_Arts et Spectacles 13 Le VSO nouveau est L’orchestre symphonique de Vancouver (VSO), grace a quelques responsables dévoués, est bien reparti. La premiére res- ponsable en est Mile Diane Hoare, présidente de l’orchestre. Admi- nistratrice remarquable, charmante et fort compétente qui a su redon- her une gestion saine aux mélo- Manes vanvouvérois. Le déficit est ramené a 5%, les musiciens jouent sans souci financier... Il fallait aussi un chef d’or- chestre et des programmes inté- ressants. Le VSO a préféré choi- Sir un chef européen de renom, et j’attendais, intéressé, le premier concert de Sergiu Comissiona, Roumain qui dirige le Philharmo- nique de Helsinki et la Sympho- nie de Jérusalem. II était regretta- ble qu’a cette occasion frous-frous, champagne et lieutenant-gouver- neur David Lam, on avait choisi un tel programme, partagé avec une gentille petite violoniste (je reviendrai 1a-dessus). Ah, ce programme! Jean Cooulthard (Mosaique : Canada) a pour elle qu’elle est Vancouvé- roise... Les sonorités vides, les fortissimi... Vivement que M. Comissiona entende d’autres _ compositeurs de chez nous, qui n’ont pas épousé la ligne anti- mélodique. Leila Josefowicz a treize ans, c’est une Canadienne... qui n’aurait jamais di jouer de la musique pour grandes personnes (le joli Concerto en la mineur d’Henri Vieuxtemps). Une musique envodtante Je suis ravi que le VSO donne sa chance aux jeunes; mais de grace, qu’on choisisse pour eux des morceaux & leurs mesu- res! Une telle profondeur d’émo- tions n’est pas plus & la portée d’une gentille adolescente, que l’exaltation mozartienne ne 1’était pour Héléne Grimeaud, Francaise de 20 ans, invitée au VSO quel- ques jours plus tard pour une soi- rée trés, trés longue. Voila deux excellentes techniciennes, virtuo- ses de leurs instruments... qui n’ont pas vécu assez, souffert assez, ou ri assez, pour comprendre une oeuvre de Mozart de la Cour de Vienne, du Vieuxtemps mir du Conservatoire de Bruxelles. Quel dommage pour toutes les deux... Le morceau choisi par Sergiu Comissiona pour ses dé- buts, la Symphonie Fantastique, du compositeur, Berlioz, lui-méme fantastique 4 27 ans, est trés con- nu... trop connu, C’est une musi- que envoitante, pictorale, sonore, difficile 4 jouer malgré son charme. J’ai senti tout de suite que M. Comissiona connaissait l’oeuvre, voulait la laisser parler, et impo- Sait en quelque sorte cette volonté aux musiciens comme 4 I|’audi- toire. Mais nous avons affaire a un vieux routier, un profession- nel aguerri par trente ans et 50 orchestres. Quel don! ce calme du vrai professionnel. M. Comissiona se réjouit, s’immerge dans la musi- que, se donne 4 la partition... Mais, quelle merveille, il domine la tempéte, méme du Larghetto ef- frayant. Il y a dans cet homme passionné de musique, dans cet amoureux de |’authenticité, un génie du détachement, du con- tréle, de volonté ferme et réflé- chie - doublé d’une sensibilité véritable. Je félicite le VSO de ce choix, et attends, passionné, des programmes choisis par lui. . Troisiéme volet d’un bon orchestre: des programmes. J’ai eu le plaisir d’assister 4 deux des ~ cing soirées de la nouvelle série «Grands compositeurs», et je vous engage a téléphoner tout de suite pour vous abonner au VSO. L'esprit de Brahms Aimez-vous Brahms? Non? mais vous auriez beaucoup, beau- coup aimé la soirée d’octobre ou, dans un Orpheum passionné, nous avons eu la joie d’entendre non seulement la grande «Troisiéme Symphonie» en fa majeur mais une oeuvre peu connue, le Con- certo double (vous avez bien lu!!) pour violon et contrebasse. Les deux jeunes américains invités s’y sont plongés et nous ont entrainés a leur suite; le chef d’orchestre _S’est laissé inspirer... l’esprit de Brahms a di applaudir avec nous. Et que dire du concert, magnifique, de Tchaikovski? Dés la petite Polonaise, j’ai vu un orchestre vigoureux, bien en main; M. Peter McCoppin, sensuel, dramatique, aime Tchaikovski, — méme le Tchaikovski un peu fou de ce Concerto No 1, dominé, maitrisé totalement par Arthur | Ozolins. Et la symphonie, donc... hatez-vous! Il y a une autre soirée (Bernstein) les 8 et 10, et un con- cert Dvorak les 19 et 21 janvier prochain. Du solide, du beau! de la grande, grande musique, bien jouée par notre VSO, le renouve- 1é. Nigel Barbour Concert a l’Orpheum, rue Granville 4 Vancouver. Mo Granville. Stationnement. Tickets 280-3311, abonnements 876-3434 Orchestre Sergiu Comissiona, le nouveau chef de I‘orchestre symphonique de Vancouver. Mauvais changement et bonne continuation Nathalie Simard «Au maximum» Sélect Sortie de son monde de poupées Bout’chous et de ca- linours, la plus jeune des Si- mard a suivi encore une fois son gérant chéri, cette fois vers une destination jusqu’a main- tenant inexplorée. Le pays du rap et de la «dance-music» pour Nathalie était, il y a a peine 2 ans, celui des gros méchants loups. Mais son gérant Guy Cloutier, qui a déja été jusqu’a faire la pro- motion de la vidéocassette du mariage de René Simard dans les dépanneurs du Québec, n’était pas tellement géné de remplacer les loups qui ef- frayaient Nathalie par des cais- ses enregistreuses. C’est alors Discovol dier Barbelivien, Claude Dubois et méme Bruce Gaitsch, guita- riste de Madonna, lui ont remis d’excellentes compositions, cer- taines méme de vraies bombes. Mais on sent que pour rendre ces bombes, Nathalie doit renier son identité et emprunter abondam- ment 4 Céline Dion, Madonna et Nineh Cherry. L’impression qu’on écoute un concours de sosies devient alors insupportable. Cloutier devrait le savoir. Nathalie n’a pas la voix, l’allure ou le corps pour porter le cuir des rappeurs ou le rouge a lévres des vamps. Elle devra t6t ou tard revenir 4 ses sources; les cali- nours. Mais la fin justifie tqujours les moyens, surtout quand on ena les moyens, comme Guy Clou- tier. race d’écrivains de la chanson qui ne fléchissent pas sous le poids des modes et des criti- ques et encore une fois il nous revient du pays de Cyrano, tou- jours un peu plus doux, pour nous Chanter sa vie, Ses amours et la tradition. La simplicité aérée de sa musique ouvre toute grande la porte a l’écoute des mots et a la dégustation, qui nous pro- pulsent d’un coup vers la France provinciale pour nous rebalan- cer subitement dans le quoti- dien. Ses mots éveillent nos mémoires et viennent puiser les larmes de. notre abdomen telles les chaudiéres des puits. Aucune corde sensible ne demeure intouchée lorsqu’il parle de 1’Allemagne (1’autre cété), de sa femme (Au temps du pain...) ou de son enfance Le Soleil de Colombie que Nathalie, quin’yavuque Yves Duteil (Blessures d’enfance). du profit, a plongé dans lafa- «Blessures d’enfance» Une réussite totale qui laise d’un ridicule quitue ins- Sélect ressemble drélement 4 un de tantanément. ses classiques. Uneffort plus que nota- L’uniformité a cette flexi- ble a pourtant été fait du cété _bilité qui lui permet parfois d’étre Dominic Maurais musical. Romano Musumarra agréable, surtout quand la qualité Correspondant (Jeanne Mas), Daniel De demeure toujours a la hauteur. du journal La Presse Shaime (Daniel Lavoie), Di- Yves Duteil est de cette eee Vendredi 7 décembre 1990