Cassette ou disque? A la bande magnétique s oppose jun gigantesque raz de ma- rée de sillons-en un combat douteux. En Europe comme en Amérique, cela va de soi, le microsillon est toujours en téte. Et pourtant, ce mar- ché hésitant que constitue la cassette a incité la plupart ues a amorcer la bombe... es audacieux dynamiteurs sont-ils en mesure de rem- orter une victoire décisive? t peuvent-ils espérer, deéfi- nitivement, placer la cas- sette au tout premier rang des moyens de reproduction sonore? Lorsque, voila huit ans, un ingénieur américain eut li- dee de commercialiser la bande magnétique montée sur un petit chargeur destiné a en simplifier la manipulation, il ne se doutait pas le moin- drement que son idée allait révolutionner la technique ne; et, a plus forte raison, de penser que sa diabolique invention allait connaitre un si grand succes, notamment aupres de l’automobiliste qui se désintéressait de son ap- pareil de radio truffe e commerciaux abrutissants. C’était l'époque de la cartou- che a quatre ou huit pistes. Deux ans plus tard, en 1966, la firme hollandaise Philips lancait sur le mar- ché une cassette utilisant une minuscule bande magne- internationales § emboiterent le pas en se retranchant a juste titre derriere les avan- tages qu'elle présentait: plus grande facilité de stockage, possibilite d’enregistrement de programmes de son choix, reperage plus facile d'un pas- sage donné d'un enregistre- ment spécifique, plus grande fidélité musicale, etc. Mais, -il restait encore un pas’ a franchir. La cassette manquait d'un peu de punch: on devait travailler a ameé- liorer le ra part signal- bruit (de 10,000 a 12,000 hertz) et a gagner quelques décibels. Grace a l'introduc- tion du procédé Dolby (du nom du physicien américain Ray Dolby) qui permettait, lors de lenregistrement, de compresser la dynamique et d’amplifier les aigues, puis, a lecture, d’opérer une correction inverse, on a mis un peu de tigre dans lemoteur... 2 Aujourd’hui, il ne fait plus aucun doute, la cassette a déclassé la cartouche, mais la lutte demeure tres serrée entre les partisans du dis- a et de la cassette: les iscophiles remarquent que léchantillonnage est beau- coup plus vaste. alors que les cassettophiles louent l’as- pect pratique de ces petites boites musicales en_plasti- ae de quatre pouces sur eux pouces etdemi. . Dun camp comme de Yautre, les arguments fusent avec force et conviction. @ L’amateur de — course a pied soutient qu'il peut repérer plus rapidement le menuet de Ja symphonie ‘‘Ju- piter” de Mozart sur un dis- que que sur une cassette ; @ puéricultrice avoue que la cassette est plus faci- le 4 manipuler pour un en- contre disque : une guerre froide des grandes maisons de dis-. ‘utilisation du magnétopho- ~ tique montée sur bobine. Pres d’une quarantaine de firmes — fant. Finies les égratignures, finies les taches de confiture et les empreintes de doigts! @ le consommateur moyen n’a pas les moyens de se payer le luxe dune cassette au prix moyen de sept dollars, surtout qu iil peut facilement acheter un excellent microsillon pour moins de deux dollars et cin- quante; @ Le voyageur impenitent prétend que vingt-cing cas- settes sont moins _lourdes et beaucoup moins encom- brantes que dix microsillons dans une valise; @ Le curieux déplore que la cassette lui _parvienne aspera des notes expli- catives qu'il trouve au dos des pochettes de disque, @le “fin méelomane remarque que la _distorsion est moindre sur la cassette que sur le disque. Mais, cela suppose un equipement de reproduction sonore de tres bonne qualité. A cet et- fet, on note qu'une cassette Dolby accuse une sonorité métallique sur un appareil a cassettes dépourvu d’un circuit Dolby; : mais il est possible de corriger lége- rement en diminuant les, ai- gues. On en est. réduit a se de- brouiller avec tout ¢a, aux rises avec une querelle que le temps et les progres de la technique se chargeront sans doute de régler. Comme cela s'est passé lorsque les ama- teurs de haute-fidélité s’op- payee férocement a la ren- ée en force de la stéréopho- nie. Car, qu’on le veuille ou non, on assiste a l’essor_ ra- pide de la -cassette pré-en- registrée. ce chapitre, des statis- tiques établies récemment par le gouvernement fédéral pre- cisent, dans le cas de la cas- sette, que les chiffres de ven- te ont pratiquement double au cours des deux premiers mois de 1972 ($2.24 millions our $1.72 million en 1971). Je qui représente deja un accroissement de trente pour cent sur l'année précédente! Bien sur, on n’en est pas en- core arrivé au stade de l'in- dustrie phonographique dont les ventes se chiffrent a $7.7 millions _ pour la méme _pe- riode ($7.0 millions en i971), mais il est assez impression- nant de constater que l’ac- croissement n'est que de dix pour cent dans le cas du dis- que! Qu’en sera-t-il en 1973? . Qu’adviendra-t-il de toutes ces gravures _discographi- ques: que les maisons spé- cialisées mettent a notre disposition? Deviendront- elles des objets de musée comme le 78 tours et le rouleau a musique? Les ta- bles tournantes cesseront- elles de tourner? Ces mi- croisillons évoqueront-ils chez le mélomane autant “de soleils noirs de sa meé- lancolie’’? N’anticipons as pour linstant: la cassette n’en est qu’a ses premiers _ vagisse- ments, et ce brave Lafontai- ne nous a appris quil ne fallait pas vendre la peau de Tours avant de Tl’avoir tue. Et pour ma part... j'ajoute- rais que la cassette demeu- ‘rera un’ petit gadget sympa- | thique pour riches, tant que son prix de vente demeurera aussi élevé, tant qu’on n’au- ra pas publié le Ring de Wagner, tant que Webern, Varese, Xénakis ou Boulez. ne figureront pas au catalo- ue de la cassette, aussi ongtemps que les mar- chands de disques n’auront pas définitivement cessé de produire ces bonnes vieilles carcasses plastifiées dont les sillons font encore notre plaisir... SS SER OIE THEPLAREIS Tetin Raita Banc d’essai L’industrie de la cassette a pris tellement d’importance sur le marché canadien a la maison London a décidé de manufacturer les enregistre- ments a Montréal plutot que de les importer d’Europe. Plus de soixante-dix enre- gistrements d’oeuvres “clas- _siques” sont d’ores et déja disponibles sur cassette. Ils ont été réalisés avec le .proce- dé Dolby qui réduit considéra- blement les bruits de la bande passante 4 la lecture. Aucune comparaison possible entre ces derniers-nés et les pre- mieres cassettes tonitruantes: Ja: reproduction sonore est re- lativement comparable a celle qu’on obtient avec un disque. Le choix ‘de cassettes qui m’est parvenu de London m’a agréablement surpris. Jouées sur un appareil Superior, pour- vu d'un circuit Dolby, elles donnent cependant beaucoup “plus de qualité et de satisfac: tion que sur un appareil au- dessous de cinquante dollars. A ce compte 1a, le mélomane aura avantage a se contenter 4 de son appareil de reproduc- tion phonographique, en admet- tant méme que les éléments de sa chaine stéréophonique soient peu dispendieux. L’échantillonnage? Il nous laisse un peu perplexe: Holst, Tchaikovsky, Haendel, Vivaldi, Beethoven, Rodrigo, etc. Rien qui ne soit pas deja disponible sur disque en plusieurs ver- sions, rien qui sorte vraiment de lordinaire, rien qui a trait a la musique actuelle, a l’ex- ception de la musique de Pier- re Henry (sur Philips) pour “Messe pour le temps pré sent”. A un moment ou I’in- dustrie de la cassette tente de mettre les bouchées doubles (le catalogue London comptera plus de cent cinquante casset- tes a la fin de 1972) et de ral- lier le plus grand nombre pos- sible de melomanes, cette at- titude me pardit abusive, sinon tout a fait irréaliste compte tenu des exigences du marché. En définitive, le choix de cassettes pré-enregistrées qu’on propose nous amene a poser la question suivante: a quoi servait-il d’éliminer le plus possible les chuintements de la bande magnétique, si on : doit maintenant s’attirer les grincements de dents des au- diteurs plus exigeants? -RODRIGO © _ CONCIERTO DE ARANJUEZ “BANTASIA FOR A COURTIER Ensemble nous avons 9472.482,971.23 Les unions de crédit en Colombie Britannique aident le public a s’aider lui-méme dans tous les domaines de la gestion financiére. - plans d’épargne intéressants. - préts a coft modique. Il y a 214 unions de crédit opérant 259 bureaux a travers la province. Ensemble, ils ont combiné des avoirs POUR VOUS AIDER A RESOUDRE VOS PROBLEMES FINANCIERS excédant $ 472,482,971.23. L’année derniére, ils ont aidé 374,197 habitants de la Colombie Britannique de tous ages A économiser et 4 emprunter. 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