PROVINCE Phone 732-2222 Circulation 732-2331 Classified 732-2033 VANCOUVER, B.C., SATURDAY, SEPTEMBER 26, 1970 LA CB. GAGNE UNE VOIX FRANCOPHONE Ion G. I. Bratianu, dit Jean Brat, descendant direct de deux présidents du conseil de Rou— manie et petit neveu d’un troi— sigme est arrivé au Canada il y a seulement un an et en C.B. depuis quelques semaines. Il n’en est pas moins devenu le porte—parole des francophones de cette province. En vérité il ne pouvait refuser ce rdle en tant que nouvel édi— teur et rédacteur en chef du hebdomadaire de langue frangai— se Le Soleil de Vancouver et des appuis influents viennent le soutenir dans son effort d’élar— gir l’auditoire de son -journal, L’aide sera peut—@tre meme @tendue A une subvention finan— ciére du gouvernement fédéral, Dans tous les cas, la foi des éléments francophones de C.B. va de pair maintenant avec celle de Ion Bratianu et celle de son journal déficitaire Le Soleil. En tant que Jean Brat, jour— naliste,- Bratianu est arrivé & Vancouver au début de cet été a l’occasion d’une série de re— portages sur le fait francais pour le compte du journal de Mont— réal et d*hebdomadaires asso— cies. C*est ainsi qu*ilrencontra An— dré Piolat, découpant, faisant sa mise en page et tapant ses tex— tes & la machine; duSoleil, jour— nal de volontaires, fait & temps partiel et non professionnel dans l’arriére boutique d’une agence d’huissiers de la 15e Avenue WESte Célibataire de 57 ans, ancien __ légionnaire.de.la Légion Etran— gere Francaise (renvoyé lors— qu’ons’apercut qu’il était née & “Paris et n’avait rien 4 faire danS“unsseryice étranger ), re- mit volontiers son casse—tete journalistique au célibataire Bratianu, 41 ans, autrefois atta— ché comme correspondant de guerre A cette m@me Légion en Indochine et Algérie. Le nom _ de Ion G.I, Bratianu vint s*ins— crire en t@te des collaborateurs du journal en qualité de pré— sident du Soleil de Colombie Ltée, En dessous vint s*y ajouter celui de Jean Brat, rédacteur en chef, Bratianu—Brat avoua qu’il ne lui en cotta pas trop pour a— cheter un déficit. Piolat fonda le Soleil en avril 1968, ouvrant la concurrence 4 1’Appel, l’organe mensuel de la Fédération des Canadiens Fran— gais de C.B, dont il était lui— meme le vice président. Un tra— vail de journalisme ne peuts’ef— fectuer avec un mensuel, décla— ra—t—il et Roméo Paquette, se— crétaire général de la Fédéra— tion et rédacteur en chef de 1*Appel était trop ‘‘nationaliste’’. LONG SILENCE, En tant que rédacteur, Piolat partit & l’offensive. Des lec— teurs lui auraient demandé, é— crivait—il, comment il était pos— sible que le gouvernement Fé— deral depense $50 millions pour soutenir la cause du bilinguisme sans que rien ne fut donné au Soleil. C*était parce que, concluait—il, les fonds fédéraux devaient pas— ser par l'intermédiaire de la Fédération dont les responsables s*opposaient A toute coopération, Il mit gratuitement des pages du Soleil & la disposition de la Fédération pour y publier ses nouvelles (si, déclarait—il, elles en valaient la peine, Paquette rompit un longsilence dans 1*Appel pour affirmer que la direction de la Fédération était élue démocratiquement et non & l*instar du Soleil la pro— priéte d’un seul homme; que ‘pager le bilinguisme. l*Appel avait déjA trois ans d’existence lorsque le Soleil fit son apparition; que la porte a une aide financiére n’avait pas été fermée mais que Piolat avait demandé un accord a long terme pour acheter de 1’équipement et que cela l’aurait mené en fait A contrdler la Fédération, La bataille éditoriale quis’en— suivit prit un peu l’allure d’une controverse Europe contre Amé— rique du Nord, Quoique rési— dent au Canada la plus grande partie de sa vie Piolat avait pas— sé sa jeunesse en France, Ses trois chroniqueurs amateurs qui donnérent au Soleil la plus gran— de part de son contenu 4 l’ori— gine se composaient de deux frangais et d’un belge. Piolat et beaucoup de franco— phones européens s*’imaginent le Canada comme un dominion de la Grande Bretagne et pensent que sa langue devrait @tre 1’an— glais’? déclara l’ancien québecois A quoi Piolat rétorquait ‘* Vous n’appartenez pas & ce groupe si vous nv’étes pas catholique— romain (il lest lui—m@me) et votre peuple est arrivé ici a bord du Mayflower, ou plutdt avec Jacques Cartier’, I] ajoutait que ces canadiens francais étaient aussi bornés que les loyalistes de 1’Union de l*’Em— pire. Jean Brat et Andre Piolat Piolat langa son journal aprés avoir participé & une tentative morte—née de créer un club francoanglais dont le but était de réunir les canadiens ennemis. Le Soleil proclame que 60 p.c. de ses lecteurs sont anglais et comprend une importante distri— bution dans les écoles. Son but principal est de pro— La Fe— dération des Canadiens Fran— gais de C.B, défend les droits des Canadiens francais et plus particulitrement celui d’avoir droit aux m@mes avantages en - matitre d’enseignement subyen— tionné que ceux dont disposent les anglophones au Québec, Le bilinguisme se définit com— me le fait d%@tre de droit, un Canadien & part entitre quelle que soit la langue utilisée, Quant a la tendance nationa— liste elle se résume pour Pa— quette, comme il le dit, 2 em— pecher les Canadiens de se con— fondre & l*invitation des Etats— Unis pour mettre, au contraire, en valeur leurs différentes cul— tures, Sur ce entre en; scéne Brati— anu, auteur et écrivain (il a publié plusieurs ouvrages \ qui n’est pas catholique romain mais de religion orthodoxe. “J’ai pris de l"ge et il faut bien s’arréter quelque part de temps & autre” explique—t—il sa décision de s*installer ici. *¢Je ne sais pas combiende temps je resterai, . Il est bon de mar— quer parfois un arrét et-de ré— fléchir, J’aimerais me repenser tout en restant actif, Et ceci est un jeu passionnant, un défi intéressant. C’estaussi une belle cause 4 défendre.” ROMEO PAQUETTE La cause? Celle du Canada. ‘Nous partons du principe que notre réve canadien c’est celui d’un Canada bilingue,’’ déclare Brat. ‘‘Le fait de reconnattre ici le francais comme langue of— ficielle ne veut pas dire d’obli— ger tout le monde 4 l’apprendre, mais d’obtenir que la politique de la province vienne s’aligner sur celle des autres. Si chaque province...continue,.& dire ‘Je veux ¢a, je ne veux pas ¢a’” nous n’arriverons jamais nulle part. Il continue en indiquant que les politiciens timides devraient s*inspirer de l’exemple du Ma— nitoba ot le Premier Ministre Ed Schreyer recut un soutien unanime lorsqu‘il fit passer cet été une loi scolaire mettant vir— tuellement sur pied d’egalité l*enseignement du francais et de lfanglais dans les écoles. Né en Roumanie le 4 aott 1929, Bratianu fut envoyé en Suisse en 1944, ainsi qu’il le raconte lui—méme sous la surveillance d’une gouvernante, d’un secre— taire disposant d’une somme de 20.000 francs suisses. Son pere , Gheorghe et son oncle Constantin, étaient restes sur place, apres avoir mis en échec la politique du roi Char— les 11 et présidaient des factions rivales du parti libéral, fief vir— tuellement héréditaire de la fa— mille, L’AIL est bon pour votre:S ANTE DEMANDEZ A VOTRE DOCTEUR OU PHARMACIEN, L’ail est un antiseptique qui purifie les canaux sanguins et élimine les microbes qui causent la putréfaction, Les perles. d’ail ADAMS con— tiennent I*huile d’ail utilisée en médecine depuis de nombreuses années. Au cours des siécles, des mil— lions de personnes ont trouvé dans l’ail un reméde aux pro— priétés cicatrisantes et forti— fiantes, Conservez vous aussi force et santé! 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Il y aici 10 provinces ralliées sous le drapeau canadien, mais il y a encore, naturellement, beaucoup 4 faire, Le second éditorial de Brat résumait un discours du Secré— taire d’Etat Gérard Pelletier mettant en garde les minorités canadiennes francaises devant leur plus grave danger, celui de la division. «‘Plus une communauté est iso— lée, plus elle risque de divi— sions internes. . - et quand une communauté, & l’intérieur d’une provinceest divisée contre elle— meme cela nous paralyse’’, Un premier pas en avant s*’est effectué cette semaine et une division prend fin avec Le So— leil, incorporant 1’Appel comme supplément mensuel (qui garde néanmoins avec prudence son nom propre et sa numérotation de vo— lume). Cela ajoute environ 600 exem— plaires de plus (non dupliqués) a la circulation du Soleil, es— time Paquette,aux 2,000 pro— bables du Soleil, sur un tirage de presse de 2,100, Brat qui déclare que Le So— leil a besoin d’un promoteur a— vant d’avoir besoin d’un journa— liste est en train de faire du Soleil un effort de groupe au— tant en apparence qu’en reéalite. 9, Le Soleil de Vancouver, 2 octobre 1970 L’ancienne devise du journal “Sans peur, ni faveur”’ s’est ef— facée devant la nouvelle ‘*Pour tous , par tous’? avec laquelle Brat titre également son édito— rial. Il réunit actuellement un comité de rédaction consultant qui in— clut deux représentants de la fédération et qui devrait, comme il l’espére, contribuer au jour— nal avec des articles et des con— seils. Dans un autre effort 4 la re— cherche de partenaires, il a for— mé une alliance avec les deux autres hebdomadaires de langue francaise de 1’Ouest, [1 dis— cute des accords similaires, 2 cette heure, avec la presse eth— nique de Vancouver, Le Soleil procédera 4 sa pre— mitre grande phase d’expansion si le gouvernement approuve un programme d’achat de 3,000 a— bonnement annuels en faveur de francophones colombiens ne re— cevant pas actuellement de jour— nal se ce programme comprendrait également un sou— tien & l’éditeur lui permettant de vivre un an, La Fédération des Canadiens Francais de 1’Ouest a laquelle est affiliée la Fédération de C.B. a demandé a Pelletier $177,500, sur lesquels $30,750 seraient utilisés en C.B, pour financer ce programme de soutien journalis— tique, Une tranche plus large serait accordée aux deux hebdomadgires francais des Prairies, Le Fran— co—Albertain et , desservant le Saskatchewan et le Manitoba, La Liberté et le Patriote, La Fédération de 1*Quest dans son mémoire a Pelletier souli— gne que ces publications soute— nues par 1’Ordre des Oblats ont du faire face a un déficit de plus de $1,000,000 en 40 ans, Mais une presse francaise, re— sume le mémoire est un média de communication indispensable aux francophones éparpillés dans 1,’Ouest, Les Fédérations provinciales contrdleront les subventions d’un an, leur donnant l’impulsion né— cessaire permettant ainsia l’an— cien journaliste Pelletier de me— ner & bien cette opération de secours sans pour cela que le Gouvernement la controle, ‘‘Mais je ne pense pas qu’un journal puisse @tre dirigé si le rédacteur en chef n’en est pas pratiquement le patron’? conclut Paquette, Ion G. I. Bratianu, dit Jean Brat, voyageant avec un passe— port de réfugié politique, a peut— e@tre trouvé sa propre Moldavie et Valachie. REGULIER ET KING SIZE