VOL. 4 NO. 2 VENDREDI 14 MAT 1971 ‘Enregistrement de 2éme classe 0046 Le sinistre de St-Jean-Vianney nant qu'il n’existe plus aucune crainte de glissement. 4 Saint-Jean-Vianney, on profitera de la fin de’semaine pour faire le point sur la situation, se repo- sécurité. par Jacques GAGNON. envoyé spécial de LA PRESSE SAINT-JEAN-VIANNEY — Mainte- ser un peu et réfléchir sur les mesu- res a prendre pour l’avenir. Comme il est évident que les gens refuseront de se réinstaller dans le quartier affecté par les éboulements qui ont entrainé 31 pertes de vie,” peut-etre 33, et la disparition de 42 maisons, les autorités étudient la pos- sibilite de démeénager certaines mai- sons dans un autre secteur de la mu- nicipalité ol ils: se sentiront plus en La Société centrale d’hypothéques et de logement, qui absorbera la plus grande partie des pertes, a fait savoir quelle pourrait également deéfrayer les cofits de déplacement des maisons les plus rapprochées du gouffre. ll faudra évidemment attendre les | & conclusions des expertises présente- ment en cours et qui détermineront avec précision le secteur qui restera dangereux. Appel au calme En attendant que les mesures soient officiellement annoncées, les autorités demandent aux gens de se calmer et de ne pas effectuer de transactions sous l’influence des événements qui ont débuté dans la nuit de mardi a mercredi. Les profiteurs sont deja a Yoeuvre et offrent d’acheter des mai- sons a des prix dérisoires. Ils savent fort bien que des personnes, de crainte de tout perdre dans un nou- veau glissement de terrain, sont pre- tes a liquider leur domicile pour un faible pourcentage de sa valeur, ju- geant cela préferable au fait de tout perdre. Nombre d’autres .citoyens ont révelé quwils iraient jusqu’a donner leur mai- son au lieu de retourner habiter dans le village de Saint-Jean-Vianney, ou Le R.P Bélanger Le R-P. Bélanger est toujours resté au service de la Paroisse depuis son arrivée, il y a 25 ans. Vous pourrez trouver la liste des autres Péres qui ont travaillé 4 cette oeuvre depuis les débuts jusqu’A maintenant, dans le résumé historique que nous vous présentons dans les pages centrales (p. VII 4 X). Le R.P. Zéphirin Bélanger, s.s.s., fut 1’un des fonda- teurs de la Paroisse Saint-Sacrement. Pendant 21 ans, il exerga son ministére 4 Chicago. La Province amé- ricaine prouva sa sympathie 4 la paroisse naissante en lui envoyant cette recrue de qualité. Arrivé 4 Van- couver en novembre 1946, il se consacra avec un dévoue- ment optimiste 4 tous les travaux qui lui furent confiés. Il fut responsable de la fondation de 1’école Saint-Sacrement. Lorsque la terre s’est ouverte, 4 Saint-Jean-Vianney, dans la soirée du 4 mai, 30 personnes qui voyageaient dans un autobus ont A peine eu le temps d’en sortir avant qu’il ne dispardt dans un gouffre béant, of on le voit encore. Le chauffeur, qui le premier eut cons- cience du danger et fut le dernier 4 sortir par la porte d’urgence, A l’arriére du véhicule, a eu lui aussi la vie sauve. ils ont connu des heures tellement pé-!! nibles. D’autres disent qu’on leur He egos frirait un chateau érigé sur du roc so- lide a Saint-Jean-Vianney et qu’ils n’en voudraient pas. Eux aussi sont} des cibles de choix pour les exploi-| teurs. Des representants municipaux ont 'recommandé a ces personnes de pa- ‘tienter un peu encore, de ne pas dés- espérer parce qu’on ne négligeait rien pour sassurer qu’ils perdraient le moins possible a la suite du sinistre. Fonds de secours Entre-temps, les dons et les secours continuent d’affluer. Cependant, comme il existe encore une certaine confusion dans ce domaine, les res- ponsables planifieront pendant la fin de semaine et tenteront d’ameéliorer le systeme. Le juge René Boudreau qui est président du fonds de secours aux sinistrés de Saint-Jean-Vianney a de- mandé 4 toutes les personnes intéres- sées a contribuer a ce fonds d’atten- dre a lundi alors qu’on lancera une campagne mieux structurée, avec un objectif de $1 million. Le juge Boudreau a suggere aux groupements qui ont organise ces souscriptions de déposer l’argent en sécurité. jusqu’a lundi et d’attendre les \directives qu’on leur dopnera a ee} ‘moment. Hier, les nouvelles étaient on ne ipeut plus encourageantes et, pour la lpremiére fois depuis le début du; ldrame, on peut parler d’optimisme. | Des le début de la matinée, Linge- |nieur-géologue Jean-Yves Chagnon, du lministere des Richesses naturelles, était en mesure de déclarer le phéno- mene a Vorigine du glissement de ter- rain et que le niveau de eau était baissé dans le cratere. Quelques mi- nutes. plus tard. Je Dr Pierre Laro- chelle, professeur en genie civil de 1"U- niversité Laval, annoncait qu'il allaif jdescendre dans le cratere pour proce+ der a des expertises dans les sae qu'il avait precédemment décelées a Yoccasion dune tournée d’inspection en hélicoptere. Le Dr Larochelle est descendu dans l'abime, y a passé deux heures, et son retour, il annoncait la nouvelle gue tous attendaient sans trop y croire: Saint-Jean-iVianneyl est hors \de danger. ‘ Il était midi. Cela faisait 61 heures que la population vivait dans 1’an- goisse. Par la suite, des soldats pou- vaient descendre dans l’abime. Ils ont fouillé tous les débris, cherché dans toutes les maisons, jusqu’a la riviére Saguenay, et n’ont retrouvé le corps d’aucune autre victime.