— U toe ee” | er ae Te ree Se tan vase aac temeeraae conan rina air aeieaiaitinainrinhieta cai aeiaciaiiataa anaes ca coaeemana atin caine daa renee On a ET CaP TEE 4 - Le Sotei be COoLoMBIE, VENDRED! 16 JUILLET 1993 —NformatioNn Chronique du Chemin de fer Une ville dans la ville Labelle époque! Car c’était bel et bien la belle époque, celle ou le chemin de fer était roi! Le train occupe encore une place privilégiée sur la scéne du transport, mais il doit partager la vedette avec quelques autres géants du transport propres a 1’époque actuelle. Mais quel plaisir d’évoquer le temps ot les enfants pouvaient courir pendant un mille pour saluer, de la main, ces gros monstres sifflants qui traversaient les champs en semant la terreur parmi les chevaux. C’était 1’époque ot un mécanicien de locomotive avait autant de prestige qu’un pompier ou qu’un agent de police aux yeux de bien des petits Canadiens ambitieux qui révaient, en regardant passer les trains, de pouvoir faire un jour un aussi beau métier. C’était un bon métier, passionnanten plus, surtout 4 une époque ou un voyage de 40 kilométres prenait, pour 1a majorité des gens, l’allure d’une véritable expédition. Avec son - rails, son matériel roulant, ses gares, ses rotondes, ses dépéts de Cette semaine, demiére épisode de Ia formidable saga du train au Canada charbon et ses entrepéts de marchandises, le chemin de fer constituait l’entreprise industrielle la plus visible du pays. Avant et aprés leur prise en main par le CN, les ateliers du Grand Trunk de Pointe-Saint- Charles, 4 Montréal, formaient un véritable centre de la vapeur - une ville dans la ville. Ils recouvraient d’immenses terrains, étalant sur 30 acres des fonderies et des lamineries qui employaient 2 500 personnes : des chaudronniers, des mécaniciens, des électriciens, des menuisiers, etc. C était, etc’ est encore, l’un des plus grands ateliers ferroviaires du monde, ou se construisaient et se préparaient les voitures et les wagons. C’étaitle lieu denaissance et d’hospitalisation des locomotives et d’autres éléments de matériel roulant. «Nous les construisons et nous les réparons», comme disait un ancien travailleur de Pointe- Saint-Charles. Avec |’entrée en scéne du CN dans les années 20, le «chemin de fer du peuple» n’a pas tardé a battre le CP dans les domaines du stylisme et de la production. C’est le CN qui a introduit, en 1927, les nouveaux «mastodontes du rail», les locomotives CN de la série 6100 qui révolutionnérent le voyage en-train et devinrent un modéle qu’ ont imité d’autres chemins de fer jusque dans les années 50, ot elles durent céder la place aux diesels. Les ateliers de Pointe-Saint- Charles connurent une période d’ activité plus intense que jamais en 1929 quand le CN fit construire 500 locomotives et que son parc de matériel remorqué s’enrichit de 40% de wagons et de 20% de voitures. Pour concurrencer les transports routiers, Pointe-Saint- Charles s’est mis 4 produire des voitures équipées de salons de barbier, de buvettes et de téléphones permettant une conversation bilatérale. Les luxueuses voitures- restaurants étaient dignes d’un roi, et certaines voitures-salons s’agrémentaient d’un gymnase et de douches. Les voitures-lits offraient le choix entre chambrettes (pour une personne) et chambres (pour plusieurs personnes). Les ateliers de Pointe-Saint-Charles étaient le lieu de naissance et d’hospitalisation des locomotives et d’ autre matériel roulant. La concurrence était intense, mais les travailleurs de Pointe-Saint-Charles n’ont jamais failli Ala téche, et leurs ateliers ont continué a s’imposer, tout comme ceux de Moncton, de Transconaou de London qui, bien que de moindre importance, constituaient aussi une petite ville dans leurs villes respectives. Telle est l’une des belles histoires que les lecteurs trouveront dans le nouveau livre de Don MacKay, intitulé L’histoire du CN. Bill McNeil Le Torontois Bill McNeil est originaire du Cap-Breton. 1 | est journaliste-pigiste ala presse écrite et électronique. 0 Chronique du patrimoine La petite histoire d’un air devenu national... Cité de Québec, 24 juin 1880 - “Un soir, nous étions six ou sept dans la salle,lorsque nous vimes entrer (...) un petit homme tout nerveux et surexcité. Il disait en frappant ses mains ensemble : “Je Vai, je lai trouvé enfin, j’ai réussi. Venez écouter!” Ils allérent vers l’estrade et ce petit homme prit place au piano. Pendant un moment, ses doigts semblérent communiquer un courant électrique au clavier; aussitét, jetant sa téte en arriére, il nous joua, pour la premiére fois, le chef-d’ oeuvre de son génie, -c’était Calixa Lavallée; il jouait O Canada.” Tel est le témoignage de lun des privilégiés, le juge Joseph Kearney Foran, ayant assisté a la création du chant national, mieux connu aujourd’ hui sous lenom d’O Canada, une oeuvre qui s’est imposée comme |”hymne national du Canada. Nous sommes au printemps de 1880, quelques semaines avant que la composition de Calixa Lavallée soit interprétée en public Le Chant national est créé nationale des Canadiens-frangais, pour lapremiérefois,al’occasion dans le cadre de la convention qui se tient A Québec du 23 au 25 des cérémonies entourant les festivités de la Saint- Jean-Baptiste. La présentation a lieu 4 Québec, au pavillon des Patineurs, devant 500 personnes, pour la plupart des dignitaires, dont le gouverneur général, le marquis de Lorne et sa femme, la princesse Louise, fille de la reine Victoria. C’est la fanfare des Voltigeurs de Québec qui l’exécute pour la premiére fois en public, avec au moins un autre corps de musique, selon les témoignages de l’époque. Dés le lendemain, oeuvre de Calixa Lavallée est jouée a nouveau dans les jardins - de Spencer Wood, a la résidence du lieutenant- gouverneur, en présence de 6000 spectateurs. O Curada 6 Canada, terre de wor aiewe Tom front eat sain De fleurans gloriewe Car ton bras Sait porter L epee (L aact porter La croix Tom Listeine ert ume Gopée Des plus brillants ceploits Et 14 valeur de {oi thempéc Protégern nor foyer et nos droits juin. Les organisateurs sont a larecherche d’un hymne national, d’un chant de ralliement. Il y a bien quelques chants qui ont tenté de s’imposer au XIXe siécle, ~ comme ce “0 Canada, mon pays, mes amours” de George-Etienne Cartier ou encore “La Huronne” de Célestin Lavigueur. Méme “Vive la Canadienne” et “A la claire fontaine” ont eu leur période de gloire a titre d’ airs nationaux. Le comité de musique fait appel 4 Calixa Lavallée, un musicien dont le talent est déja reconnu au pays comme aux Ftats- Unis, pour composer un air digne de représenter le Canada _ en pleine expansion de cette époque. de P’hymne national sont Les célébres paroles d’Adolphe-Basile Routhier. Ont- elles inspiré la musique? Plusieurs histoires circulent ace sujet. L’une d’entre elles veut que le secrétaire du comité d’organisation, Ernest ‘Gagnon, ait demandé au juge Routhier d’écrire les paroles. A cette occasion, M. Gagnon ui aurait suggéré un tempo et déclamé a titre d’exemple “O Canada, terre de nos aieux...” Ormonsieur Routhier aurait retenu plus que la mesure: il aurait aussi emprunté ce premier vers improvisé, immortalisant ainsi des paroles qui retentissent aujourd’hui au Forum de Montréal comme au Skydome de Toronto. - Bien qu’O Canada fut inauguré hymne national en 1880, cen’est quele ler juillet 1980, soit cent ans plus tard, que l’oeuvre de Calixa Lavallée fut officiellement proclamée hymne national canadien. C’est un avocat de Montréal, Robert Stanley Weir, qui a signé la version anglaise, en 1908.