4 Le Soleil de Colombie, vendredi 17 aoat 1979 Si Victoria m était conte... Pierre Mathieu vide son coeur Madame, dans les cham- bres triplement closes des toilettes, j’y ai lu dans le secret des graffiti odieux, nauséabonds sur ces boucs- émissaires qui devaient por- ter a eux seuls tout le matériel de Cambronne du monde entier. Pourtant, dans ces lieux ultimes, parmi mes efforts de dégagement (car ici tout se fait au rythme des retrai- tés donc lentement et si- rement), une idée tenace semblait vouloir faire le passage vers la libération, la compréhension et je me disais 4 moi-méme comme Votre impériale personne doit souffrir qu’on puisse parler de ses chers sujets Hindous, elle qui les aimait tant, elle qui, sous sa mater- nelle protection, on a vu des artistes 4 la main coupée afin quils ne puissent point re- produire d’autres tapis. Décidément, ma douce, ma compatissante Victoria, smiling and gorgeous, vous avez le charisme, le don de la matiére et des animaux mais certainement pas des hu- mains. Tant que les hommes tels de gentils caniches branlent de la queue de droite a gauche et des oreilles de haut en bas, ces hommes demeurent “loveli” et méri- tent de mourir diabétiques sous la pluie nacrée de ta sucrée tolérance. Une vraie Laura Secord britannique! Mais lorsque ces mémes hommes revendiquent le droit d’étre hommes, libres, responsables de leur choix, alors 14 commence la “diaré s'il la” de tes lamentations. Quelle surprise aprés tant de caresses, leur avoir fait boire tant de bon thé, de soigne-tou tou, What hap- pens? Qu’est-ce qui nous arrive, 6 Lord? Ne sommes-nous point” Vimage parfaite de la confiance? Voici, ma chérie, je vais encore t’expliquer un petit fait divers survenu a Vété de 1755. Le petit peuple d’Acadie vivait heureux et riche, alors les Anglais voulurent les terres, l'Amérique étant si minuscule, tu sais! Nouvelles du Québec M. BURNS QUITTE LA VIE POLITIQUE Le député de Maisonneuve a |’ Assemblée nationale du Québec depuis 1970 et minis- tre d’Etat a la réforme électorale et parlementaire, M. Robert Burns, a annonc¢é ia semaine derniére que, conformément au voeu qu'il avait exprimé en mai der- nier, il se retirait de la vie politique pour des raisons de santé. M. Burns avait été victime d’une attaque car- diaque au printemps. Il est a prévoir que le Premier mi- nistre annoncera la date des élections destinées 4 rempla- cer M. Burns dans Maison- neuve en méme temps que celles dans Prévost et Beau- ce-Sud. PEQUISTES ET LIBE— RAUX ONT CHOISI LEUR CANDIDAT DANS BEAUCE-SUD Les deux principaux partis & l’Assemblée nationale du Québec ont maintenant choi- si leurs candidats en vue des elections partielles dans la - eirconscription de Beauce- Sud, vacante depuis la dé- mission du‘député indépen- dant Fabien Roy. Le Par- ti québécois a désigné M. Raymond Boisvert, indus- triel de37ans qui est direc- teur de plusieurs entrepri- ses dans la région. Les libéraux sont représentés par le notaire Hermann Ma- thieu, de St-Ephrem. NOUVEAU REGIME LIN- GUISTIQUE POUR LES PRODUITS CULTURELS Le gouvernement de M. Levesque a approuvé d’im- portantes modifications a Yapplication de la charte de la langue francaise (loi 101) en ce qui a trait au commer- ce des biens et aux échanges dans le domaine culture) . (livres, revues, films, bandes magnétiques, disques, spec- tacles, cours, discours, sémi- naires, conférences,: émis- sions de radio et de télévi- sion). Désormais, en vertu d’un réglement approuvé par le Conseil des ministres et paru dans la Gazette officielle, ces biens et pro- duits sont placés sous un régime d’exception qui per- met de les présenter et de: faire de la publicité en anglais ou dans d’autres . langues tout en respectant l'esprit de la loi 101 qui fait du frangais la langue officiel- le du Québec. Préparé par l’Office de la langue frangai- se, ce réglement assouplit les dispositions de la loi 101 sur les inscriptions sur les pro- duits, la publicité commer- ciale et l’affichage public. ECRITURE FRANCAISE M. Antoine Naaman, pro- fesseur de Sherbrooke, au Québec, vient de lancer une nouvelle revue sous le titre “Ecriture francaise”. Son ambition est d’étre le.porte- parole des auteurs franco- phones dans le monde. Le © succés semble assuré, car monsieur Naaman est déja reconnu comme un impor- tant éditeur pour les auteurs de la francophonie hors de France, qu’ils soient d’Afri- “que, du Moyen-Orient, des Antilles, de Belgique ou du Québec. La revue sera semestrielle au début et Yabonnement annuel est de six dollars canadiens. L’adresse: Case postale a Sherbrooke, Québec, Ca- nada J1H 5J7. Alors, on a déporté ce peuple. Un génocide dont le souvenir exhale une odeur de tristesse et de non- confiance au méme titre que les fours crématoires. Ce n’est pas une histoire du passé, ma chérie, puisque je vis le présent, je suis de cette race de déportés deve- nus un temps, dit-on, por- - teurs d’eaux, plaise au Ciel que je n’eusse point porté tes os, 6 trés Chair et si peu squelettique regina. What happens? ; Cette litanie sombre, je te la fais afin que tu sai- sisses dans son urgence, que moi, étant catalogué “frog” dans le peuple anglo-saxon, je veux a tout prix et pour. toujours m’échapper de ce marais fétide et écoeurant. Ma trés impériale, j’écou- tais le récit haineux d’un vétéran d’une des derniéres guerres me reprocher notre pseudo lacheté, puisque nous, les Canadiens-frangais, semblions rétifs 4 aller se faire casser la gueule pour la sauvegarde de |’Empire. Sauver quoi? 6 trés sourian- te momie, sauver ceux qui mettaient aux orties notre culture, ceux qui nous criaient le “speak white”, Sauver ceux qui nous met- taient aux rangs des dému- nis, des infirmes, des muti- lés culturels, allons donc, ma grosse farceuse, un peu de cet “impeccable” respect. Ma trés botanique, dans ce Victoria plein de fleurs, lignorance insultante fleurit abondamment. A SUIVRE Pour vous faire part de ma profonde indignation Ottawa, le 12 juillet, 1979 Mor Gerald Emmett Carter Archevéché de Toronto Toronto, Ontario Cher concitoyen, Je vous laisserais volon- tiers jouir de |’été, coiffé de votre nouvelle barrette en vaquant a la protection de la justice et de la charité com- me vous’ prétendez qu’un prince de'l’Eglise doit le faire. Mais voila que -les baliver- nes que vous lancez aux fran- cophones de ce pays (une invitation a Se Jaisser . assi- miler) “me semblent : d’une logique’ si lamentablement caduque que je ne puis con- tinuer la vie dans mon hamac sans vous faire part de ma profonde indignation. . — A un moment décisif de I’histoire de notre pays, ou” un million de francophones hors Québec se posent la question de fa _ légitimité d’appeler le Canada leur pays, ou les Franco-ontariens exigent . justice (appuyés entre autres par le N.P.D.) un représentant de |’Eglise vient d’un -geste laconique détruire le bien fondé de cet- te lutte. Ce qui dépasse les bor- nes, c’est l’apitolement que vous manifestez pour le sort qui attend les pauvres anglophones. du Québec qui doivent apprendre le frangais et dont les enfants risquent d’étre éduqués en francais! Comment, et pour combien de temps encore, pourrez-vous continuer a employér deux poids, deux mesures, défiant toute lo- gique ou faire montre d’une incompréhension _ voulue. Comment, sans perdre la face et votre crédibilité, pouvez-vous pleurer le sort des anglophones du Québec et en méme temps refuser ces droits aux francophones hors Québec. . Votre déclaration est une illustration frappante de cette mentalité pour qui les Canadiens frangais ne sont que des citoyens tolérés pour autant. qu’ils restent tran- quilles. (C’est d’ailleurs une des raisons pourquoi vous et vos comparses detestez le gouvernement P.Q.,~ puis- qu’eux .ne. chantent plus la: douce mélodie de subor- donnés.) : Vous défendez le triste Mgr Fallon en disant que les historiens n’ont. pas en- core fait honnétement son procés. Il y a pourtant une autre forme de procés, I’his- toire vécue, I’histoire de souffrance, d’humiliations, de lutte de tant de Franco- ontariens qui ont déja péni- . blement fait son procés. ‘‘Il voulait éviter une génération qui ‘ne posséde pas de lan- gue’’, dites-vous. Ces af- firmations sont une insul- te aux francophones vivant dans ce pays, dans cette province. Comme -si le frangais n’est pas une langue comme si le fait d’étre fran- cophone dans ce pays est une maladie qu’il faut gué- rir le plus vite. possible par... _Vassimilation. C’est aussi’ ignorer magistralement |’ex- plosion de vitalité des com- munautés francophones a travers la province. Voyez-vous, ce sont des propos comme les vétres qui, pour nous francophones, : mettent de pilus en plus en doute la possibilité du dia- logue honnéte et sincére sur ce qu'on appelle le Ca- nada et la crise constitution- nelle. : Paul de Broeck C.P. #6, R.R. #1, Rockland Extrait de BONJOUR CHEZ-NOUS Rockland, Ont. NDLD. Dans une récente entrevue avec un reporter ‘du DEVOIR, Mgr. Carter, nouvellement nommé Cardi- nal, suggérait que les Cana- diens-francais hors Québec devraient se laisser assimi- ler a la majorité anglophone. le droit a une enfance heureuse 1979: Annee Internationale § de ’ fEnfant . Unicef Can ada @) Nos lecteurs nous écrivent Excellente suggestion Chers amis, Je vous envoie ci-joint ‘mon chéque pour une autre année de votre journal. J’ai lu avec étonnement cette lettre de la dame de Seattle, quis’est plaint de recevoir son journal avec dix jours de retard. Elle devrait plutét s’en réjouir. Les miens n’arrivent qu’avec deux ou trois semaines de retard, ou davantage. Et jhabite plus prés de Vancou- ver qu'elle. J’ai discuté l’affaire avec les postiers ici et l’on suggé- re que les fonctionnaires de la poste dans les deux pays, ne parlant pas frangais, trai- tent le journal comme «junk ‘mail« au lieu de courrier de deuxiéme classe. Ne pour- riez vous pas imprimer, dans des caractéres gras, en an- glais, «SECOND CLASS: MAIL>» tout prés du nom des destinataires? Moi aussi j’aimerais avoir mon journal assez tot pour Lecteur satisfait Messieurs, Nous avons beaucoup de plaisir de notre «Soleil». - J’aime particuli¢rement les mots-croisés, et les articles en série comme: «L’homme le plus fort du monde», et _ «Athabasca, terre de ma jeunesse». J’ai eu grand plaisir a lire les articles de Keith Spicer et de Roger Dufrane. Je lis avec intérét la page éditoriale, etc. etc. - le journal tout entier est bien fait et instructif. Meilleurs voeux de succés. W.M. English Victoria, C.B. pouvoir choisir les émissions de télévision que je veux voir. Maintenant cette par- tie du Soleil ne sert que de me montrer toutes les cho- ses merveilleuses que j’ai manqué de voir: Bien a vous, David Richardson Eastsound, Wash. Etats-Unis. N.D.L.R. Nous avons immé- diatement suivi_ votre conseil. Merci! Exemple da suivre Selon votre article de votre édition du 12 juillet 1979, demandant quel jour nous recevons notre journal, c'est toujours le lundi. Nous n’avons jamais recu notre édition le vendredi. Espérant que le service postal pour notre district s’améliore et que nous puis- sions recevoir notre journal le vendredi. Merci et bien a vous, Roger Peloquin Delta, C.B. Régionalismes - Cher rédacteur: — Je m’excuse d’étre en re- tard mais ici inclus mon dix piastres pour mon renouvel- lement. R. Nelson Chicoutimi’ P.Q. P.S. Les gens du Saguenay ont leurs expressions parti- culiéres: - des bobettes (shorts - sous-vétements) - des “rubber’ (les pneus) - et Ga m’gratte Répondez en francais, s.v.p. Vancouver, le 6 aout 1979 Monsieur le Premier Ministre Bennett, J’habite Vancouver depuis 5 ans et vis dans un ap- partement dans le West End. En tant que francopho- ne, je trouve qu'il y a bien des inégalités ici. Le nom de Colombie Bri- tannique que vous donnez a notre belle province veut bien dire ce qu'il veut dire: Colombie Britannique et non Colombie Canadienne. Les droits des francophones sont ici trés limités. Ce n’est cependant pas pour cette raison que je vous envoie cette lettre. Il s’agit d’une autre injustice dont je suis victime. Je suis pro- : priétaire d’un bail de 99 ans sur mon appartement. Pour cette raison, je ne suis ni locataire ni proprié- taire ce qui m’interdit de bénéficier des subventions dont jouissent la plupart des gens de cette province. J’aimerais savoir la raison qui est derriére cette discri- . mination qui touche plus particuliérement les immi- grants, les francophones et autres personnes qui veu- lent un peu de sécurité dans leur logement mais n’offrent pas assez de garantie pour obtenir un prét d'une ban- que. Je vous serais reconnais- sant de bien vouloir me répondre a ce sujet en fran- cais, une langue qui m’est chére et A laquelle il me semble avoir droit, étant Canadien. J’envoie une copie de cet- te lettre au journal cana- dien de Vancouver “Le Soleil de Colombie”. Veuillez accepter, Mon- sieur le Premier Ministre Bennett, mes respects les plus sincéres. Francis R. Andrew.