Za eS _ dhistoire, Les francophones oeuyrant dans Ie domaine de I’éducation se sont réunis, du 13 au 15 novembre 1997, a la Maison de la Francophonie, pour parler du programme de francisation préscolaire, scolaire et familial a V’échelle de la province. Ce colloque organisé conjointement par le Conseil scolaire francophone, I’Association des parents francophones de la Colombie-Britannique et la société éducative Educacentre s’articulait autour du modéle de francisation « Paul et Suzanne ». e programme Paul et Suzanne est concu et réalisé par deux femmes du Manitoba, Janine Tougas et Lucille Maurice. Le modéle développé par les deux franco-manitobaines comporte un guide pédagogique, 20 livres 200 résumés Whistoires, 2 marionnettes et une audio-cassette de 20 chansons. Il s’adresse aux enfants de moins de 5 ans et codte 1 200 dollars. L’Association des parents francophones de la Colombie- Britannique (APFCB) et le Conseil scolaire francophone (CSF) ont acheté des exemplaires de cette trousse et les ont respectivement offerts aux prématernelles et aux écoles. Frédérique Grenouillat, qui était la coordonnatrice de la francisation & |’APFCB l’année derniére, a présenté a l’assis- tance les concepts théoriques sur lesquels s’appuient le program- me : les styles d’apprentissage, les formes d’intelligence, les principes d’acquisition de la langue aux niveaux affectif et linguistique... En guise d’illus- tration, elle a raconté histoire de Paul et Suzanne en allemand. « Je raconte cette histoire aux parents, dans une langue dont ils ne connaissent pas un mot. Ils ne sont pourtant pas traumatisés en raison, notamment, de la répétition des mots, du support visuel, du langage du corps.» Selon le document produit par le CSF, par TAPFCB et par Educacentre, la survie des en — situation minoritaire est intimement liée francophones au développement de la francisation : « Les statistiques du recensement de 1991 confirment qu’il est nécessaire @appuyer les efforts des familles exogames (anglais/frangais) afin @assurer Vavenir de la francophonie au Canada. Dans les provinces ou les francophones sont en minorité, sur 55 150 enfants de moins de de couples 4 ans, issus — anglais/frangais, | seulement 9 385 d’entre-eux parlaient francais a la maison... En Colombie-Britannique, a la méme époque, 83 % des enfants ayant droit a _ Técole francophone ne parlaient pas francais avant d’entrer & I’école maternelle. » Du point de vue de Frédérique Grenouillat, il est peu probable que les rapports aient fondamentalement changé en 1997. D’ow Pimportance de la francisation. C’est la premiére fois que tous les acteurs qui oeuvrent dans le domaine de _ la francisation se rencontrent pour faire état ensemble de leurs propres expériences. « I] est important, nous dit Paulette Bouffard, directrice générale d’Educacentre, que nous nous rencontrions pour échanger et pour créer des partenariats. Car, méme - nous avons’ des approches différentes ; il n’en pas moins que la francisation fait partie de notre réalité. Il est impossible de parler d’éducation en Colombie- Britannique, sans parler de francisation, Pendant long- temps, nous avons joué & Vautruche. L’un des objectifs de ce collogue est d’essayer de outils et les mécanismes qui vont nous reste trouver les permettre de répondre adéqua- tement aux besoins de la communauté, » LA FRANCISATION FAMILIALE « Ce programme, nous dit Thérése Guillemette, coordon- natrice provinciale en franci- sation famuiliale A Educacentre, na pas été congu dans les bureaux des administrateurs. Des parents habitant 4 Mission, dont les enfants étaient inscrits au programme francophone, ont, ily a cing ans, éprouyé le besoin d’aider plus efficacement leurs enfants. Pour ce faire, le s()LEIL comité des parents de Mission a décidé de leur offrir des cours de frangais. C’est de cette facgon qu’a commencé la francisation familiale en Colombie- Britannique. » L’objectif de la francisation familiale c’est d’amener le parent anglophone ou allophone du couple exogame & étre partie intégrante du systéme scolaire francophone. Il s’agit d’établir une étroite collaboration entre Vécole, la maison et la communauté. La francisation familiale existe depuis deux ans & Educacentre. Son financement est essentiellement assuré par le CSF et le consortium en éducation qui —_—regroupe l’APFCB, le Conseil jeunesse et Educacentre. L’année derniére, le budget alloué & ce programme a permis la mise sur pied d’un projet pilote de 10 semaines dans 8 régions de la Colombie- Britannique. Avec prés de 40 000 dollars cette année, 15 régions britanno- colombiennes bénéficieront du programme. « La philosophie de la francisation familiale, déclare Thérése Guillemette, est de s’adapter le mieux possible aux besoins des familles, et non d’essayer de faire entrer celles-ci dans un méme moule. D’ot le succés obtenu jusqu’’ présent... au dire des participants. » LA FRANCISATION SCOLAIRE « ka francisation, dit Nicole Chagnon, coordonnatrice en éducation spécialisée au CSF, ne signifie pas seulement donner des cours de frangais a des éléves dune classe donnée. C’est quelque chose qui reléve de la responsabilité de l'ensemble du personnel des écoles et qui favorise le développement culturel et appartenance a la communauté francophone. » Michel Goudreault, forma- teur et enseignant au Centre Le vendredi 21 novembre 1997 3 scolaire communautaire de l’Ecole Céte du Soleil, ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme : « Notre but est de rendre la francophonie encore plus visible. Une telle visibilité donne un crédit supplémentaire au francais. Il faut travailler sur tous les fronts, c’est-d-dire avec les enfants, avec les parents et avec les communautés francophone et anglophone. » La francisation scolaire s’adresse aux enfants qui ne peuvent pas s’exprimer en francais, mais aussi aux éléves qui, bien qu’ils comprennent le francais, commettent des erreurs de syntaxe. Nombreux sont les éléves qui sont en maternelle et qui-ne parlent pas frangais. « Il n’existe pas de programme de francisation dans les régions ou vivent ces enfants, nous explique Nicole Chagnon, ou alors les parents n’ont pas jugé utile de les inscrire 4 ce programme. » Le CSF gére actuellement deux écoles maternelles & temps plein, d’ot le programme de francisation dans les organismes en question. Le CSF espére que lensemble des écoles mater- nelles qui sont dans _ son territoire de juridiction seront & temps plein dés décembre 1998. « Le Conseil pourra ainsi, affirme Nicole Chagnon, développer un important programme de francisation dans l’ensemble de ces établissements. » LA FRANCISATION PRESCOLAIRE « En 1996, déclare Corinne Lohner, coordonnatrice du préscolaire 4 APFCB, seule- ment 4 écoles prématernelles utilisaient le programme Paul et Suzanne. Aujourd’hui, toutes les prématernelles de Colombie- Britannique ayant un program- me francophone utilisent le modéle de francisation Paul et Suzanne. » L’APFCB demande aux parents, dont les enfants suivent le programme, d’assister aux réunions qu’elle organise durant l'année. Ces réunion portent sur les grandes lignes du modéle de francisation, sur la fagon d’aider les enfants dans leur appren- tissage et sur l’évaluation du programme en question. « D’habitude, dit Frédérique Grenouillat, il y a un nous fossé incroyable entre l’école et la maison. Maintenant, c’est un travail d’équipe autour de Penfant. » « Paul et Suzanne sont maintenant mes amis, déclare Marie-Michéle April, éducatrice a la _ pré-maternelle Saute Mouton, a Victoria. Cela fait 2 ans que je parle réguliérement d’eux en classe. C’est un programme bien fait et facile & utiliser. » UN EXEMPLE DE COLLABORATION En 1994, le comité des parents de l’école la Vérendrye, & Chilliwack, décidait de créer une prématernelle. « Le probléme, déclare Josyane Le Scieller, éducatrice en préscolaire, c’est que le comité ne disposait ni d’un local, ni d’assez d’argent pour mener a bien les différentes opérations du projet. » Denise Andrew, alors directrice de la Vérendrye, a proposé au comité des parents de se servir gratuitement de la classe de maternelle qui n’était utilisée que le matin. C’est ce coup de pouce qui a permis au comité des parents de con- crétiser leur projet. La préma- ternelle |’Hyrondelle est donc le fruit d’une excellente collabo- ration entre la direction de la Vérendrye et les parents. Eric Leclerc, Pactuel directeur - de la Vérendrye, poursuit la coopération initiée par celle qui l’a précédé a ce poste. Pour Josyane Le Scieller, « Avoir une prématernelle dans une école constitue une situation idéale. Les enfants de la prématernelle se disent qu’ils vont a l’école des grands, celle de leurs fréres et soeurs. Ils développent un __ sentiment d’appartenance a _ l’école francophone. L’existence de VHyrondelle permet une meilleure planification des effectifs de la maternelle. Pour l'année prochaine, celle-ci peut dés & présent compter dans ses rangs 8 des 11 enfants qui sont dans ma classe. » La prématernelle PHyrondelle symbolise a elle toute seule esprit du colloque sur la _ francisation une collaboration fructueuse entre la prématernelle, [’école et les parents. C’est ce qu’exprime Paulette Bouffard lorsqu’elle déclare : « Mon réve, c’est qu’il y ait un effet multiplicateur, que les gens deviennent des agents - de changement dans leur communauté, dans le but de briser les barriéres entre le préscolaire, le scolaire et le ~parascolaire. » LrpassE NIANG