‘ ‘ par Pierre-C. O‘NEIL | envoyé spécial de LA-PRESSE | KIEV — Le premier ministre a levé son verre, hier soir, pour sa- luer Kiev, “la premiére des Rus- sie”, pour saluer aussi ses hétes du | gouvernement de la République so- cialiste soviétique d’Ukraine, pour saluer les Ukrainiens de l’Union so- viétique aussi bien que ceux du Ca- nada. li Va fait au cours d’un diner privé offert par les autorités du gouvernement local et durant le- quel il a, en outre, évoqué la per- sonnalité attachante de l’Ukraine. Cette personnalité, il la connaissait déja par ses voyages en Russie. Mais durant toute la journée, @hier, il avait en quelque sorte re- | noué contact. D’abord, il avait rencontré les | autorités locales qui, durant plus | d’une heure, se sont efforcées de lui faire connaitre dans ses détails cette République de l’Union soviéti- que, réunion au cours de laquelle, dailleurs, le probléme de la réuni- fication des familles ukrainiennes du Canada et de l’URSS fut évo- qué. Puis, laissant tomber la yeste et prenant la tenue de touristé, ila visité, hier aprés-midi, des monu- ments qui l’ont ramené aux sour- ces méme du grand pays qu’est de- venu 1’Union soviétique: V’historique cathédrale Sainte-Sophie et le vieux monastére de Kiev dans les cata- combes duquel on retrouve plu- sieurs corps momifiés de nombreux saints hommes des premiéres civi- lisations ukrainiennes, Mme Tru- deau le suivait avec cet air de | faon effarouché qui en dit long sur ce que ce doit étre a son jeune age de se plier aux exigences des visi- tes officielles. Il y a beaucoup plus de gens qui ont vu les Trydeau a Kiev qu’a Moscou. Partout ou ils sont allés se sont formés de petits groupes venus les saluer de la main au passage. Ce bain de culture locale qui suit de prés les propos de M. Trudeau | nouveau des questions sur le natio- nalisme de M. Trudeau parmi plu- sieurs correspondants qui l’accom- pagnent. Mais n’allons quand méme pas prendre des vessies pour des lan- ternes et des conférences de presse pour la réalité. Qu’on fasse état, | pour expliquer la signature d’un protocole de consultations entre les deux pays. Du poids de la vie americaine sur le Canada, cela ne fait pas de / au sujet du poids des USA sur les | affaires canadiennes a suscité.de | la politique de ce gouvernement une politique nationaliste. & Si ce gouvernement est vraiment intéressé a prendre quelque dis- tance de ses voisins américains, on le verra bien lorsqu’il annoncera sa politique sur la propriété étrangére. Comme pour l’instant il n’y a rien qui laisse prévoir une politique un peu audacieuse, il est un peu trop tot pour louer le nationalisme de ce gouvernement. Ce quil est plutot en voie de faire, ainsi que le concluent d’au- tres journalistes, c’est d’étendre a la politique extérieure la these du gouvernement selon laquelle la compétence découle de la mise en valeur du plus grand nombre possi- ble d‘informations. Au total, il est done un peu tot pour eévaluer la portée des résultats politiques de la visite 4 Moscou. Il est difficile pour les journalis- tes de le faire @ partir des jour- naux soviétiques. Bien que certains membres de la délégation V’aient fait avec enthou- siasme — et certains assez rapide- ment — M. Trudeau n’a pas encore vraiment porté de jugement sur ses entretiens et i) ne le fera vrai- semblablement qu’a son retour au Canada. Mais, dans une entrevue accordee a des coilegues de Radio-Canada, i) aurait laissé entendre que, si | n’en est pas surpris de son cété. d’autres chefs de gouvernement no- tent | qualité de la réception qui va jus- que dans le détail, par exemple, du respect du bilinguisme. Ils notent qu’il est difficile de comparer ce voyage avec ceux de chefs de gouvernement de pays po- litiquement plus importants mais qui n’ont pas derriére eux une éco- nomie qui repose sur l'appareil d’une technologie moderne. | Et pendant ce temps, des mem- | bres de la délégation canadienne. cefléchissant a ce qu’ils considérent le succés de Moscou, se demandent sil ne s’explique pas largement par le tait que l’idéologie n’avait a tretiens et qu‘ils avaient au con- traire un caractére un peu techno- cratique qui facilite les rapports entre gouvernements étrangers. C’est a croire que la paix et le salut nous viendront par la techno- cratie. Mais d'un autre cote, peut- etre ne faut-il voir dans cette expli- cation du technocrate qu'une’ vo- | lonté des technocrates canadjens de ‘se survivre a eux-memes. Un incident au Moyen: Orient lil Sy @ Gib< eis; Ge Get incident est survenu dans ma vie. Je venais de terminer des négociations d’affaires avec les autorités gouvernemen- | tales d’un pays du Moyen- | Orient, et, A l’issue d’un | séjour de huit jours, je me) préparais A partir pour le | nord de 1’Europe. Le jour | de mon départ - de bonne | heure - j’ai demandé Ay concierge et au voituriste | de préparer mon départ a | | | appelant un taxi. Comme je ne parlais pas la langue arabe, j’ai fait expliquer au chauffeur que je voulais étre a temps 41’aéroport interna- tional ; le concierge m’a | assuré que tout était clair | et je suis parti. Aprés un certain temps, | je remarquai que nous ne! roulions pas sur une route | asphaltée, route que j’avais | remarquée en venant, huit jours auparavant. Cela me | parut trés suspect ; j’étais | certain que quelque chose | ne marchait pas. Evidem- | ment, ne parlant pas la lan- | gue, je ne pouvais exprimer | ma stupeur et avant de me | rendre compte de ce qu’il | se passait, nous nous som- mes arrétés devant une bar- | riére de fil barbelé et nous | avons été entourés par des soldats qui ont mis leurs fusils en position de tir, nous ont fait descendre du taxi, et... nous ont arré- tés, tout simplement... Nous étions sur le site du nouvel | aéroport militaire. Je dois | reconnaftre que j’étais ef- frayé et mal Aa l’aise - un homme d’affaires canadien sur un site stratégique, cela paraissait quasi suspect. Aprés des cris et des ju- rons dont l’intensité et l’im- portance se devinaient aux grimaces des soldats et du chauffeur, complétement dé- couragé, les soldats nous ont laissé remonter dans le taxi, un sergent est monté A coté du chauffeur ; quant 4 moi, je criais le nom de l’aéroport international. Je ne sais pas si mes cris ont été de quelque utilité, car 4 un rond-point de la chaus- | sée, cette fois-ci en asphal- te, le sergent nous a libérés en descendant de jurons. Le taxi arriva au véritable aéroport international. J’a- vais encore trente minutes devant moi, avant mon dé- part, et je ne pus pas résis- ter a la tentation de m’ap- procher d’un policier qui parlait un anglais impec- cable, et de lui raconter de voiture, | de nouveau avec une pluie | mon aventure. Il était sur- pris comme moi qu’un chauf- feur de taxi, engagé A la porte dé 1’hdtel le plus im- | porrireing GS Ie \iille ire connaissait pas la route de 1’aéroport international ! Une cascade d’explications en arabe s’ensuivit et a la fin de cette discussion pas- sionnée entre le policier et le chauffeur de taxi, je re- marquai que le chauffeur | tomba 4 genoux et prononga |; une phrase solennelle, en | levant les yeux au ciel. | Le’ policier me ‘dit ; “ve | ne peux rien faire, cher Mon- |sieur, il a juré sur Allah} qu’il ne savait pas ot se | trouvait 1’aéroport’’. | Cette supréme déclaration |€tait irréfutable. Je suis | parti, heureux. W.I.W. [oZA, MO % 1011 ZART KONDITOREI CAFE DES GOURMETS Robson Street — Tel.: 685x950 Patisserie francaise. Vous pou—: ~ ;. vez yous les procurer également & WOLF’S KONDITORE! 328 Oakridge Shopping Centre, 266-0345 Par jour Par semaine 320 rue ABBOT ‘ ins Hotol [lletrapole (Propriétaire: J. Bauche) HOTEL DE FAMILLE. 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