Le Moustique La Galerie Tretiakov Riche homme d'affaires moscovite, Pavel Tretiakov fut toute sa vie un collectionneur passionné. II ouvrit sa galerie personnelle en 1856 a tous ceux qui trouvaient plaisir a la peinture. Quand il fit don de ses collections a la ville de Moscou en 1892, elles comprenaient 1287 toiles, plusieurs centaines de dessins et 9 sculptures. Ce qui distingue Pavel Tretiakov des autres amateurs d'art de son temps, c'est qu'il ne collectionnait que les ceuvres d'art russes. II n'achetait que ce qui lui plaisait, et comme il était doué d'un goit trés sar il acquit tout ce qu'il jugeait novateur et valable dans lart russe, méme contre les avis des critiques et malgré la censure de l'époque. A part la peinture académique qu'il ne prisait guére, les meilleures ceuvres des XVille et XiXe siécles se retrouvaient dans sa galerie située rue Lavrouchine a Moscou, la ou elle se trouve encore aujourd'hui. Nationalisée en 1918, la Galerie Tretiakov devint propriété de Etat soviétique et s'enrichit alors de nombreuses oeuvres confisquées aux collectionneurs privés. Aujourd'’hui elle contient plus de cent mille objets, mais surtout des ceuvres russes de tous les siécles, des icdnes du moyen age aux ceuvres du XXe siécle. La Galerie Nationale Tretiakov est devenue en outre au cours des années un centre important de restauration et elle posséde également une des bibliothéques spécialisées sur l'art parmi les plus riches de Russie avec plus de deux cent mille ouvrages. Lors d'un voyage en Russie en juin de cette année j'ai eu l'occasion de visiter les salles de la Galerie Tretiakov consacrées aux XVille et XIXe siécles. Le XVile siécle marque un tournant fondamental dans |'évolution de lart russe. C'est a cette époque que la peinture profane succéde a celle des icdnes et des fresques d’églises. Volume 5 - 9e édition La Russie du XVille siécle subit de grandes transformations grace a Pierre ler, dit Pierre-le-Grand. Curieux de connaitre d'autres formes de vie, il essaye d'occidentaliser la Russie. C'est lui qui en 1703 fonde Saint-Pétersbourg qu'il veut batir dans le style d'Amsterdam. Pierre-le-Grand permit a de jeunes peintres d'aller s'instruire a _ l'étranger grace a des "bourses" d'Etat. Sous l'influence européenne, en particulier italienne, la peinture russe élargit sa vision. ; Quand l'Académie des Beaux-Arts sera fondée en 1857, les artistes pourront se familiariser avec tous les genres et formes d'art contemporains en peinture, arts graphiques, sculpture, architecture. Dans les sujets nouveaux qu'aborde la peinture, il y a les themes de [histoire universelle. Ainsi, A. Lossenko peint "Les adieux d'Hector a Andromaque"(1773), M. Poutchnikov "La mort de Camille, sceur d'Horace"(1787), |. Argounov "L' agonie de Cléopatre". Les peintres se lancent dans l'art du portrait pour célébrer les personnalités de l'Etat russe. Le plus célébre dans ce domaine sera |. Nikitine envoyé en Italie grace a une bourse. Il avait fait le portrait de son bienfaiteur Pierre-le-Grand et fit celui de la sceur favorite du tsar, N. Alexandrievna (1715-16), et de quelques notables comme celui du chancelier G. Golovkine (1720). Vers le milieu du XVille siécle, des ceuvres plus intimistes révélent davantage les sentiments des modéles qui ne sont pas tous de la haute société. ISSN 1496-8304 Septembre 2002 A. Antropov fait un portrait de l'assesseur de collége D. Boutourline et un de sa femme A. Boutourlina(1763) dans lesquels une réserve digne remplace le raffinement des portraits de princes. Dans la deuxiéme moitié du XvVille siécle s'imposent les noms de D. Lévitski, de S. Chtchoukine et de V. Borovikovski. Ce demier excelle dans les petits portraits intimistes comme dans celui de M. Lapoukhina(1797) qui acquiert une émouvante dimension lyrique. La simplicité de la robe blanche, le charme et la grace de la jeune femme, son naturel, la souplesse des lignes rappellent le sentimentalisme et la sensiblerie également présents dans la littérature de la fin du XVille siécie. (a Suivre) Evelyne Voldeng portée disparue. La poésie est en deuil Paul-Frangois Sylvestre, L'Express de Toronto, N°27, p.7, semaine du 9 au 15 juillet 2002. L’Ontario frangais a-t-il perdu une de ses voix poétiques les plus accomplies? La poéte, romanciere et essayiste Evelyne Voldeng est portée disparue depuis le 1er juillet. Franco-Ontarienne d’adoption, cette écrivaine était friande d’échanges eee a suivre en page 4 3