: : 16, Le Soleil de Colombie, 20 Aoat 1976 Les livres @° iciccee O° ih occ O° lhece GG ieicce Sous les pins parasols de Gilles Archambault par Réjean Beaudoin Serge Gaucher, le héros des Pins parasols de Gilles Archambault, est un homme d’age mtr, enfermé au beau milieu du cercle de la pater- nité: entre un «pére honni naguére puis progressive- ment agréé» et une fille «qu'il aime aveuglement», ce presque quinquagénaire est «un désespéré raisonna- ble en somme qui, ayant perdu ses raisons de Crier, s'allonge somptueusement dans ce qui lui reste de vie, gottant a la plus infime parcelle du monde sensi- ble.» Edgar Gaucher, le vieillard encore vert qui mourra sur - la rue dans sa retraite en Floride, auprés de Marie, vague cousine fraichement épousée en secondes noces, a surtout eu, a l'endroit de Serge, ce tort irréparable de l'avoir devancé (et par consequent écrasé) dans la vie par ses succes profes- sionnels et érotiques, ce qui a eu pour consequence d’imposer au fils le destin d'une confortable réussite sociale (méme s'il est pério- diquement rongé du remords d’avoir troqué les beaux- arts contre l'agence immobi- liere, sous |'influence alie- nante du peére), bonheur conjugal compris. Sa femme, Danielle, assume double- ment toute la force qui lui a fait défaut en s’acharnant a réaliser ses aspirations créatrices dans une demi- carriére d’écrivain et en sachant tenir téte au bon- homme tombé sous l’emprise de ses charmes féminins. . Mais c'est surtout sa fille, — Emmanuelle, qui incarne pour Serge ses propres pro- jections de fils dégu: elle est idéalement rebelle et dévoyée, elle cohabite mari- talement avec Yvan, un drop out qui vend quand il peut ses travaux de céramique (encore un artiste!) et qui lui fera un fils nommé . Patrick avant de l’assassiner . et de se suicider. Mais les morts tragiques s’effacent avec la discrétion des faits divers et la vie continue, bourgeoise comme devant, rétablie avec l’'apparition du petit-fils Patrick qui vient arracher Serge au piége de Ecrivains des Ameriques: N. Kattan a ouvert la voie par André Major Ce qui frappe, dans la démarche de Kattan, c’est moins |’étendue de ses Curio- sites que le rapport pour ainsi dire intime qu’il établit avec les sujets qu'il aborde, lui qui est d'origine orien- tale. Parti de son Liban natal, il étudie en France avant de se retrouver a Mon- tréal ou, dés son arrivee, il Semble avoir cherché a comprendre les données fon- damentales de la problema- tique américaine. Ce n'est pas par hasard que le tome ll, consacré aux écrivains canadiens-anglais, s'ouvre sur les questions que pose cette littérature, a commen- céf par celle de son identite. On comoprend trés vite que la lecture des oeuvres ne se fait pas sans renvoyer im- plicitement a ce contexte particulier. Ilen est de méme de son approche de la litté- rature américaine, informée, prudente et consciente des contradictions dont elle est la somme. Ces deux ouvrages parus aux é€ditions HMH consti- tuent, avec le troisieme a paraitre, un lieu de réfée- rences, un outil de travail et le point de départ d'une réflexion sur la nature cul- turelle de cette Amérique dont nous sommes |'une des composantes. Mais Dieu merci, cela ressemble davan- tage au journal de bord d’un observateur sagace qu’a un manuel scolaire. Je connais bien les textes réunis dans ces deux pre- miers tomes des Ecrivains des Amériques, bientdt sui- vis d'un troisieme — con- sacré celui-ci aux écrivains latino-américains —, pour avoir participé avec l’auteur a leur choix comme a leur organisation. C’est dire que je ne m’étendrai pas trop See la lucidité: «