St WMawieves a Hedbne’ sidaoibD ew Jisise al 12 Le Soleil de Colombie, Vendredi ler septembre 1978 Dimanche a Vernon par Roger DUFRANE Suite Ineffable pureté des on- des! Celles du Lac Okanagan miroitent d'une myriade de reflets qui s’irisent a l'image de toute vie qui frémit et s’écoule. Il faut avoir observé l’azur de cette eau pour saisir Vimpuissance de notre voca- bulaire. Nous traversons un paysa- ge apocalyptique, ot de gi- gantesques rocs 4 sommets plats font penser a de fanto- matiques carcassones. Notre véhicule serpente a travers des. collines crayeuses et nues. En contrebas, a droite, le Lae Okanagan (remous magiques, quelques voiles blanches et triangulaires), fait oublier la banalité des localités qu’on traverse. Voici Kelowna, coquette et verdoyante petite ville, pas si petite en somme, parsemée de villas de style parmi les verdures. Au-dela de cette cité, ot notre car s'est arrété, his- toire de souffler un peu entre deux passes de monta- gmes, une troupe de sapins verts déboulent de la cime des monts pelés. J'imagine quelque bande d'Indiens qui viendraient as- saillir notre diligence. Cela rappelle ce chef-d’oeuvre du Western: Stagecoach, en frangais: “la chevauchée fan- tastique”. La aussi, on par- courait des déserts. Et la aussi on aboutissait, au terme d’une expédition aventureuse, dans une ville cubique, pleine d’embusca- des et de balcons en bois, toute préte pour le duel John Wayne-Tom Tyler, ve- nus résumer sur |’écran deux générations de cow- boys, deux styles. Nous descendons (pous- siére, verdure, soleil d’or), sur Vernon. “A booming town!” m’avait dit une Ca- Le coin SERIE CONSACREE AU MODE DE VIE DES INUIT Les quatre nouvelles vi- gnettes constituent la deux- iéme émission d'une série commencée l'année derniére et qui illustre le mode de vie des Inuit par le truche- ment de leurs oeuvres d’art. T.es timbres montrent les modes de transport anciens et modernes utilisés dans le Grand Nord et reflétent nadienne-Anglaise de Van- couver: “If you are tired of walking, take the bus!”. Or, je ne vois 4 Vernon rien de “booming”. Quant aux autobus, il n’en circule qu’un, haut sur roues, le jeudi! “A Vernon m’a dit un galopin du lieu, si vous ne possédez pas de voiture, vous marchez!” La figure urbaine de Ver- non, la voici: 6tez des batis- ses cubiques, l’aluminium et les vitrines, les antiquaires, les restaurants, les agents immobiliers, et surgira le décor western dont je viens de parler. Tout y est: la verdure rare et grise de poussiére, le haut chemin qui monte vers la montagne, le bureau du télé- graphe, les maisons de bois a balustrades et 4 poteaux ot laventurier (petite mousta- che et grand chapeau, le colt a la ceinture), vient d’atta- cher son cheval. Vernon le samedi soir? “A ghost town”. Et pourtant la ville se réveille par mo- ments. Une fanfare excellen- te, un carnaval en hiver, un camp des cadets en été, les gens qui habitent la-haut dans les quartiers résiden- tiels et descendent certains jours faire leurs emplettes, tout cela apporte quelque vie. Le soir de notre arrivée, nous nous risquons dans la campagne environnante. A notre droite, un champ broussailleux, ou les grillons chantent sur deux notes; plus bas, un ruisseau torren- tueux. Pas questions de nous hasarder dans les hautes herbes jaunies qui revétent la montagne. Des serpents a sonnettes s’y cachent, dit-on, et d'invisibles pucerons qui se vrillent sous la peau. D'importunes autos, des roulottes, nous dépassent sans tréve. Aprés une mar- che ardue dans la chaleur, Les Inuit - Les voyages avec force |’évolution rapide de la culture. Les timbres seront impri- més en deux paires, la premiére montrant le dessin d'une femme a pied, par nous nous réfugions sous.le couvert d’un bouquet d’ar- bres et nous nous affalons sur un bance. * Nous sommes au coeur d’un petit parc, ob tournent dans un bruit infernal des carcasses d’autos de course pilotées par des cadets. Ils sont de sortie ce samedi et viennent ici dépenser leur solde. C’est plus amusant que d’errer devant les bouti- ques fermées du Vernon des ‘fins de semaine! Notre hétel n’est qu’un gite d’étape. Pas de restau- rant, pas de hall, un bureau de réception grand comme un foulard de shérif, et pour- tant, en face, une piscine de natation et un parking, j’al- lais dire l’écurie, le décor de Vernon me rappelant a tout bout de champ les westerns. On rentre dans sa cham- bre par une longue galerie extérieure, et la encore il y a de quoi se prendre pour un cowboy. [a suivre] Un euphémisme délicat Il faut faire attention a la différence de sens entre “employee”, mot anglais ve- nu du frangais, et ‘“‘emplo- yé”. L’*“employé” est en fran- cais l’équivalent de l'anglais: “whhite collars”. Bien que !’on utilise main- tenant l’expression les “cols blancs”, par calque de |’an- glais, 4 mon sens, c’est inutile. Le frangais fait la dis- tinction entre les salariés, qui englobent a la fois les employés, les ouvriers et d’ailleurs certains cadres (tous ceux qui touchent un salaire fixe) et les patrons ou employeurs. Ajoutons aux salariés et aux ouvriers les travailleurs indépendants des profes- sions libérales. A ce sujet je crois ferme- ment que le terme “profes- sionnel” substantivé est im- propre pour désigner les spécialistes appartenant aux professions libérales. Pour finir, je note que les domestiques, les valets de chambre, les bonnes et les femmes de ménage ont maintenant, en France, une autre appellation plus... démocratique: ce sont les ‘““employés' de maison”. Un délicieux euphémisme. Louis-Paul Béguin Echecs —N’ayez pas peur des échecs. Le premier est né- cessaire, car il exerce la volonté. Le second peut étre ‘utile. Si vous vous relevez du troisiéme, vous étes un homme. [René Bazin] —Il y a quelque chose de pire dans la vie que de n’avoir pas réussi: c’est de n’avoir pas essayé. [Roosevelt] —Ceux qui renoncent sont plus nombreux que ceux qui échouent. [Henry Ford] des philatélistes chiens, par Abraham King- meatook. Les 48 millions de tim- bres seront imprimés par le procédé de la lithographie en cing couleurs par Ashton- Potter Limited, de Toronto, a partir des designs de Rein- hard Derreth, de Vancou- ver. “L’art inuit vient de faire son apparition sur la scéne artistique internationale, —Accepter Vidée d’une dé- faite, c’est @tre vaincu d’avance. [Foch] —Un échec n’est qu'une occasion de renouveler une _ tentative avec plus de sages- se. [Henry Ford] —Les plus grands héros se manifestent dans les dérou- tes. [J. Wilbois] —L’échec est, en un certain sens, la voie qui conduit au succés; chaque expérience découvre une erreur 4 évi- ter. [Keats] ; mais déja il a été haute- ment acclamé et il figure parmi les autres formes d’art’’, a déclaré M. Gilles Lamontagne, ministre des Postes, lors de son allocu- tion. Pitseolak, et une sculpture en stéatite d’un umiak a voile, intitulée Migration, par Joe Talurinili. La seconde paire repré- sente un avion (gravure sur pierre et pochoir) et une sculpture en ivoire d’un trai- neau et d’un attelage de “Cette série de timbres permettra aux habitants du sud du Canada de mieux comprendre la vie dans le Grand Nord”. Lisez les écrivains francophones c.F. Ramuz ————— —4 CHARLES-FERDINAND RAMUZ Ecrivain suisse (1878- - 1947) né et mort a Cully prés de Lausanne, canton de Vaud. D’éducation protes- tante, issu d’une famille aisée, il vécut 4 Paris de 1902 a 1914 puis ne quitta guere son pays ou il joua un role important a la téte de la célébre revue: Les Cahiers Vaudois. Romancier du terroir, gar- dant un contact permanent avec la Nature, il se veut naif, vivant, a la fois réaliste et poétique. Il tient a em- ployer la langue parlée de son pays, une “sorte de patois” plein de répétitions et de maladresses mais, quand il le veut, il sait écrire de la facon la plus correc- te. Il faut, dit-il, “greffer sur du sauvageon et non sur du déja greffé”. Ramuz initie son lecteur a une sorte de “mythologie paysanne”: L’Homme, la Na- ture, le Bien, le Mal, la Vie, la Mort. EDITEURS: Grasset, Livre de Poche. PARMI SES MEILLEU- RES OEUVRES: Jean-Luc persécuté, sombre drame: trahi par sa femme, un paysan perd la raison, va jusqu’au crime, au suicide. Joie dans le Ciel: un village renait dans l’au-dela. La Grande peur dans la Monta- gne: des bergers dans un alpage maudit; leur lutte contre les éléments. Le Gar- con Savoyard, pauvre jeune paysan a la recherche d’un réve impossible, ébloui par la vision d’une danseuse de cirque. LISEZ POUR COMMEN- CER: Derborence, nom d’un alpage qu'un glissement de terrain a anéanti, écrasant hommes et bétes. Antoine, seul rescapé, remonte’sur les lieux, croyant pouvoir retrouver un camarade dis- paru. Thérése, sa femme, remonte aussi et réussit a le ramener a la raison. La lutte’ éternelle de l'homme et de la montagne. “Tl y a des choses qui sont fausses et des choses qui sont vraies, voila ce qu'il se disait; comment faire pour n’est pas vraie?” s’y débrouiller? I] y a des choses qu’on imagine et il y a des choses qui existent: comment savoir ou celles-ci commencent, ow celles-la finissent? Une chose brille et on la suit: est-ce seulement parce qu'elle brille qu'elle Il révassait ainsi sur les chemins ov on l’arrétait et on lui disait: “Comment vas-tu?”. : (Le Garcon Savoyard). —Avant de se jeter dans le ne reste qu’a le mépriser. [Fénelon]. —A voir les qualités qu’on exige des serviteurs, com- bien de maitres seraient capables d’étre valets? [Beaumarchais]. —La vie est le résultat d’une collaboration entre le passé et l'avenir, entre les morts et les vivants. [Henry Bordeaux]. péril, il faut le prévoir et le. craindre; quand on y est, il \ —Il n’y a rien qui rafrai- chisse le sang comme une bonne action. [La Bruyére]. —Liavenir est 4 ceux qui se surménent. [H. Bergson]. —On est toujours bien 14 ot on se dévoue.[Georges Sand] —Le bonheur n’est peut- étre que l’acceptation coura- geuse de la vie. [Henry Bordeaux]. —Le bonheur n’est que la courageuse volonté de vivre en acceptant les conditions de la vie. [Maurice Barrés]. __ 7