Rubrique litteraire La détresse et l'enchantement de Gabrielle Roy, 1988. Ce livre est un ouvrage posthume auquel Gabrielle Roy s'est consacrée pendant ‘les derniéres années de sa vie, de 1976 a 1983. Il s'agit d'une autobiographie couvrant la période allant de son enfance jusqu'a son retour d'Europe et son installation 4 Montréal en 1939. Ce gros livre de cinq cents pages est divisé en deux parties a peu prés égales. Dans la premiere partie, intitulée Le bal chez le gouverneur, elle retourne au pas- sé lointain, aux origines de ses parents et grands-parents venus du Québec et méme jusqu'a ses ancétres acadiens. Tour a tour, elle évoque ses expériences d'écoliére francophone en milieu minoritaire, sa passion pour le théatre, ses débuts dans l'enseignement comme insti- tutrice dans le village de Cardinal, puis a l'Académie Provencher a Saint-Boniface, et enfin ses préparatifs de départ pour l'Europe. Dans la deuxiéme partie, intitulée Un oiseau tombé du nid, elle raconte avec hu- mour son désarroi et son dépaysement lors de son arrivée 4 Paris qu'elle quitte d'ailleurs bientét pour Londres ow elle se sent presque aussi perdue. Pendant son séjour en Angle- terre, elle va découvrir qu'elle ne pourra envisager une carriére d'actrice car sa voix a été a jamais ruinée par son travail d'institutrice ainsi que par les rigueurs de I'hiver manitobain et le smog londonien. Son odyssée européenne se termine par une merveilleuse équipée en Provence. Les menaces de guerre se précisant, elle doit rentrer au pays. Elle s'installe a Montréal, décide dy rester et de gagner sa vie par |'écriture. Tout au long du récit, Roy donne des indications précises sur les points de départ, les sources de certains épisodes de son ceuvre. Elle révéle aussi comment est née et a gran- tii sa vocation de conteuse réaliste alors qu'elle prend conscience, a Paris, en observant le coucher de soleil sur le jardin des Tuileries, de son "don du regard", ou qu'elle est frappée par l'accent vrai et juste des personnages de La Movuette, "C'est ainsi qu'on devrait écrire, ni plus haut ni plus bas. Tchékov a trouvé le ton juste de |'ame". Cette autobiographie est écrite sous forme de petites histoires, telles des nouvel- les, bien menées, amusantes, émouvantes qui donnent un apergu des obsessions personnel- “= x : ' al les et du caractére ambivalent de l'auteure.