Le besoin de peindre C'est le besoin urgent d’explorer leslimitesde sonimagination, ou comme il aime souvent le dire, de son subcons- cient, qui le pousse, en 1956, a recouvrir de peintures figuratives les murs de sa maison. Parla suite, Villeneuve continue a peindre, en s'inspirant de ses réves et de ce qu'il appelle «ses visions», des toiles ou le fantastique cotoie le réel dans un monde plein de couleurs. Dans ses toiles, l’espace est le plus souvent oc- cupé par des personnages, des paysa- ges urbains ou ruraux et des animaux minutieusement illustrés. Parmi ses oeuvres, plusieurs sont consacrées a des scénes prenant place dans des hépi- taux. Elles sont la marque d'un lien évi- dent avec ses années d’expérience en tant que barbieralhépital de Chicoutimi : I'Hétel-Dieu Saint-Vallier. Un musée pas comme les autres En 1959 aprés trois ans de travail, Arthur Villeneuve ouvre sa maison au public. Sous son pinceau, elle est deve- nue un immense tableau. Chaque centi- métre carré de la surface des murs est recouvert de peintures illustrant divers sujets. Rien n’a échappé a la frénésie de l’artiste. Les portes, les planchers, les éviers et méme l’espace derriére le réfri- gérateur sont peints. Cette année-la, la maison de I’artiste attire plus de 2500 visiteurs. Les Villeneuve en concluent que leur demeure est devenue un mu- sée. Dés lors, ils exigent un tarif d’entrée des curieux et des amateurs d’art venus voir «la maison du peintre barbier de Chicoutimi». peintre barbier Un jour Arthur Villeneuve décide qu’exercer le métier de barbier ne lui suffit plus. Il décide donc de devenir peintre et pour cela,commence par recouvrir de fresques les murs de sa maison. Nous sommes alors en 1956. Arthur Villeneuve vient de _ commencer sa carriére de peintre d’art naif. Villmauwve 10.61, 215.89 «On a les yeux trop ouverts pour les avoir fermés» C’est ce que I'artiste aime répondre lorsqu’on I’interroge sur ses oeuvres. Villeneuve n’a ni connaissances ni expérience en techniques de peinture. D'autre part, il n'a subi aucune influence artistique par le passé. Son inspiration, il la tire donc de sa propre spiritualité. Dés le début, ses tableaux révélent une force extraordinaire qu'il appelle «le pouvoir du sus- conscient» et qui surprend les connaisseurs. Une alliée de tous les instants Lorsque Arthur Villeneuve commence a recouvrir les murs de sa maison de fresques, Héléne, sa femme, tente de tempérer la frénésie artistique de son époux, mais c'est peine perdue. Alorstrés rapidement, elle devient sa meilleure alliée en faisant chaque jour des contacts par téléphone auprés des médias et des acheteurs potentiels. Un talent qui suscite bien de la jalousie Dés qu’Arthur Villeneuve met son talent au grand jour en ouvrant les portes de son «musée de I'artiste», la population locale commence a lui causerdes ennuis. On se moque de lui, on le traite de «fou» oude «simple». Puis viennent les menaces, les coups de téléphone angoissants. On va méme jusqu’a mettre le feu au toit de sa maison, briser les portes et les fenétres. Ces attaques ; terrifiantes ne cessent _ >, ' que deux ans plus tard, i ( lorsque plusieurs artistes , réputés, marchands de journalistes respectés finissent par vanter les mérites de I'artiste. Le Soleil, mai 1994 - A3 | TT CEE ERG Arthur Villeneuve, a