L'ENVIRONNEMENT par André CHOLLAT Dés les premiers beaux ours, on observe, comme: chaque année, dans tous les jardins (sinon de la pro- vince, de la région tout au moins), une ruée populaire vers la Nature:¢’est 4 qui, armé de pelle, béche, four- che ou plantoir, sécateur et cisaille, pulvérisateur ou poudreuse, aura le plus de zele. on plante ou trans- plante, coupe et mutile, empoisonne et fertilise dans un méme élan! ~* C’est une revanche sur la Nature pour toutes ces se- maines hivernales que nous avons passées 4a l’intérieur. C’est notre souci de domi- nation: le moment de prou- ver que nous sommes les maftres 4 bord! Bien que neuf fois sur dix, nous pourrions constater que ce jardinier d’occasion, si décidé dans son action, n’a aucune idée de ce qu’est la Nature, il n’en est pas moins décidé d’organiser ‘‘SA”’ Nature. autour de chez lui! Devrait-il étre blamé pour cela. Certes non, n’est-il pas plein de bonne volon- té pour compenser sa. pro- fonde ignorance. Cette constatation m’améne cependant 4 citer le poéte Anatole de Montesquiou a- vec la conclusion d’une de ses poesies: ; Amoureux qui, de vos ou- vrages * Vantez 1’énorme quantite Souvenez-vous donc que les sages N’estiment que la qualité. . Quoiqu’il en soit, une personne bien intentionnée me faisait recemment cet- te remarque:‘A quoi sert de parler d’aménagement d’ environnement en un temps ot les gens ont besoin de conseils techniques (les fa-~ ¢ons de planter, transplan-' ter, tailler, bouturer....)sur ce que toute personne’ de bon sens fait encette saison, n’est-ce pas. Soit: peu importe le but, tant qu’on a la maniére d?’ opérer! Eh bien! quelles sont donc les activités de saison: - On plante (et transplante) et on pourra encore planter sans risque jusqu’en Mai pour ce qui est des plantes en mottes (ou en pots). _- On taille les arbres frui- tiers A noyau et la vigne; on termine au plus vite lataille des arbres fruitiers 4 pé- pins (si ce n’est pas déja fait. - La taille des rosiers de- vrait étre maintenant termi- née. - Nous sommes dans la sai- son des bouturages et des semis de printemps. - C’est également la saison des rempotages, pour la plu- part des plantes en pots. * C’est un temps propice au démarrage de vos gazons, en utilisant un engrais (si possible organique) riche en matiéres azotées. * On appliquera le méme traitement 4 la plupart de “nos plantes (spécialement les plantes d’intérieur) qui ont besoin d’un surplus d’é- nergie pour se sortir de leur repos hivernal. KK EK KEK EE Pour servir au mieux le lecteur, en développant les données pratiques des acti- vités en cours, je choisirai, au cours des semaines qui suivront, les activités que je juge les plus pressantes é- tant donné la saison: planta- tion, rempotage, semis ~ et bouturage; nous revien- drons, par la suite, au su- jet de la taille (bien que ce ne soit plus alors la saison) parce que ce travail, bien souvent mal compris ou to-. talement ignoré, dépend de la connaissance que nous a- vons de la végétation en gé- néral; la saison idéale pour pouvoir observer la Nature est certes le printemps; il sera donc possible de com- prendre sans risque d’er- reur la logique et la raison de la taille. — Le patron de Yusine, & l'un de ses jeunes em- ployés : — Je le sais fichtre bien, que je “ne vous paie pas assez pour que vous puissiez vous marier. Mais un jour vous m’en remercierez ! TEL.463 -8214 Caisse Populaire de Colombie AU SERVICE DE TOUS LES FRANCO-COLOMBIENS Tous les DEPOTS et EMPRUNTS ‘sont assurés avec l’Assurance-Vie Desjardins 11978 - 224" rue, HANEY C.B. . (de l'anglais el . L’enrichissement du vocabulaire Vers 1830, les bousingots étaient les hippies de 1’épo- que. Au mot bousin, cabaret of s’enivraient les marins, ‘*to boose’’, forme vieille qui devint par la suite ‘*to booze’’: (boire beaucoup), on avait ajouté le suffixe got, pour rimer avec le nom du pape des contes- tataires républicains de cet- te époque royaliste; Victor Hugo. On parlait de bousin- goterie avec enthousiasme. Car c’est 14 le sort de cer- tains mots qui, dans le ciel: linguistique, font un petit tour et puis s’en vont, ou- bliés A jamais. Espérons qu’il en sera de méme pour les vilains mots que la mode (ou le snobisme) nous im-. pose. Ces drdles de vocables nous’ viennent surtout de l’anglais. Ils nous écorchent l’oreille et obscurcissent les phrases les plus simples de, leur lourde présence. Ils sont bien souvent inutiles. Le brainstorming est un exemple. Au lieu de cet é- nerguméne, on a choisi et adopté, 4 la 4€ Bienale de la langue frangaise, le mot. composé remue-méninges. J’ai eu moi-méme 1’occa- sion de le proposer 4 un directeur parisien d’une grosse entreprise qui I’a- dopta d’emblée pour ses pe- tites réunions de travail heb- domadaires. Au Québec, le mot drive-in a été remplacé par ciné-parc. En France, of les ciné-parcs ne sont | ef coi de Fortice det erate tancane’ vous men direz tant par Louis-Paul Béguin point encore entrés dans les moeurs, le mot anglais per- siste. Il n’est pas impossible que notre ciné-parc soit bient6ét adopté par les fran- cais. D’autre part, le design, s’il continue 4 faire des sien- nes, par sa présence dans les magazines francais, a désormais un adversaire sé- rieux. Ilexiste maintenant en France un Centre de création esthétique industrielle. La creation esthétique industrielle . ou simple- ment la création industriel- le ou encore la technique in- dustrielle est un bon équiva- lent de l’anglais ‘‘industrial design’’; se. fdesicner”” s’appelle alors, en francais, le CREATEUR INDUS- TRIEL. : L’adoption irréfléchie de termes anglais crée des er- reurs cocasses. Exemple: a- vec des billets de théatre, une firme francaise offre le service de babies sisters voulant bien sQr dire baby sitters (gardiennes d’enfants est pourtant simple). Les soeurs qu’on désire donner aux bébés, serait-ce la ver- sion francaise de la revan- che des berceaux. On réagit en ce moment en France contre l’invasion de termes anglais. De temps 4 autre, le Journal Officiel donne une liste de mots de differents domaines, de néo- logismes qui doivent doré- navant 6tre utilisés 4 la place de leurs fréres anglo- saxons. En voici quelques exemples: crédit-bail (lea- sing) fagade (fronting), en assurance), franchisage (franchising) jardinerie, (garden center), minimarge (discount house). Les deux fameux termes de 1l’informa- tique au sujet desquels les discussions trafnérent pen- dant des années: hardware et software seront désor- mais remplacés par maté- riel et logiciel. Le mot roy- alty devient redevance et le time-sharing devient tout bonnement: partage de temps. On le voit, la Fran- ce a enfin réagi contre un. envahissement dangereux de la langue frangaise techni- que par des termes anglais arrivés tels quels d’outre Atlangique. C’est bon signe. A part les mots anglais, d’autres néologismes plus heureux sont nés dans__ la langue francaise qui accueil- le beaucoup de nouveaux ve- nus en ce moment. Noctur- ne enest un, quiprend le’ sens d’ouverture des maga- sins jusqu’4 une heure avan- cée de lanuit; exemple: Noc- turne le mercredi et le ven- dredi, jusqu’A 22 heures. Les mots surgissent, sont créés, s’imposent, s’éloi- gnent, parfois réapparais- sent ou ne brillent qu’un instant puis s’évanouissent 4 jamais, dans l’univers des ‘langues humaines. x l A PHOTO par Lucien BELLIN. - be tA oF HOT 20 5G, RAP Hed UN ART Nous pourrions en discu- ter sans fin. Sur ce sujet- 1a, certaines personnes i- raient méme jusqu’A dire que n’importe quoi peut @- tre considéré comme _ une forme d’Art, méme notre journal quotidien. ‘Ces commentaires sont aussi vieux que la création des premiers clichés de 1800, @poque 4 laquelle les premiéres photographies fi- rent leur apparition. A l’heu- re actuelle, avec la techni- que qui s’améliore continu- ellement, les artistes com- mencent 4 se faire du souci au sujet de leur travail, le- quel pourrait diminuer et classer la photographie dans la catégorie des ‘copies sans Aames’’. ee Pour moi, je pense que l’art est une forme visuelle de communication et qu’il in- clut la photographie. Pour- tant, en premier lieu, cette réponse n’est pas suffisan- te car, n’importe qui, de nos jours, peut, avec un appareil photographique au- tomatique, faire une photo, et bien des gens peuvent,. sur une toile, peindre quel- que chose. ~ Alors, devrions-nous ap- peler un de ces passe- temps Art, et l’autre non. Que devons-nous regarder.. Celui qui photographie ou celui qui peint. Ont-ils fait ressortir, l’un ou l’autre, quelque chose qu’ils ont res- senti, ce qui devrait étre la régle pour définir un travail comme piéce d’art, c’est-a- dire si la personne qui re- garde cette oeuvre se sent ‘*transportée’’, peut arri- _ver A se mettre sur la mé- me longueur d’ondes et res- sentir intérieurement quel- que chose que l’artiste a su ‘retenir. Voila les vraies me- sures de 1’Art, et, que l’ima- ge obtenue soit créée par un ~ appareil photographique ou exprimée sur la toile par le -pinceau, ne devrait pasfaire _ de différence. ABONNEZ-VOUS AU “SOLEIL” $7.00 par an