Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 22 septembre 1995 - 6 L’Ordre des francophones d’ Amérique 4 Martine Galibois-Barss On ne peut parler de gestion scolaire en frangais sans citer son nom. Depuis des années, elle se bat pour les droits des parents francophones 4 gérer et 4 contréler leurs écoles frangaises. Cette semaine pourtant, elle est a |’honneur pour - une autre raison. Martine Galibois- Barss vient de recevoir des mains de la ministre responsable de l’application dela Charte de la langue frangaise, Louise Beaudouin, |’Ordre des francophones d’Amérique du Nord, une récompense décernée annuellement par le Conseil de. la langue frangaise. La cérémonie, au cours de laquelle douze personnes ont été récompensées, s’est déroulée 4 Québec, au salon du Conseil exécutif le 7 septembre, en présence du président du Conseil de la langue frangaise, Marcel Masse. L’Ordre des _ francophones d’Amérique du Nord souligne les mérites de personnes qui se sont consacrées au maintien et 4 l’épanouissement de la langue frangaise, ont accordé leur soutien 4 l’essordela vie frangaiseen Amérique ou |’ont fait connaitre ailleurs dans le monde. Depuis son arrivée en Colombie-Britannique au début des années soixante-dix, Martine Galibois-Barss n’a cessé detravailler ala promotion de l’enseignement en francais. Son engagement débute lorsqu’elle inscrit ses enfants dans une garderie bilingue et se poursuit lorsque, par la suite, elle cherche activement une école ow ils pourront recevoir un enseignement en frangais. C’esta cemoment qu’elle s’intéresse au mouvement «Canadian parents for French». A titre de bénévole, elle participe ensuite 4 Ja mise sur pied d’un programme d’immersion en francais etde 197941985 s’engagesurleplan local en assumant, entre autres, pendant deux ans, la présidence du Comité de parents du district de North Vancouver. Elle préside actuellement 1’Association des parents francophones de la Colombie-britannique et participe activement aux démarches pour obtenir la reconnaissance du mouvement national de parents dans chaque province et territoire. Elle a regu. diverses décorations, dont le prix «grand coeur» d’Air Canada, pour son apport a la vie collective de la communauté et la plaque de mérite de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, pour son travail au sein du comité spécial de I'application de la Charte de la langue francaise. pour |’éducation. Le ministére de l’Education de la Colombie- Britannique lui a décerné deux certificats de mérite pour services tendus et dévouement 4 la cause de l’enseignement. Lors de la cérémonie du 7 septembre, elle a regu une ‘é€pinglette fleurdelisée etunemédaille de bronze, ainsi qu’un parchemin signé par le premier ministre du Québec, par la ministre Louise Beaudouin et par le président du Conseil de la langue frangaise. HP. | Nouvelles publications de la FCAF Une fin de semaine chez Clai- re. Ceroman pour nouvelles lectrices et lecteurs est l'oeuvre de la Franco- Manitobaine, Janine Dubé. Le texte soigneusement rédigé, jumelle jardinage et politique, amour et circonscription, cuisine etassemblée législative dans un agréable roman situé dans un petit villa- Réves.Ceroman pour nouvelles lectrices et lecteurs est l'oeuvre de la Franco-Ontarienne, Ginette Gratton. Sous le couvert d'une aventure palpitan- te, teintée de fantastique et de respect de la nature, le lecteur découvre les méan- dres du leadership, du consensus, de la vision et comment naissent les espoirs collectifs. L'alphabétisation - une force nouvelle. Le Cahier spécial de la FCAF est une brochette d'articles qui démontre lepartenariatetl'échange d'informations qui alimentent toutes les intervenantes et les intervenants en alphabétisation. Entre autres, les sujets variés touchentla promotion dela lecture, la technologie, l'alphabétisation familiale et les change- ments 4 porter aux pratiques de l'alphabétisation et aux attitudes actuel- les. Ecrire simplement. C'est un outil pratique de Marie-Josée Dionne et de Louise Bastien-Delisle. Ce guide d'ap- plication des techniques d'écriture sim- ple s'offre 4 toutes personnes intéres- sées 4 rendre accessible leurs documents écrits. Pour plus de rernseignements, communiquez avec Gloria Baril, coordonnatrice du lancement au (613) 749-5333. La campagne référendaire est commencée! Les partisans du oui, au référendum, font facea un probléme épineux. En effet, sondage aprés sondage, la majorité des Québécois répondent, lorsqu’on leur pose carrément la question, qu’ils préferent continuer @ faire partie du Canada plutot quededevenir indépendants. Devant ces ré- sultats, les indépendantistes ont modifié leur stratégie référendaire. [ls deman- dent maintenant aux Québécois de voter pour la souveraineté en les assurant que le Québec s’associera avec le Canada une fois l’indépendance faite. Effectivement, cette formulation, fondée sur une présomption, sem- ble devoir rallier un plus grand nom- bre de personnes et pourrait méme consacrer la victoire au camp du oui. Pour appuyer leur nouvelle stratégie, les partisans du oui ont commandé a des organismes indé- pendants une série d’études desti- nées 4 démontrer qu’une_ associa- tion avec le Canada est de toute fagon inévitable et ne pourrait que profiter aux deux parties.” Les effets de Vindépendance du Québec Toutefois, il s’agit 1a d’une démonstration difficile 4 faire puis- que toutes les données provenant des différents milieux politiques sem- blent justement prouver le contraire. L’indépendance du Québec aurait des effets désastreux sur tout le Canada, mais encore davantage sur labelle province. Enoutre, comme le premier ministre Klein et d’autres comme lui |’ont dit, personne a l’ex- PAR DAVID E BOND térieur du Québec ne semble vouloir dé- fendre |’idée d’une telle association. Le sentiment général pourrait étre décrit comme suit: «Si le Québec dit non au Canada, pourquoi ce dernier dirait-il oui au Québec?» La tache a donc été difficile pour Jean-Claude Thibodeau et Daniel Gouin. IIs ont, en effet, été chargés par le gouver- nement québécois d’analyser les effets éventuels de l’indépendance du Québec sur I’industrie laitiére de la province. Ils en sont arrivés 4 la conclusion que les Canadiens con- tinueraient 4 acheter les produits laitiers du Québec, faute de quoi cela risquerait de nuire aux intéréts de tous les consommateurs et agricul- teurs du Canada. Pour étayer leur conclusion, les auteurs de |’étude se fondent sur l’argument selon lequel le Québec achéte davantage de pro- duits agricoles du Canada qu’il ne ‘Juien vend. En fait, les Canadiens achétent les produits laitiers du Québec parce qu’ils n’ont pas le choix. Lapolitique laitiére canadien- ne date de la fin des années 1950. Le gouvernement fédéral, qui désirait alors fournir une certaine aide finan- ciére aux petits producteurs laitiers, avait mis sur pied un programme de quota transférable pour le lait indus- triel (il s’agit du lait qui est vendu pour d’autres usages que la con-. sommation directe sous forme liqui- de). Les importations de produits laitiers ont donc été limitées au ni- veau qu’elles avaient atteint en 1958 et la totalité du marché canadien a été réservée aux producteurs cana- diens. Ainsi, les agriculteurs qui souhaitaient quitter ce domaine d’ac- tivité pouvaient vendre leur quota et se constituer un petit capital. Tou- tefois, en raison de ce programme, les consommateurs ont di payer le lait plus cher. Mais 4 1’époque, ils n’étaient pas organisés tandis que les producteurs laitiers constituaient déja le groupe de pression le plus efficace au pays. La politique laitiére est remise en cause Aujourd’hui, prés de 40 ans aprés son implantation, la politique laitiére est remise en cause. En pre- mier lieu, il faut mentionner que1’ap- plication de cette politique coite plus de 200 millions de dollars au trésor public. Pour leur part, les consommateurs déboursent vrai- semblablement 400 millions de dol- lars en trop, sil’on compare les prix — du Canada aux cours mondiaux. Par ailleurs, environ 40 000 producteurs laitiers se partagent les 200 millions de dollars de subventions auxquels il faut ajouter les revenus provenant des prix de vente gonflés artificielle- ment. Or, 80 % de ces montants sont attribués 4 20 % des producteurs, parmi lesquels |’on compte une vas- te majorité de Québécois. (Les pro- ducteurs laitiers québécois détien- nent 48 % des quotas alloués au plan national). Au cours des vingt demiéres années, tant le gouverme- ment libéral que le gouvernement ~ conservateur ont hésité a abolir ce qui constituait en fait la seule sub- vention agricole versée au Québec. La libéralisation des — é6échanges commerciaux Au cours des récentes négo- ciations visanta libéraliserles échan- ges commerciaux, c’est-a-dire le «Uruguay Round», le Canada a don- né son accord pour meéttre fin aux restrictions imposées aux importa- tions de produits laitiers et pour instaurer a la place des tarifs doua- niers s’élevant de 250 4 350 %. Le Canada s’est engagé 4 réduire graduellement les tarifs au cours des cing années qui suivraient. Les Etats- Unis prétendent que ces tarifs vio- lent 1’ ALENA et ont soumis la ques- tion 4 un tribunal commercial dans l’intention d’obliger le Canada a le- ver ses tarifs. Or, les Etats-Unis pourraient bien gagnerce débat et le gouvernement devrait mettre fin a sa politique de tarifs. L’on peut alors se demander ce qui pourrait inciter les consom- mateurs canadiens, advenant une victoire du oui, 4 voter en faveur du maintien des prix des produits lai- tiers, qui sont supérieurs 4 ceux des marchés mondiaux, sachant que cet- te mesure profite surtout aux pro- ducteurs laitiers du Québec qui, eux, ont dit non au Canada. En fait, il serait plus profita- ble pour les nouveaux Canadiens de laisser les prix des produits laitiers rejoindre les cours mondiaux et d’im- poser une surtaxe sur toutes les ventes de produits laitiers dont les revenus seraient utilisés pour aider financiérement les producteurs lai- tiers canadiens les moins efficaces. Chacun y gagnerait. Les con- sommateurs paieraient le lait moins cher, les agriculteurs les plus effica- ces ne seraient plus obligés de limi- ter leur production et les moins effi- caces seraient compensés pour la perte de leur quota. Facteur encore plus important, tous les avantages tirés d’une telle mesure profiteraient au nouveau Canada. Oublions le référendum pour un moment. Imaginons ce qui se passerait si, par extraordinaire, 1’on demandait aux consommateurs ce qu’ils pensent des subventions aux producteurs agricoles. Leur répon- _ se ne fait aucun doute et nos hom- mes politiques en sont pleinement conscients. Ce Bulletin économique, qui estrédigé par M. David E. Bond, vice- président, affaires gouvernementa- les et relations publiques, et écono- miste en chef 4 la Banque Hongkong du Canada, exprime |’ opinion per- sonnelle de l’auteur sur les derniers événements économiques, laquelle n’est pas nécessairement celle de la Banque Hongkong du Canada et de son conseil d’administration. Ce _ Bulletin ne constitue nullement une étude exhaustive de tous les faits nouveaux ni n’est publié dans |’in- tention de fournir des conseils finan- ciers. Nous recommandons aux lec- teurs de communiquer avec un ex- pert-conseil avant de prendre toute décision que ce soit, fondée sur les commentaires de notre économiste en chef. Cette publication ne peut étre reproduite, en entier ou en partie, sans l’autorisation écrite de la Banque Hongkong du Canada. | -* ee . i .