S mmeniaaentraeoies Information Cette semaine, Alberta Qui sont ces francophones canadiens éparpillés d'un bout a l'autre du pays, ceux qu'on appelait jusqu’a tout récemment "les francophones hors Québec"? Qui sont ces enfants du divorce qui pourrait survenir entre le Canada, pére et pourvoyeur de l'aide financiére aux communautés de "langue officielle", et le Québec, la mére patrie? Quels sont leurs attentes, leurs espoirs, et leurs craintes face a avenir? Onziéme d'une série de quatorze articles d'est en ouest: |'Alberta. Les Franco-Albertains décideront de leur avenir Chaque matin Normand Lavoie, 14 ans, de Saint-Isidore, dans le nord-ouest albertain, fait une demi-heure de route pour se rendre 4 l’école Héritage, située dans le village voisin Jean- Coté. Ouverte en 1988, 1’école Héritage est la premiére école frangaise distincte en milieu rural d’Alberta. Dans la région de Riviére-La-Paix, il n’est pas rare que des enfants fassent jusqu’a une heure en autobus, matin et soir, pour pouvoir fréquenter cette école. «On est fier de notre école,» dit Normande Bouchard, prési- dente de la section régionale de Riviére-La-Paix del’ Association canadienne-frangaise de |’ Alber- ta. Pire que l'assimilation, la nouvelle crainte des Franco-Albertains est de __ servir de monnaie d'échange dans le cadre oeteenddes. présentes négociations. . constitutionnelles. -- Depuis septembre 1991 ~ Vécole Héritage, qui occupe un vieux batiment beaucoup trop petit, ~~ eSt aux prises avec un probléme - de. surpopulation scolaire. Des roulottes ont été ajoutées pour abriter tous les éléves. Les pa- rents songent maintenant a ouvrir des écoles satellites pour les clas- ses de niveau élémentaire dans des villages voisins pour, d’une part, contrer le probléme de sur- population scolaire, et d’autre part, réduire les distances que les tout jeunes doivent parcourir pour . fréquenter |’école francaise. Il y a maintenant 8 écoles frangaises en Alberta et prés de 2000 éléves les fréquentent: un véritable «success story».. Cha- que fois qu’une nouvelle école ouvre ses portes, lenombre d’éle- ves dépasse les prévisions, sou- vent aprés seulement deux ans. En Alberta, les écoles fran- caises n’existent que depuis 1982. Pourtant, chacune a déja sa lon- gue histoire. Par exemple, l’école du ~ Sommet de Saint-Paul dans le nord- - estde la province, qui a ouvert ses portes en septembre 1990, a né- cessité une poursuite en justice contre la commission scolaire et _ le ministre de 1’Education et a _ &té, pendant cing ans, la cause - d’une des plus grosses chicanes ~ de village! Des familles ont été ~ déchirées et des voisins ont cessé de se parler. Au plus vif du débat, le promoteur du projet, Léo Van- Brabant, un agent d’assurance, a méme perdu des clients et son chiffre d’affaires a baissé. La plupart des clients qui ont boycot- té M. VanBrabant étaient des francophones. Méme si les commissions scolaires acceptent plus facilement qu’auparavant de créer des éco- les frangaises, les 60 000 Franco- Albertains n’en ont toujours pas la gestion. Ils doivent, dans la plupart des cas, s’en remettre a des autorités scolaires anglopho- nes et quémander chaque nou- veau service. «Nous retournons devant la justice, parce que le gouverne- ment fait preuve de mauvaise vo- lonté,» explique Paul Dubé de 1’ Association Bugnet qui a gagné en 1990, en Cour supréme, le droit ala gestion scolaire pour les fran- cophones. Or, le gouvernement alber- tain n’a toujours pas déposé de projet de loi a ce sujet. Tout au plus, le ministre de I’Education, -Jim Dinning, a rendu public le rapport du Comité provincial d’étude sur la gestion scolaire, Ce comité formé de représentants de différents milieux de la province avait entériné unanimement son propre rapport. Lerapport propose lacréa- tion de commissions .scolaires sans pouvoir de taxation 4 Edmonton, - dans la région de Riviére-La-Paix, et éventuellement dans la région © de Saint-Paul-Bonnyville. Dans les autres secteurs de la province, des comités de coordination se- raient chargés d’organiser les services scolaires frangais. Le coat pour |’instauration des recomman- dations du rapport serait de 4 millions. «Des peanuts!» selon le directeur général de l’ACFA, Georges Arés. Pour sa part, le ministre Dinning a dit qu’il fallait effec- tuer plus de consultations avant de présenter un projet de loi. Des observateurs de la scéne politi- que en Alberta disent plutét que M. Dinning n’a pas réussi a con- vaincre les «rednecks» du caucus conservateur. «Nous allons poursuivre non seulement pour faire chan- ger les choses, mais aussi, nous allons demander une compensa- tionfinanciére,» précise M. Dubé _ Lespolr: les écoles _.. C’est que les. Franca-Al-~ bertains fondent beaucoup d’es-_ poir sur leurs écoles pour contrer les ravages de l’assimilation. En Alberta, le taux d’assi- milation des francophones est de 70 pour cent. Cela veut dire que sur 10 enfants francophones nés aujourd’ hui, 7 ne parleront plus le frangais a l’adolescence. Ainsi, des villages franco- phones comme Beaumont ou Morinville, en banlieue d’Edmon- ton, ot les francophones en sont rendus a la troisiéme génération, n’ont souvent de frangais que le nom. Les ainés parlent le fran- ¢ais, mais la plupart de leurs pe- tits-enfants ne les comprennent pas. «Depuis qu’ onaeul école Héritage» constate Roméo La- voie de Saint-Isidore, le pére de Normand, «on dirait que les jeu- nes font plus d’ efforts pour con- server leur francais. Je trouve que mon gars le parle beaucoup plus qu’ avant.» Pourtant dans les corridors des écoles francaises, la langue anglaise est toujours trés populaire. «Les adolescents préférent la culture anglaise ou américaine, parce qu’ ily atrés peu de choses qui s’adressent a eux en fran- cais,» explique Pierre Bourbeau de la Fédération jeunesse del’ Al- . berta. Pas une monnaie > d’échange Pire que l’assimilation, la ‘nouvelle crainte des Franco-Al- bertains est de servir de monnaie d’échange dans le cadre des pré- ‘ gentes négociations constitution- nelles. «On pourrait tout perdre» craint Mme Levasseur-Ouimet. «Ce gouvernement (conservateur) ne s’ est jamais moniré trés géné- reux envers les francophones. Ce n’ est pas demain qu’ il le sera.» "Vous comprendrez que s‘il fallait que la culture et les droits des minorités de langue officielle deviennent des juridictions provinciales, ce ne serait pas dréle pour nous." Le gouvernement albertain a déclaré la province unilingue anglaise en 1988 & la suite du jugement Mercure de la Cour supréme du Canada, qui recon- naissait la validité d’une clause sur le bilinguisme des législatu- res et des tribunaux de la Saskat- chewan et de}’Alberta..Dans son |}-> > - jugement, le plus haut tribunal au ‘pays avait toutefois offert une porte de sortie aux parlementaires pro- - vinciaux en suggérant d’adopter - une loi, bilingue, faisant de 1’an- ee SERA. Shy ea sr ‘ r Le Soleil de Colombie glais la seule langue officielle de l’Assemblée législative et des tri- bunaux. Il est toutefois possible de prendre la parole en frangais a l’Assemblée législative, grace a la désormais célébre affaire Pi- quette. Léo Piquette est ce dépu- té néo-démocrate 4 qui le prési- dent de la La présidente de l ACFA croit qu’il faudra serrer les rangs chez les francophones de la pro- vince parce que, selon elle, il ne faudra plus compter sur le gou- vernement fédéral, et encore moins sur le Québec, pour protéger les minorités francophones hors ‘Québec. Chambre avait interdit de par- ler en francais pendant la pé- riode de ques- tions. Evidem- ment, cela avait «Etre franco- phone en milieu minoritaire, ¢a veut dire s’ enga- ger a fond dans sa communauté. soulevé tout un . émoi dans la communauté fran- cophone et dans le reste du pays. : «Vous comprenez que s’ il fallait que la culture et les droits des minorités de langue officielle passent sous juridiction provin- ciale, ce ne serait pas dréle pour nous,» raconte Mme Levasseur- Ouimet. L’appui a la Charte cana- dienne des droits et libertés a diminué grandement chez les an- glophones de la province. Plus précisément, les droits des fran- cophones hors Québec définis dans la Charte ont méme été remis en question & plusieurs reprises, notamment dans le cadre des audiences du Comité de la légi- slature provinciale sur la consti- tution. . ; Entre-temps, les négocia- tions se poursuivent avec le gouvernement fédéral en vue d’une entente Canada- communauté. «Ca ne va pas vite, mais je garde bon espoir,» dit Mme _ Levasseur-Ouimet, qui négocie au nom de la communauté. «On va y croire quand on va le voir.» Certains croient que le gouvernement fédéral va signer cette entente rapidement pour acheter le silence des Franco- Albertains au cours des prochai- nes négociations constitutionnelles. «A choisir entre nos droits et del’ argent,» affirme Mme Levasseur-Ouimet, «il est évident que je suis en faveur de nos droits.» C’ est beau da’ avoir des droits, encore faut-il en prendre la responsabi- lité. Nous avons notre avenir en- tre nos mains. A chacun d’ entre nous de choisir entre le confort et l action.» Denis-Martin Chabot Denis-Martin Chabot est journaliste 4 Radio-Canada Ed- monton. : @ Detence Construction — ed | cores ae Cansda Les SOUMISSIONS SOUS PLI CACHETE, pour le(s) projet(s) indiqué(s) ci-dessous seront re- gues.’ l'adresse ct!’ heure indiqué - sur la es de soumission. Dossier: ES 199 05 bfc Esquimalt, (Colombie- -Britan- - nique). Enlévement de l'amiante et application du nouveau isolant. Date de fermeture: ‘Le mardi 28 janvier 1992. Dépét pour documents: Nil Les documents de soumission sont disponibles au bureau de Cons- truction de Défense Canada, Otta- wa, Ont., K1A 0K3, tél.: (613) 998-9549 ou fax (613) 998-1061, sur présentation du dépdot appro- prié. : Les documents de soumission peuvent étre examinés aux bu- reaux de CDC 4 Victoria et sur rendez-vous au bureau de chan- tier de CDC. Canada pail Malt sols eel tree As PONT, 203B-2678 ouest, rue Broadway, Vancouver, CB, V6K 2G4 “Louise Morin 734-7312 Vendredi 17 janvier 1992