Volume6 - Le Moustique ! ... Pacifique Cheminement artistique. Le Médicis est un prix littéraire francais qui fut créé en 1958. Décerné annuellement il récompense un roman qui fait preuve d'originalité dans le ton et dans le style. Philippe Le Guillou, auteur d'une vingtaine de romans en quinze ans, a recu le prix Médicis en 1997 pour Les sept noms du peintre. ll S'agit d'une ceuvre de pure fiction comme I'indique le sous-titre :"vies imaginaires d'Erich Sebastian Berg". Le protagoniste qui serait né en 1940 a Munich des amours d'un hobereau allemand et d'une cantatrice frangaise va devenir un peintre figuratif exceptionnel a son époque, dans la tradition des grands maitres flamands, en particulier Rubens, Vermeer, Rembrandt. Le livre conte les différentes étapes de la vie de cet homme pour nous faire comprendre comment se sont forgés sa personnalité et son art. D'abord, une enfance stricte a la germanique dans un pensionnat au bord d'un lac bavarois ou, coupé de sa mére, il fait I'expérience de la solitude et de la peur. C'est la qu'il découvre aussi Sa vocation et ses tendances a I'homosexualité. A seize ans, il part pour Anvers, et auprés d'un maitre répute il fait l'apprentissage du dessin et de la peinture. Il connait plusieurs expériences amoureuses, surtout homosexuelles. Il se met a boire et méne une existence déréglée. En dépit de tels excés, ou peut- 6tre grace a eux qui seraient nécessaires a sa créativité, il labore une conception quasi mystique du travail artistique. La plupart de ses ceuvres sont inspirées par les sculptures du moyen age quill observe dans les cathédrales : les croix, les gargouilles, les cranes, les fémurs etc., ou par des poemes de Rimbaud. Il semble que I'auteur veuille montrer que l'artiste est toujours tributaire des formes d'art qui |'ont précédé, qu'il ne peut s'abstraire du passé. Erich Berg peint avec frénésie de nombreux tableaux aux visions hallucinatoires, en brile beaucoup lors de crises d'ivresse ou de dépression. II réussit bientét a étre reconnu internationalement. Un, triptyque aux visages ravagés, aux corps torturés, est acheté par un mécéne frangais; Berg quitte alors 10° édition ISSN 1704 - 9970 Octobre 2003 Q—~3 SZ Anvers pour Paris et la région des Cathares. Puis, sur un coup de téte, le voila parti pour la Bretagne, réfugié dans un vieux presbytére finistérien ot il €tudie les calvaires bretons; de 1a il passe en Irlande, et va ensuite au Japon, a Kyéto. Au cours de cette vie aventureuse et tout a fait rocambolesque, il tombe amoureux de plusieurs jeunes gens, est interné pour folie, se rétablit, pleure la mort de sa mére, philosophe sur l'art, et se retrouve enfin a Rome ou il partage !'intimité du pape Miltiade Il,un Zairois. ll y a une dimension symbolique a cette ceuvre onirique car dans la quéte du peintre on retrouve les grands themes communs a toute Culture : l'amour, la mort, l'art, la folie ... auxquels sont aussi mélés les personnages de histoire de France tels Richelieu, Rimbaud, mais aussi quelques contemporains : Malraux, Pompidou, De Gaulle, Mitterand. Si seulement l'auteur savait manier I'humour, peut-étre aurait-il su rendre ce roman prétentieux moins ennuyant, car il faut vraiment de la bonne volonté pour s'accrocher jusqu'‘au bout, tout prix Médicis qu'il soit ! Paul Genuist Philippe Le Guillou, Les sept noms du peintre, Gallimard, Paris, 1997, 389 p. Paul Genuist, qui a fait carriére a l'Université de la Saskatchewan, a Saskatoon, a été nommé professeur émérite de cette Université en 1994. II habite maintenant a Victoria en Colombie- Britannique avec son épouse Monique. II a publié quelques livres dont Alain-Foumier face a l'angoisse aux Editions des Lettres Modernes, Paris, et Marie-Anna Roy, une voix solitaire aux Editions des Plaines, Saint-Boniface.