Le vendredi 24 avril 1998 3 « Ecrire pour les jeunes : le plus beau métier du monde » Avril... le mois du délire ! nous revient cette année avec encore plus de beaux messages dauteurs & trans- mettre & nos jeunes, question de leur donner le gotit de Ia lecture et de Vécriture. Dix auteurs/illustrateurs francophones parcoureront la Colom- bie-Britannique avec l’intention livres- que de rencontrer les éléves des programmes d’immersion en frangais et francophone. our le plus: grand plaisir des jeunes, et des moins jeu- nes, passionnés de la littérature jeunesse, Suzanne Nepveu, ainsi que toute l’équi- pe d’ Avril... le mois du délire !, nous font du charme pour une cinquiéme année consécutive en nous concoctant une petite recette de mots qui tourne en une véritable piéce montée. En s’associant A des auteurs aussi réputés qu’Yvon Brochu, Marie- Danielle Croteau, Angéle Delaunois, Dominique Demers, Sylvie Viviane Julien, Lucie. Raymond Plante, Paul Roux et Mireille avouerez qu’il est difficile de Desrosiers, Villeneuve, vous manquer son coup. Cette année, on retrouvera au menu des activités étalées sur plus d’un mois, offertes sous forme de 200 présen- tations, rencontres et ateliers d’écriture, touchant prés de 12 000 éléves et 350 ensei- gnants des niveaux élémen- taire et secondaire. Ne voulant pas laisser le grand public en reste, quatre événements ont été organisés pour cette clientéle. Le premier s'est déroulé le 4 avril avec la premiére de la projection du film Viens danser... sur la lune !, le dernier long métrage de la série populaire « Contes pour tous » de Rock Demers. Linvitée — spéciale pour Voceasion était nul autre que Pauteure du livre tiré du film, Mme Viviane Julien. Le 18 avril, c’est dans une salle de la Bibliothéque centrale de Vancouver que Yauteure et —_journaliste Dominique Demers donnait une conférence sur « L’art @écrire pour les jeunes ». Le 23 avril, ce sera au tour de Marie-Danielle Croteau, bien Colombie- connue en Papineau, Britannique, entre autres pour ses chroniques hebdomadaires le vendredi matin sur les ondes de Radio-Canada racontant son périple, en voilier, vers l’Amérique du Sud, de nous présenter son dernier roman Mon chat est un oiseau de nuit, roman qui s’inscrit dans la série Fred. Finalement, le bédéiste Paul Roux fermera la boucle en offrant un atelier intitulé « La BD : un outil pédagogique >», le samedi 2 lal 4 la mai, également Aa Bibliothéque de Vancouver. UNE LITTERATURE < PLUS > C’est en ces termes que Pécrivaine et journaliste Dominique Demers a décrit la littérature jeunesse lors de la conférence du 18 avril dernier « L’art d’écrire pour les jeunes ». Longtemps considérée comme étant une littérature « moins », littérature la jeunesse a désormais fait ses preuves. Des Shae as Dominique Demers, écrivaine et Journaliste auteurs, tels que Mme Demers, ont dailleurs contribué «A donner & ‘cette littérature de noblesse. « Ecrire pour les émergeante ses lettres jeunes, c’est le plus beau métier du monde. La littérature jeunesse c’est une littérature “plus ”. On est confronté, en tant qu’auteur, aux deéfis narratologiques, _artistiques, défi supplé- mentaire que |’on s’adresse véritablement A des différents de nous. Les jeunes avec en plus le étres vivent dans l’intensité. On se doit de leur transmettre cette intensité, Les jeunes n’ont pas peur de leurs émotions. I] faut donc étre capable de leur en donner. Quand c’est dréle, ce doit étre drdle au maximum, quand c’est effrayant, ils doivent réellement ressentir la peur », nous mentionne la conférenciére. Se Venue a l’écriture par le biais du journalisme, Mme Demers, qui a derriére elle une réputation de journalisme au- réolée de nombreux prix prestigieux, tels les Judith- Jasmin et René-Lévesque (pour entre autres ses repor- tages parus dans L’Actualité), a aussi exercé la profession de critique littéraire pour la littérature jeunesse au quoti- dien montréalais Le Devoir et enseigne, toujours dans le domaine de I’écriture pour le public des jeunes, a PUniversité du Québec a Montréal. « J'ai vraiment eu la de m’intéresser & la littérature chance commencer & jeunesse a ses tous débuts au Québec. C’était vraiment une période d’dge d’or », nous dit- elle. Les raisons qui l’ont poussée a écrire des romans destinés 4 la jeunesse sont en fait trés simples et Mme Demers nous les expliquent avec beaucoup d’humour. « Méme si je connaissais bien la littérature jeunesse et que j’avais une foule de livres & la maison, je me suis retrouvée en camping avec mes trois enfants par une journée plu- vieuse. Sans jeu et sans livre, nous avons décidé de raconter des histoires, question de pas- ser le temps et de m’empécher de les découper en petits mor- ceaux. Quand j’ai eu fini de raconter mon histoire, mon fils m/’a dit que je devrais l’écrire. Les enfants sont gourmands de mots. Pour mon premier récit, que j'ai d’ailleurs envoyé A mon éditeur sous un nom d’emprunt (je ne voulais pas que l’on associe mon nom d’écrivaine & celui de journa- liste), je me suis inspirée d’une histoire qui est arrivée A mon fils Alexis, alors Agé de 6 ans. Un soir, Alexis est arrivé a la maison, le coeur A l’envers, parce qu’il était... en amour. En m’inspirant de son histoire, jai écrit Valentine picotée. » Lors d’un sondage mené par Communications jeunesse auprés de 70 000 jeunes du Québec portant sur leur livre préféré, Valentine picotée a remporté la palme haut la main. « J’ai regu beaucoup de prix et mentions d’honneur pour mon écriture, mais celui- la reste le plus beau, le plus cher & mon coeur », nous avoue Mme Demers. Passer de la critique litté- raire & l’écriture de romans lui faisait également peur. « Je sentais que j’avais une énorme responsabilité. Faire passer un message, mais sans toutefois tomber dans la morale. C’est ce que j'ai tenté de réaliser avec des livres comme Toto la brute et Marie la chipie. J avais peur également de ne pas réussir & capter l’attention des lecteurs. En tant que jeune, si tu lis trois livres “ plates ” de suite, c’est fini, tu choisis la TV, le Nintendo », déclare-t-elle en riant. Elle poursuit en disant qu'un « écrivain c’est un voleur d'idées et que raconter des mensonges c’est facile quand on a le temps de se préparer ». A ce propos, Mme Demers aime vraiment transmettre le goat de l’écriture aux jeunes. Elle yeut que les jeunes puissent trouver du bonheur dans l’écriture, que ce soit comme métier ou comme passe-temps. « Etre écrivain, c’est un peu de talent, bien sar, mais beaucoup de travail, de réécriture par exemple, et de la connaissance de_ certaines techniques », ajoute-t-elle. Avec ses 10 romans pu- bliés pour la Dominique Demers rejoint toujours les jeunes, que ce soit Penfant de 7 ans avec une histoire d’amour amusante, le jeune de 11 ans qui aime beaucoup Charlotte, I’étrange bibliothécaire ou encore une 7 Domintovr Demers jeunesse, Maina Bosses laweerqes adolescente de 15 ans qui se retrouve dans Maina, |"héroine de la préhistoire chassant le caribou, et elle réussit A faire oublier aux jeunes, plongés dans leur lecture, que c’est Vheure de leur programme préféré & la télé. C’est ce que ~ jappelle du talent... JOHANNE CORDEAU