Sa aT a a RT a a AO RA A Eis a pee aaa ce a a a laa a a ea a aR ea | . des Algériens. La « Mm tt ttt ttt tt tt a a 8— Le Soleil de Colombie, vendredi 16 novembre 1984 L’Algérie secouée par la révolution féministe ALGER : Par Francois Hauter Extrait du “Figaro” Sous le soleil délicieux de l'automne méditerranéen les Al- géroises, jolies et coquettes comme des Parisiennes, méta- morphosent les rues d’Alger. En salopette, tee-shirt, jeans ou jupes claires, elle se baladent tranquillement en ville et condui- sent leur voiture, plus nombreu- ses qu’a Rome. Rue Didouche- Mourane, les voiles blanchatres paraissent incongrus alors qu’hier encore ces uniformes étaient la régle dans la rue princi- pale de la ville. L’irruption de la mode — cet été a Alger les femmes se sont habillées de blanc des pieds a la téte — et apparition des corps féminins en public sont des signes : le pay- sage social de |'Algérie est en train de se transformer fonda- mentalement sous la pression d’une jeunesse formidable (60 % des Aigériens ont moins de vingt ans). Dans les tétes, pourtant, ca va moins vite : ce spectacle in- quiéte passablement les hommes algériens. A l'origine du grand chambar- dement, l’école : depuis quinze ans, On a massivement « ensei- gné les filles » dans des écoles mixtes pour la nouvelle généra- tion. Ainsi Faiza, vingt-trois ans, une trés bonne 6léve : elle termi- nera cette année sa sixiéme année de médecine. Ultra élé- gante, elle revient d'Italie ou elle a passé deux semaines de yacan- ces avec sa sceur jumelle. Elle me dit : « Des vacances seules a Vétranger, ma mére n'y aurait méme pas songé. Aujourd’ hui, ~ dans ma fac, les filles sont beau- coup plus décontractées. Nous y sommes plus nombreuses que les gargons depuis trois ou quatre ans. Et, en discutant avec mes malades, je sens que,méme chez les femmes d'un certain age ¢a bouge. » Faiza se mariera quand elle le décidera : « Je resterai chez mes parents le temps qu’il faudra. Ils sont pharmaciens et ne sont pas alarmés par un ma- riage peut-étre tardif. On discute beaucoup de ces problémes dans mon milieu. » Ga n'est évidemment pas la régie, comme le souligne Mouny, trente-quatre ans, mariée, deux enfants et journaliste : « C'est un trait de notre culture : on vit en familie, mais on n’étale pas nos difficultés de couple. Du coup, les relations entre hommes et femmes, on en parle moins ici. !I reste énormément de pudeur qu'on ne peut pas évacuer. » Mouny admet que {a génération des filles de vingt ans est beau- Deux images de la femme algérienne. coup plus a l’aise dans sa peau. Elles posent des problémes qu’on n’osait pas aborder. Et de s’insur- ger, solidaire : « Cette imagerie barbaresque que vous vous faites de nous, on en a marre! On vit ici une vraie mutation, et il ne faut pas vous baser sur les juge- ments que vous formez a travers nos immigrés en France : ils avancent souvent moins vite. Ils vivent une crise. d’identité, ils sont coupés du pays et se re- plient sur des valeurs tradition- nelles chez vous. » L’un des garde-fous importants de la so- ciété algérienne confrontée a ce mode de vie plus occidentalisé demeure la famille. « La famille, moi je trouve ¢a trés rassurant », dit Mouny. La famille? C'est d’abord la grand-mére, « de qui on des- cend » et la mére « qui décide » dans son petit cercle. Ce matriar- Cat traditionnel en Algérie se transforme lui aussi : la femme al- gérienne travaille de plus en plus, avec a la cié une possibilité d'in- dépendance financiére. La pre- miére femme ministre du gouver- nement algérien, Mme Zhor Qunoussi, chargée de la Protec- tion sociale, m’aligne gravement quelques statistiques : « En 1977, moins de 4 % des femmes en age de travailler exercaient un métier. Aujourd’hui, les femmes repré- sentent 10 % de la population ac- tive. » Choc a Sidi-Bel-Abbés | Cette explosion, évidemment, ne pose pas les mémes probié- mes en ville et dans les campa- gnes ot vivent encore la moitié libération des femmes » reste un phénoméne urbain variable selon |’importance des villes. A Gardaia par exem- ple, une oasis du Sud algérien, les femmes sortent rarement de chez: elles, méme dans “la jour- née. Dans les villes moyennes et assez bourgeoises, comme Tlem- cen (ouest) ou Constantine (est), l'évolution vient timidement. Mais de véritables révolutions peuvent secouer ces villes de province, lorsque des usines s’y installent. Ainsi Sidi-Bel-Abbés, 180 000 habitants, au sud-ouest d’Oran. Une ville calme et tradi- tionnelle, centre commercial d'une région exclusivement agri- cole, jusqu’en 1976. En 1978 Ga change : d’y implanter un complexe indus- triel, l'usine ov l'on fabrique au- jourd’hui 320 000 posites de télé par an. Des composants électro- niques aux autoradios, une grande partie de 'I’électronique grand public algérien se trouve concentrée !a. Particularité de lendroit : « l'entreprise nationale des installations électroniques » 2 Sidi-Bel-Abbés emploie 2 200 femmes sur 4 300 salariés. Du jamais vu en Algérie. Le directeur général, Moham- -™med Ghribn, la quarantaine é1é- était assimilé & une certaine dé- Pravation des moeurs. Les diffi- cultés ont duré de 1978 4 1981. On invitait les péres a venir cons- tater que le poste de travail ou la cantine n’étaient pas des lieux de mauvaise vie. La famille acceptait d’envoyer la jeune fille. Mais trois mois plus tard, celle-ci démis-. sionnait, sous.la pression de |I’en- tourage, de la famille. Nous avons recruté des jeunes filles qui avaient interrompu leurs études au niveau de la troisieme jusqu'a la premiére. |! a faliu toutes les former, des dactylogra- phes aux manipulatrices de cir- cuits intégrés. Une dépense de trois cents millions de dinars (six cents millions de francs). » L’alchimie provoquée en ville par l'usine de télé n'a pas fini de produire ses effets. « Les jeunes files ont d’abord abandonné le Cousine, Le frein le plus sérieux a une évolution rapide des rapports _couples-familles, c'est le manque de logements. Car lorsqu’il se marie, le jeune Algérien n'a guére dans les H.L.M. ou les grands im- meubles d’Alger, une certaine tradition sociale se reproduit-elle tant bien que mal. Ce qui la me- nacé, c’est qu’en ville on Et 1a, pour le jeune Algérien, rien n’est facile : comment sé- duire, ou apprendre a séduire au- trement que par des intermédiai- res familiaux ? Le sociologue Faouzi Adel raconte bien ce ma- laise des « nouveaux hommes » algériens : « La soeur, c'est déja l'étrangére qui va partir un jour, mais la femme dont nous révons et qui mobilise toutes nos éner- gies, quel jeu faudra-t-il déployer pour en devenir maitre? Le jeu de la séduction? Mais a quelle référence culturelle puiser nos armes ? Dans la romance égyp- tienne, dans la poésie chantée de nos bédouins ou dans les Somatnies désespérées du Tai? » La question était posée la se- maine demiére dans « Algérie.ac- tualité », un journal qui, en abor- dant des themes de société jusqu’alors tabous en Alaérie, Spécial voyages voile dans les ateliers, dit le di: recteur, c’était une premiére étape. » Les garcons se son: alors précipités en bandes vers les arréts d'autobus 4 I'heure de la sortie, en face de/l'usine. II < fallu les dissuader... Aujourd’hui devant cet abri de bus, deux ‘femmes sur quarante portent en- core le voile, et les jeunes gens se sont calmés. Les mariages se multiplient entre les employés de lusine et les femmes demandent ; a revenir travailler aprés leur pre- mier enfant. L'usine, quant a elle, va faire des petits : dix-neuf filia- les spécialisées: seront implantées dans d'autres villes moyennes d'ici a 1989. voisine... La fin de l’Ouest Par Roger Dufrane Il ne fait pas de doute que Vancouver, dans les années 1900 a 1910, ne fat une ville de fortunes rapides. C’avait été une cité d’aventuriers. Et les aristocrates officiers et administrateurs de Victoria ne venaient guére s'y prome- ner sur les trottoirs en bois. La ville avait brailé. Reconstruite, des fortunes y avaient poussé. L’abondance des ressources naturelles, le Canadien Pacifi- que, trait d’union entre l’Em- pire Britannique et 1’Asie y contribuaient. Des hommes intelligents et hardis, des géants, fils des bicherons du début, s'y batissaient de su- perbe villas, principalement a Shaughnessy et dans le West- End. On y admirait (il en subsiste aujourd’hui), des maisons 4 démes, vérandas, galeries, pannelées d’acajou a l'intérieur. Les jardins, par les soirs d’été, s'illuminaient de lampions multicolores. Le charme discret... — La ville dégageait une ri- gueur anglo-saxonne. Mais a V'intérieur on se divertissait. Vancouver possédait le carac- tére propre aux cités nordi- ques, ou, a part le sport, on s'amuse davantage a huis clos qu’en plein air. De 1a encore aujourd’hui, peu de terrasses aux cafés, peu de cortéges dans les rues, peu de fanfares. Qui a été recu par d’ancien- nes familles du West-End le sait bien. On sort l’argenterie et la fine porcelaine. Bourgo- gnes et bordeaux, dinde far- cie, canneberges, ‘Roast beefs et Yorkshire pudding”. Puis, une dame, jeune encore et de robe classique a col de pensionnaire, se met au piano, tandis qu'une autre, sa cousine, chante, en frangais, des mélodies de Fauré et de Lalo. Les honnétes gens de Vancouver, devenus riches, ne méprisent pas leurs origines. Plusieurs famille seraient fiéres d’exhiber dans leur blason une scie ou un mar- teau. Elles n’ont rien des nouveaux riches d'Europe, qui dressent un écran de snobisme entre les travailleurs et eux, de peur qu'on leur marche sur les pieds. A mesure que s’en vont les géné- rations, le West-End, tombe, se reléve, retombe, aux vicis- situdes de la vie. Mais le quartier reste beau par son site de verdures, au seuil du Parc Stanley, et des embarca- tions de plaisance de la la- gune. Les matins d’Automne y sont d'une fraicheur virginale, ce qu’on ne pourrait dire de tous les oiseaux qui sautil- laient sur ses trottoirs il y a quelques mois encore. Le soleil brille en ce samedi matin. Il Garesse de ses rayons quelques toiles adossées a la facade d’une maison. Nous sommes-a deux pas de la rue Davie. En face, sur le seuil d'une . église, deux vieilles dames, l’une en noir, l'autre Suite page 16 donne de I'air a !'information offi- cielle.. . 6t s’arrache dans les nité qu'on impose aux jeunes ma- riées a provoqué le mois dernier un débat passionné a Alger : titré « certifié conforme », |’article principal, d’une femme journa- liste, concluait que la virginité aboutissait a une « crétinisation par le sexe ». Des « moyens » donnaient leur avis. Une secrétaire : « La virginité est nécessaire jusqu’au mariage, je ne sais pas pourquoi... » Un des- sinateur : « Si je me marie, je préférerais que ma femme soit vierge. Mais si elle ne l'est pas... je ne la tuerai pas. » Quatre cents lecteurs ont écrit au journal des lettres pas- sionnées. « Une fille bien édu- quée n’osera jamais porter at- teinte a I'honneur de son pére », protestait « un jeune universi- taire ». « Devrons-nous un jour abandonner la vierge? », s’in- quiétait un autre. Un intégriste Clamait sa colére : « Comment avait-on laissé une femme écrire un article sur ce sujet? ». Le journal, quant a lui, n’a pas I’in- tention de renoncer : il veut lan- cer les premiers sondages d’opi- nion en Algérie. « Voyez, me dit en souriant Faiza, I'étudiante, j'ai limpression que 4es hommes ‘sont’ déja un. peu dépassés. Ce qu’on leur de- mande est pourtant simple, la so- lidité morale. Des devoirs, pas que des plaisirs. » Et Mouny, la journaliste : « Le sentiment de possession des hommes en face des femmes dépend de la facon dont les couples vivent leurs rap- Lorsque la femme est coin- cée, l'homme est également coincé en face. Et c'est toute ta lement la femme. » ~ Le Pont des Arts ressuscité Le Pont dé@s Artrreprent- én service et relie 4 nouveau la rive droite et la rive gauche de la Seine, 4 Paris, entre le Louvre et l'Institut. Pour réparer des ans 1’inévitable outrage et pour restaurer les dommages causés par les chocs répétés des convois flu- viaux, la passerelle des Arts comme on l’appelle égale- ment, a été interdite pendant cing ans a la circulation piétonne. La passerelle est aujourd’hui ouverte au pu- blic. Le Pont des Arts a vu le jour en 1804, a l’'usage des seuls piétons, mais il a été concgu dés l’an IX et ce sont des raisons techniques qui déter- minérent son emplacement dans l’axe du Palais des Arts, nom qui désignait alors le Louvre d’oi il tire son appel- -jation et de Jédifice des Quatre-Nations. Pour la dé- coration du pont, on installa le long des rampes, de petits arbustes et des plantes fleuries - héliotropes, résedas, rosiers, jasmins - qui font de ce jardin suspendu sur les eaux un rendez-vous mondain dans un cadre incomparable. Aujour- d’hui, le Pont des Arts est l’un des plus beaux lieux de pro- menade, un des plus agréables observatoires de Paris. Le pont fut congu en 1801 par Louis Alexandre de Cessart qui dessina un ouvra- ge en fer pour les arches et en Suite page 16 “VOVAGES-QUALITE. QUALITY - TRAVEL Jacques Lévy AGENT COMMERCIAL (604) 685-5247 307 -626 rue Pender Ouest, Vancouver, C.B., Canada V6B 1V9