SN Par Claire Lecompte Vingt-trois enfants font partie de la distribution de l’Opéra de Carmen mise en scéne par le roumain Lucian Pintilie et produite par l’Opéra de Van- couver. Une aventure exception- nelle pour ces jeunes qui, pour la plus grande part, en sont a leur premiére expérience du genre. Vingt-trois jeunes éparpillés dans le théatre Queen Elizabeth d’une moyenne d’ge de 12 ou 13 ans... On a cru bon leur affecter des “chaperons”. Me voici donc chaperonnant le groupe des filles. Onze demoiselles char- mantes et espiégles jouant au théatre... au théatre. Nous voici dans la_ salle dhabillage. Les jeunes filles prennent possession de ce qui leur tiendra lieu de loge pendant la durée des répétitions et spectacles qui se dérouleront au théatre Queen Elizabeth. Finies les répétitions dans la salle quelque peu exigué ot jusqu’alors elles se sont entassées avec les quelques autres dizaines de personnes de cette importante production. Deux longues rangées de miroirs ou sur chaque est posé un nom. Elles ont toutes une _ place assignée: Kyla, Alexandra, Liane, Stacie, Catherine, Martha, Michéle, Katie, Donna, Maya et Erin. Onze jeunes filles, onze noms a retenir... Branle-bas de combat: Elles découvrent leurs costumes de scéne. Ceux de l’acte premier provoquent quelques exclama- tions. En enfants de larue, les 23. jeunes, garcons et filles, se trouvent affublés d’une gabar- dine de ton foncé. Pour le reste, tout est différent, au petit bonheur Ja chance semble-t-il... la chance pour celles des jeunes demoiselles qui adoptent aisé- ment les vétements qu’elles retrouvent sous l’étiquette de leur nom. Pour les petits méconten- tements l’on voit lune des costumiéres, il y aura des échanges... Une dame du coeur explique en passant, 4 quelques- unes qui trouvaient tout cela bien lourd a porter, qu'il fait froid Un salut au public trés professionnel pour une partie de la troupe, le soir de la premiére. [De gauche 4 droite: Alexandra, Edward, Martha et Maya.]} Carmen a Vancouver Onze jeunes filles 4 l’Opéra parfois 1a-bas. On entend bien sir a quelques latitudes d’Améri- que du Sud, comme le metteur en scéne a bien voulu ]’imaginer, et non pas en place de Séville! Les costumes pour le Carnaval, prenant place au quatriéme acte, sont plus colorés et semblent plaire _ particuliérement aux jeunes filles. Il y a ici sujet a étude devant le grand miroir... Une fois en scéne, les détails du vétement sont oubliés. L’acte premier en est un trés important pour tous les enfants. Ces 23 jeunes qui entrent en scéne en catastrophe sur des cris de joie et d’excitement donnent tout le ton a l’atmosphére de kermesse dans lequel débute le spectacle. Un peu plus loin ils interprétent le coeur des enfants de la rue avec une jolie chorégraphie, légére parodie du changement de garde qui améne Don José a son poste. La longueur des répétitions (4 semaines dont deux sur la scéne du Queen Elizabeth) est une épreuve exigeante pour ces jeunes qui doivent ajouter a leur activité scolaire réguliére quatre bonne heures de travail a l’Opéra tous les soirs. A leur quartier général (le “dressing room”) , je retrouve mes jeunes filles fatiguées mais satisfaites. N’en doutons pas: aucune d’elles ne céderait sa place. L’aventure est si excitantel Michéle, 12 ans, est en classe d'immersion frangaise a 1’Ecole Bilingue. Petite déception: son travail a JlOpéra_ ne lui permettera pas d’étre de ]’échan- ge qui doit s’effectuer avec sa classe et un groupe d’éléves d’une école francophone du Québec. Elle se console en se disant qu’elle aura maintes autres occasions d’aller au Québec mais probable- ment une seule chance de participer 4 un Opéra. A un age ou l'avenir apparait encore comme un grand terrain vague ouvert aux aspirations des plus ambitieux, on peut supposer qu'une expérience comme celle- la aura fait naitre chez nos jeunes demoiselles le réve d’escalader un jour cette grande échelle menant au ciel étoilé de la vie artistique... Eh bien non. Comme Michéle, la plupart’ percoivent cette chance comme unique. Ce sont d’abord les parents qui, ayant apercu une annonce d’audition dans un journal local, se montrérent intéressés et y amenérent leurs enfants. Kyla, une jeune fille joliment mature pour ses 13 ans, veut devenir avocate. A la question a savoir si elle n’aimerait pas devenir chanteuse d’Opéra elle appose un non catégorique: “Ces gens sacrifient leur famille et eux-mémes” me dit-elle de l’air de quelqu’un qui en connait un bout sur la question. Pour Katie~ et Donna, 17 et 18 ans, la chose se présente . différemment. Elles n’en sont pas a leur premiére expérience bien qu'il s’agisse de leur premier Opéra. Toutes deux aspirent a devenir actrices professionnelles. Acte I et II. Relache. On joue aux cartes entre les costumes de scéne. Alexandra se concentre sur un devoir qu'elle n’aura probablement pas le temps de terminer. Martha est absorbée par la lecture d’un roman écrit par Liane ov il est question d'une histoire d’amour entre un mannequin et un acteur a Paris. A la page 4 ils s’embrassent déja fougeusement... Liane semble avoir plus d’une histoire dans son sac ce que semble apprécier Maya, Erin et Martha qui la suivent dans ses mises en scéne non sans s’étre préalablement choisies un nom de scéne... Catherine, 10 ans, n’a pas son pareil pour les imitations. “Fais nous Don José!” lance Kyla. En voila une qui semble pour le moins compliquée mais Cathe- rine ne se laisse pas démonter facilement: “Une parodie ou sérieusement?” demande-t-elle avant de s’exécuter... Le soir de la premiére il y a un peu de nervosité mais toutes se sentent prétes. Le test des mains: Personne ne tremble. Catherine est un peu plus nerveuse que les autres “Mon frére aussi dit-elle, a participé a un Opéra mais lui au moins il avait onze ans!” ICH «Trois hommes et un couffin» au Bay Bravo les bébés! Par Elise Fontenaille - “Bonjour madame, je voudrats du lait pour un bébé...” - “Ah, et quel age a-t-il, le bébé?” — “Euh...” - “Bon, est-ce qu'il a des dents?” - “Des dents...?” - “Out, parce que si il n'a pas de dents, il a moins de six mots.” - “[Fatblement] Ah bon...” (La pharmacienne, trés patiente) “Mazs attention, s’il a des dents, tl peut avotr trots mots, ou quatre mots... ¢a ne veut rien dire!” Aen - “Bon, et les tétines: dune, deux ou trots vitesses?” (Un _ balbutiement) vitesses...2” A ce moment, le monsieur est au bord de la syncope. Le spectateur, lui est pris d’un fourire inextinguible, qui va durer presque une heure et demie. Le temps d'un film: “Trots hommes et un couffin.” Trois _ parisiens (Michel Boujenah, André Giraud et André Dussolier, les trois acteurs sont excellents) ménent une vie inmsouciante, préoccupés avant tout par leurs conquétes fémini- nes, jusqu’au jour ou Marie leur tombe du ciel. Marie, une belle “Trots blonde pulpeuse? Pas du tout. Marie est un adorable bébé de six mois. Un bébé qui pleure, fait pipi partout, réclame ses biberons a toute heure du jour et de la nuit, et des c4lins... Un vent de panique souffle chez nos trois noceurs. Empétrés dans les couches super-maxi-plus, le lait, maternisé, les langes, le chauffe- bain, et jen passe, ils vont finalement se prendre au jeu. Les -papas-malgré-eux deviennent- trés vite les “groupies” de la petite Marie. Au point de se réveiller la nuit’, tous les trois, au moindre sanglot du cher ange, pour la bercer en chantant “Au clair de la lune” a trois voix: un vrai régal. L’arrivée du bébé va leur donner le sens des responsabi- lités. Les ex-célibataires endurcis vont jusqu’a se brouiller avec’ leurs amis sans enfants. Alors, vous pensez, quand la maman (touchante Philippine Leroy-Beaulieu) recupére sa petite fille, c’est le spleen! “Trozs hommes et un couffin” part dans un grand éclat de rire pour glisser vers la tendresse. Au début incapables, cocasses et patauds, nos “hommes” ne vont pas tarder a devenir papas-poules. Depuis “Pourquoi pas?’, film culte des années 70 qui racontait les joies et les peines d’un ménage a trois, Coline Serreau (la réalisatrice) a un faible pour les trios. Trots hommes et un couffin” est le premier succés grand public de cette réalisatrice jusqu’ici plutét en marge. En France, le film a pulvérisé les records: deux millions d’entrées. Plus fort que Rambo! Succés bien mérité! Tout est' réussi: le scénario, les dialogues, la photo, les acteurs... sans oublier les bébés! Car i] a fallu trois bébés pour jouer la petite Marie. Bravo les bébés: c'est sirement eux qu'on a voulu recompenser en décernant 4 trois hommes et un couffin le César du meilleur film-1985... “Trois hommes et un couffin” [3 men and a cradle] au Bay Theatre, 935 rue Denman (tél: 685-9822] tous les jours a 19h15 et 21h30. Matinée a -14h00 le samedi et le. dimanche. Version francaise sous-titrée. === Spectacl A SN ectactes Expositions’ yN Thédtre = Cinémal