsecondaire en francais, la Fédération des jeu- nes Canadiens francais élabore sur les deux facteurs de la fagon suivante. Les facteurs physiques sont: l’existence ou non d’un systéme scolaire francais de la matemelle au postsecondaire; les distances géographiques entre le lieu de résidence du jeune Canadien de culture et de langue francaise et le lieu de 1’établis- sement postsecondaire francais le plus prés; l’aide financiére accessible aux étudiants; et la disponibilité ou non-disponibi- lité de programmes en frang¢ais langue premiére au niveau des études supérieures. Les facteurs comportemen- taux quant a eux relévent de différentes influences psycho- sociales. Il s’agit, par exemple, des influences positives ou non a vouloir poursuivre des études postsecondaires en frangais. De fait, la motivation varie en fonc- tion de l’opinion qu’on se fait celles qui veulent: lEvangile L’Université Saint-Paul Un siécle a transmettre l’expérience de Dieu NOTRE PASSE GARANT DE VOTRE AVENIR \ Depuis 100 ans, l’Université Saint-Paul poursuit son travail de formation au sein du peuple de Dieu et offre un large éventail de cours a tous ceux et ® explorer les questions fondamentales de la destinée humaine ® approfondir la connaissance de la société moderne a la lumiére de e s‘initier aux théories de la communication et se familiariser avec les médias modernes (télé, radio, cinéma, audio-visuel) © animer, améliorer et transformer les milieux de vie e se préparer a assumer des fonctions pastorales dans l’Eglise. L'Université Saint-Paul offre des cours et des sessions conduisant 4 des degrés universitaires en théologie, études pastorales, counseling individuel et matrimonial, droit canonique, sciences de la mission, communications sociales, animation. Bureau du regi Renseignements: b\\, straire, Université Saint-Paul, 223 rue Main Ottawa K1S 1C4 Canada (613) 236.1393 sur la pertinence de poursuivre ses études en francais au-dela du secondaire. La Fédération des francophones hors Québec va plus loin en affirmant que le probléme fondamental a résou- dre concerne le comportement vision nationale, a tous ces ni- veaux. La décision de poursuivre des études postsecondaires en fran- - gais dépend d’une action qui doit étre globale. Nos chefs de file acadiens et canadiens francais des éléves au cours des program- mes précédant l’entrée a 1’ uni- versité ou au collége, car dés la 8e ou la 9e année, l’éléve a déja pris une décision par rapport a ses études. Parmi les solutions a mettre en place ici, il faut sensibiliser nos communautés, les parents, les enseignants du primaire et du secondaire, les conseillers en orientation et les commissaires scolaires 4 l’importance d’en- courager les jeunes 4 poursuivre leurs études au postsecondaire en frangais. Une vision nationale Nos établissements postse- condaires ont également un réle primordial a jouer. Il faut abso- lument que ces établissements visent les écoles secondaires francaises afin de recruter de fagon assidue les jeunes du Canada francais d’un océan a l’autre. Il faut créer une vision nationale de 1’éducation postse- condaire. Entre autres, cela ré- soudrait le probléme de 1’ accré- ditation de cours d’un établisse- ment postsecondaire franco- phone 4 un autre, facilitant la poursuite des études des jeunes Acadiens et Canadiens francais d’un établissement a1’autre sans avoir 4 recommencer des cours déja accrédités dans un premier - établissement. Nos établissements postse- condaires doivent étre entiére- ‘ment associés a toutes les facet- tes de la vie de nos communau- tés. Ils doivent étre des lieux de rassemblement pour les divers organismes de la communauté, autant pour les jeunes que pour les moins jeunes. Les établisse- ments postsecondaires francais de coeur et de culture doivent - répondre 4 deux éléments d’im- portance en faveur de nos com- munautés: pourvoir a leurs be- soins socio-économiques et culturels et étre gérés par celles- ci. Nous devons pousser la ré- flexion en vue de réaliser cette doivent favoriser l’attrait du postsecondaire francophone. De nouveaux établissements post- secondaires francais de coeur et de culture doivent voir le jour et s’inspirer des projets de 1’Uni- versité de 1’Ontario francais et des colléges homogénes fran- cais dans le nord et le sud de cette province. Il faut également appuyer les démarches de Fran- cophonie Jeunesse de 1’ Alberta pour la création d’un collége communautaire de ]’Ouest ca- nadien. La citation d’un militant étu- diant franco-ontarien peut bien résumer le r6le que la jeunesse étudiante acadienne et cana- dienne francaise joue pour améliorer le sort de la franco- phonie canadienne en facilitant l’accés au postsecondaire: «Souvent nous demandons- nous en tant qu’étudiants a quoi il nous sert de discuter de ces choses, étant donné que nos maigres ressources en lobbying politique ne nous permettent pas d’influencer. S’il est vrai qu’en nombre et en argent nous n’avons guére d’influence, il en est autrement au niveau des idées... Tous les progrés dans le discours politique sont le résul- tat, ni plus ni moins, dela propa- gation d’idées nouvelles. Or, ¢a ne coite rien (en dollars cana- diens du moins) de proposer de nouvelles idées et de les rendre bruyantes. Grace 4 nos ressour- ces intellectuelles, nos biblio- théques, nos recherches, etc., l’influence que nous pouvons avoir est 41a base du processus de changement social en tant que colporteurs de concepts nouveaux.»(1) Aline Taillefert est présidente de la Fédération des jeunes Canadiens francais. (1) Christian Hyde (ex-président de la Fédération étudiante de l'Université d’Ottawa), lors de la premiére rencon- tre nationale des associations étudian- tes acadiennes et canadiennes francai- ses minoritaires, en avril 1989.