Mai 1968 L’APPEL page 7 Une Histoire de la Colombie-Britannique par Roméo Paquette Chapitre X (suite) Profil des hommes. ALBERT LEFEBVRE Dans la premiére partie de ce chapitre, nous avons suivi Albert Lefebvre depuis sa naissan- ce, au Michigan, jusqu’au couronnement d’une carriére qui a vu naitre une industrie prospére. L’illustration que Von peut voir dans cette pa- ge parle pour elle-méme. Les deux fils Lefe- bvre, Wilfrid et Roland, ainsi que le gendre, Arthur Newton, ont maintenant pris la reléve. Nous allons maintenant rencontrer Albert Lefebvre, 1’un des fondateurs de la Fédération Canadienne frangaise de la Colombie Britanni- que. C’est en 1940 qu’il commenga 4 s’intéres- ser activement 4 la question canadienne-fran- caise. A Vancouver, venait de se fonder un groupe connu sous le nom de Club des Cana- diens francais du Québec; Albert Lefebvre en devint le président en 1941. C’était durant la guerre. En plus des quelque 400 membres il y avait un assez important renfort de militaires qui se joignaient aux danses et autres manifes- tations du club. Il y avait aussi un autre groupe qui s’appe- lait l’Association des Canadiens frangais de Vancouver. Les deux groupes se fusionnérent vers 1945. A ce moment, il y avait déja des for- mations actives 4 Maillardville, New Westmins- ter et, particuliérement, 4 Victoria. Un congrés fut tenu 4 Victoria, au cours duquel deux co- mités d’étude furent formés: l’un sur J’ile de Vancouver et l’autre sur le continent. L’objec- tif était la création d’une association d’enver- gure provinciale. C’est un an plus tard que nais- sait la Fédération Canadienne frangaise de la Colombie Britannique. Albert Lefebvre n’en était pas, toutefois, a sa premiére expérience de travail en groupe. Quelques années auparavant, il avait été prési- dent des Forestiers Catholiques, 4 Maillardvil- le, vers le moment o& le mouvement ouvrier accouchait douloureusement dans 1’industrie du bois. C’était au début des années trente. La confusion régnait. Les plus militants parmi les organisateurs de syndicats étaient soupconnés, & tort ou a raison, d’étre marxistes. La dépres- sion faisait des ravages a la suite de la faillite boursiére de 1929. Les Canadiens franeais de Maillardville subirent le double choe du ché- mage et dela division qui s’établit dans le mon- de ouvrier. De Ja chaire on préchait la non- violence et l’accord avec le grand employeur qui était l’usine de Fraser Mills, pendant que, dans les salles d’assemblées, les esprits s’échauf- faient. C’est ainsi qu’il se créa deux factions dont l’une se désolidarisa de la paroisse. Pour le groupe canadien francais ce fut une dure épreuve puisque, 4 cette époque surtout, l’ho- mogénéité des Canadiens frangais, sur le plan social, dépendait totalement du pivot parois- sial. Puisque nous avons fait ce pas en arriére, nous allons en faire un autre pour repartir en 1919, au moment de l’arrivée d’Albert Lefebvre a Maillardville. Tl est intéressant de constater qu’il n’y avait pas d’association patriotique, A proprement parler, dans ce village francopho- ne isolé. Toutefois, le 24 juin était célébré cha- que année d’une fagon spéciale. C’était peut- étre qu'il n’existait pas de raison de s’organi- ser. Le milieu était vivant, tout s’y passait en frangais, ’église et l’école paroissiales suffi- saient aux besoins culturels et religieux. Per- sonne ne pouvait prévoir, 4 vingt milles de Van- couver, qu’un jour Maillardville deviendrait