VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 25 novembre 1988 - 11 Suite de la semaine derniére Par Jean-Claude Boyer Drrring! Déja? Lever monasti- que, suivi d'une marche rapide au point de départ des minibus qui conduiront la foule des «pélerins» au faite du mont Chu Shan, au-dessus_ d’Alishan. Premiers arrivés, premiers servis. Brrr, plutét frisquet. Parvenu au sommet, je suis étonné de voir la foule se multiplier a vue d’oeil. J’ai bientét l’impression d’étre entouré de quelques milliers de gens, de tous ages, venus assister €& un phénoméne naturel rare. Sur la vaste galerie d'un établissement commer- cial, je prends en photo un bout de chou tout a fait mignon portant des «lunettes de lever de soleil» rouges a monture de carton blanc. (Les vendeurs font sdrement des affaires d’or!) Brin de causette avec un couple agé de Victoria - ile de Vancouver. Autre photo: cinq fillettes a moitié endormies, en robes de chambre aux couleurs chaudes. Les premiéres lueurs du soleil blanchissant |’horizon me rap- pellent «Demain, dés |’aube...» de Hugo. Il me faudrait les ressources de la poésie pour tenter de décrire ce nouveau miracle matinal. Des rayons incertains baignent de leur douce lumiére les nuages ondulants. Des cimes boisées dominent cette mer fumante comme des ilots percant les brouillards d’un grand lac. Le soleil brille peu a peu de tous ses feux, rendant alanature une magnificence renouvelée. Je miimagine en train d’écouter une cassette de chant grégo- rien... Pendant ce temps, la foule s’anime. Des gens se pament, d'autres ont une attitude de fidéles en priére, mais la plupart semblent participer a un grand pique-nique de paroisse, tdt le matin de Paques. Quelques-uns S’approchent dangereusement des précipices. Innombrables éclairs d’appareils-photos, changements rapides de films, Statues aux bras levés, télé objectifs en mains... Pleurs d’enfants, vendeurs de pacotil- le, petits feux de bois... Observer cette ‘assistance’: un spectacle en soi. Contempler, au coeur de Taiwan, |’épanouis- sement grandiose du _ soleil au-dela des nues : deloinleplus beau spectacle du pays. Plus tard, en remontant dans le vieux train rouge, je fais la connaissance d’un couple an-r glais dans la quarantaine. Ils me paraissent follement amoureux. Le Britannique me raconte une mésaventure qu'il a vécu a Manille (Philippines). Le chauf- feur de taxi qui le conduisait de l'aéroport a son hétel était de connivence avec un voleur de grand chemin... Sous lamenace d'un révolveur, le voyageur terrifiés’est laissé dépouiller de tout: argent, passeport, baga- ges... Le chauffeur a ‘daigné’ le conduire a son hétel pour |'y n séjour « Made in Taiwan » abandonner. Jen’ai ajouté dans mon journal que cette phrase lapidaire: «Suites pénibles et compliquées pour retourner dans son pays». Je raconte ensuite mon aventure de «café drogué» en Inde, bien entendu. Puis nous échangeons nos impressions sur la majesté des paysages défilant sous nos yeux. Nous sommes bientdt les seuls a bavarder. Plusieurs passagers «cognent des clous», appuyés les uns contre les autres sur les deux bancs longeant les fenétres - d’un bout a l’autre du wagon. J’en apercois maintenant cing ‘empi- lés’ les uns sur les autres, ronflant a l’unisson. Plus loin, jen compte quatre, tous en chemise blanche, appuyés les uns sur les autres, solidaires dans le sommeil... Clic! clic! M’ayant vu sortir mon appareil- photo en souriant, un cinquié- meen chemise blanche, le seul ‘éveillé’ du groupe, s’est penché surledos du dernier dormeur, la mine réjouie, histoire d’entrer dans cette photo mémorable. Ce soir-la, je me retrouve a Tainan, dans le sud de l'ile, la téte pleine des beautés de la campagne taiwanaise. Je n’ai pas de mal a me dénicher une petite chambre bon marché, minable mais au lit propre. La propriétaire me toise des pieds a la téte comme si j’étais martien. Promenade dans des rues animées oll se succédent de longues séries d’enseignes lumineuses verticales. Avant de m’abandonner a Morphée, j’en- gloutis de bons plats chinois, puis retourne me _ promener dans la fraicheur du soir. Le lendemain, 7 juillet, je reprends le train pour Taipei, dans le nord de lle, oti j’ai laissé mon sac a dos et réservé un lit pour ce soir. Voyage agréable qui me permet de voir ou de revoir les régions les plus agricoles du pays. Ma musique classique préférée-que me rend fidélement mon baladeur Sony - ajoute a ces heures de détente une touche de «dolce vita». Mon retour dans la grande capitale est salué par une pluie torrentielle. L’état des rues me porte a croire qu’il pleut depuis trois jours. En rentrant a l’auberge, je retrouve |l’océano- graphe ameéricain, spécialiste passionné des mers et océans. Longue conversation sur Tai- wan et... ‘l’univers marin, fascinant et combien méconnu. Mais j’ai besoin d’une bonne nuit de sommeil. Je ne parviens a interrompre mon ‘conféren- cier’ qu’en insistant sur le fait que je tiens a 6tre en grande forme demain, jour de mon 41e anniversaire. Je m’endors en févant ‘sérieusement’, pour la premiére fois, de publier un livre sur mes récits-de voyage. Au réveil, cependant, je n’ose plus croire que mon projet d’hier soirpuisse se réaliser. Tant pis. Jeverrai bien. Jesens quelavie, pour moi, avraiment commencé a 40 ans. J’entreprends donc, vibrant d’espoir, une année neu- ve. Aprés le petit déjeuner, j’écris une 61e carte postale a ma mére et téléphone a |’aéro- port pour confirmer mon billet pour demain (Séoul). C’est le début de longues tribulations... (voir l'article «Les tribulations d'un Québécois...»). Je passe une partie de la journée au National Palace Museum, le plus important musée chinois du monde, qui renferme les trésors emportés de Chine par les partisans de Chiang Kai-shek (1949)... Mo- derne, climatisé, spacieux. Excellente présentation. Je ° circule lentement. Les merveil- les que j'y admire ne peuvent guére se décrire: il faut les «voim. Le troisieme étage est malheureusement en restaura- tion. Faute d’espace, une grande partie des collections est conservée dans des remises climatisées. On dit aue les expositions sont remplacées tous les trois mois. Pas étonnant qu’il y ait un monde fou. Revenu au centre-ville, je compléte ma petite collection habituelle de cartes postales- souvenirs. Sur un trottoir, un marchand scie un grand bloc de glace ala main. Plus loin, une fillette est en train de faire faire une dictée a trois enfants derriére|’autre devant de petites tables. Scéne charmante. Lors- que la jeune’ ‘maitresse’ m’apercoit, appareil-photo en main, elle interrompt la legon, lair effrayé, puis se retourne vivement. Je n’ose pas insister. La fagade élégante d’un grand hétel pique ma curiosité. J’entre me détendre dans un fauteuil moelleux du hall. Air climatisé, musique, plantes et fleurs naturelles, odeur agréable. Tiens, une chanson frangaise, «Le Galérien», interprétée par les Compagnons de la Chan- son. Jemelaisse emporter dans mes réves nostalgiques de galérien du voyage. Souper d’anniversaire dans une street kitchen. Je m’assieds pres d’un Taiwanais de mon age qui meparait vite bon vivant... II finit par m’inviter 4 monter sur sa moto pour aller célébrer mon anniversaire dans un grand hétel. Je refuse poliment, souffrant encore de la paranoia causée par mon aventure de «café drogué» en Inde. En retournant a _ l’auberge, je m/arréte dans un petit temple: encens, ananas et melons d’eau reposent au pied diidoles grotesques. Je me couche t6t, ce soir-la, ayant décidé de prendre, demain, le premier bus pour |’aéroport. Coucher tét malgréles récits palpitants - de voyage et de figuration - que se racontent dans la salle commu- ‘tion; de globe-trotters. Le lendemain, je poursuis donc mes tribulations... qui me font oublier, pour |’instant, les beautés naturelles extraodrinai- res de l’ile de Taiwan. Ce n'est que beaucoup plus tard - en réécrivant mon journal - que je repenserai la «réalité Taiwanai- se»... L’étiquette ‘made in Taiwan’, collée sur une infinité d’articles vendus a travers le monde, atteste de la transfor- mation phénoménale de cette ile république, au cours des derniéres décennies, de pays a agriculture peu développée a l'état de nation trés industriali- sée, dont le revenu per capita est lesecond plus élevé en Asie. D'un cété: villes surpeuplées, banlieues tentaculaires, pollu- l'autre: paysages montagneux d’une grande beau- té, foréts tropicales et tempé- rées, culture dont les origines remontent a des temps immé- moriaux. Les Taiwanais se sont donnés un pays fiche, a l'économie bien équilibrée. Leur seul véritable probléme, de nature politique, concerne leurs relations présentes et futures avec leurs fréres de race et de culture du continent. Je suis enchanté de mon _ séjour. Taiwan se mérite d’emblée le nom que lui ont donné autrefois les marins portugais: «Formo- sa», la Belle. d’environ sept ans, assis l'un ne une dizaine de jeunes a ee) is Se 6 Ay .: * + eequvel Pacific Language Institute, Inc. Ou tr il 9 ’ | . le Solel! § Cours d’anglais : i pour étudiants internationaux et visiteurs Le Soleil de Colombie : @ Jour: intensif et immersion se trouve maintenant @ Tous niveaux . Inscriptions mensuelles en vente dans _ e Soirée: TOEFL, prononciation, écriture, ces différentes locations : conversation. ela Madrague, boucherie @ Atmosphére amicale . Anglais seulement frangaise du Marché Granvil-}. 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