4 pana, = LE MI VOL. 13 No45 VENDREDI 13 MARS 1981 Le premier ministre Pierre Trudeau: «ils ne se sont méme pas entendus a six » André Piolat Au cours d'une conférence de presse, en réponse a Claude Turcotte, du Devoir qui demandait 4 M. Trudeau, s'il avait des commentaires 4 faire en réponse aux réclama- tions de la Fédération des Francophones Hors Québec qui voudrait voir I’article ' 133 imposé, non pas dans une ou plusieurs provinces, mais uniformément dans toutes les provinces. Ainsi a4 la réponse du discours du dépu- té conservateur, John Cros- bie, qui l’accusait: “... d’avoir une vision du Canada qui est vraiment statique et dépas- sée et qui est celle d’Henri Bourassa au 19éme siécle a V'époque ot le Canada c’était _ le Haut et le Bas-Canada, ou e’était les Francais. et les Anglais et que ce n’était pas le Canada de Terre-Neuve- Vancouver, comme c’est le eas aujourd’hui....” de sorte que la théorie de la dualité que vous proposez ne serait plus valable aujourd’hui comme elle l’était a cette époque-la”,/a demandé Clau- de Turcotte. M. Pierre Trudeéau,. pre- mier ministre du Canada répondit: “Eh bien, il me semble que vous avez raison de joindre les deux questions dans la méme, car On peut envoyer ces gens-la dos a dos. La Fédération des franco- phones hors Québec nous a accusés, je pense, a peu prés “sans cesse de ne pas faire assez pour imposer la dualité al’ensemble du pays, c’est le sens méme de votre remar- que sur l'article 133, et voici monsieur Crosbie du Parti conservateur qui, dans un discours dont on me dit quia été fort mesuré et pondéré énonce la philosophie exacte- ment contraire: que notre gouvernement est coupable _ Messieurs Jean Chrétien et Pierre-Trudeau-~ NI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE une formule d’amendement et, pendant ce processus, seriez-vous prét 4 mettre en veilleuse votre projet actuel de résolution, question de manifester la volonté de votre gouvernement d’en venir a un ultime consensus fédéral-provincial avant d’aller 4 Westminster?” A quoi M. Trudeau répon- dit: “Et bien non. La popula- tion canadienne a été victime trop souvent de cette sorte de manoeuvre purement dilatoire. “Je me souviens qu’on l’a exercée en '75 alors que j'ai demandé qu’on rapatrie tout simplement la Constitution avec une formule d’amende- ment, et j’avait méme a un moment donné proposé sans formule d’amendement mais Yunanimité, enfin, vous con- naissez la formule, et les provinces ont dit, et bien, nous ne sommes pas tout 4 fait préts, mais nous allons nous réunir au mois d’aofit prochain pour vous donner d’imposer, si ce sont. ses mots, la dualité linguistique. Alors, dans un = sens, monsieur Crosbie a raison. Nous croyons a la dualité linguistique, a ce que j’appel- le le biculturalisme et la multi-ethnicité, mais si mon- sieur Crosbie a raison, il me semble que la Fédération des francophones hors Québec et les autres mihorités franco- phones du pays devraient regarder un peu a ce que nous avons fait depuis dix ans et a ce que nous propo- sons d’enchasser dans la Constitution plutét que de ne pas nous appuyer et souvent de nous attaquer. Et je ne dis pas cela d’une facon plaintive. Nous avons fait ce que nous avions 4 faire mais je me souviens fort bien, je l’ai déja rappelé, des événements de Victoria en 1971 ot nous avions réussi a enchasser le bilinguisme offi- ciel d’un bout a l'autre du pays, ou nous avions fait des progres significatifs dans le sens de l'article 133 dans sept provinces, dont l'Ontario, et nous n’avons pas eu l’appui ni du nationalisme québécois ni du gouvernement québécois - ni, malheureusement, des minorités francophones - du Canada frangais. Alors, j’es- pére que cette lecon histori- que devrait servir a ceux qui nous disent maintenant que la charte n’est pas assez, qu'elle ne fait rien du tout. Elle fait énormément; sim- plement, il y aura encore des étapes a franchir dans les années a venir. A la question ; “Si un premier ministre provincial prenait l’initiative de convo- quer les onze premiersgninis- tres canadiens, seriez-vous préts a participer a un tel exercice dans ie but d’arriver aun consensus minimum sur une réponse etau mois d aout — prochain, ils se sont réunis et n’ont pas trouvé de réponse. Ils ont attendu une autre année. Ils ont trainé comme ca d’année en année sans jamais apporter d’accord au simple rapatriement avec une formule d’amendement, et je leur dis maintenant, eh bien, soit, vous vous étes réunis 4 Montréal a six, si vous voulez écouter le conseil que vous leur donnez, réunis- sez-vous a dix, si vous voulez, essayez de trouver un accord entre vous, on s’€n reparlera, -mais pour le moment je n’ai aucune raison d’espérer quils s’entendront a dix puisqu’ils ne se sont méme pas entendus 4 six. C’est cela, en fait, qui est arrivé a Montréal au début de février. Les six provinces qui portent notre projet devant les tribunaux se sont réunies en disant précisé- ment ce que vous souhaitez la, je pense que c’étaient les paroles mémes de monsieur Bennett que j'ai citées dans V'Ouest, il disait, bon, je pense qu’on a fait assez de travail, nous pourrons trou- ver une formule d’amende- ment sur laquelle nous se- rons tous d’accord et a laquelle le gouvernement fé- déral donnera probablement son accord. Et il est sorti bredouille! Pourtant, je n’étais pas 1a, il n’y avait pas de méchants fédéralistes de présents. Ce sont les six premiers ministres provinciaux qui -sont le plus unis contre nous qui ont réussi a prouver une fois de plus que l’unanimité a onze n'est pas possible et qu'elle n'est méme pas possi- ble a six. Alors, pourquoi est-ce que vous me faites une proposition aussi irréaliste? Allez plutét poser la question aux premiers minis- tres provinciaux.” SECOND CLASS MAIL COURRIER DE 2i¢meCLASSE No. 0046 25 CENTS ~_ Janine Lizée de Maillardville revient d’un voyage a Uttawa. Elle faisait partie d'un groupe de : Guides catholiques du canada invité d: Citoyenneté. ans la capitale fédérale dans le cadre du Projet de la Aprés avoir assisté & une session sur le débat constitutionnel a la Chambre des Communes, Jasmine a remis un souvenir au premier ministre Pierre Trudeau. Les guides ont aussi eu la chance de rencontrer le chef de l’opposition Joe Clark, ainsi la Santé et du Bien-Etre, Monique Bégin. que Ed Broadbent et le ministre de Stage des Jeunes Colombiens & White Rock Contre l’assimilation, dans la gaieté Samedi et dimanche derniers, la Fédération des Jeunes Colombiens organisait au Camp Alexandra de White Rock un stage de formation pour les jeunes francophones. C’est-a-dire ceux qui diront demain si oui ou non la francophonie doit étre une réalité en Colombie Britannique. “Je suis venu pour le fun- pardon...pour le plaisir”. Ici au Camp Alexandra de White Rock on parle fran- cais: de vieilles batisses de bois, une pelouse pour jouer au ballon, et 43 jeunes franco-colombiens. Ils sont arrivés vendredi soir. de Maillardville, Kelowna, Vic- toria, Kamloops, Port Alber- ni, Powell River et Vancou- ver. Samedi, 7h30 du matin, la cloche sonne, aprés une nuit dans les sacs de couchage, garcons et filles se précipi- tent vers la salle de repas.. Ils savourent le déjeuner. Ils savourent aussi, a l’avance, ‘ou faux? le programme de ce stage de fin‘de semaine: soirée de spectacles amateurs, danse, atelier de musique, atelier de sport. Et a volonté: parties de freezbee et de ballon sur Crescent Beach. Mais il faut d’abord ae connaitre .Seconnaitre les uns les autres. (sur 44 participants au stage, 23 sont des nouveaux a la FJC) et se connaitre soi-méme.: C’est lobjectif de l’atelier’ “savais- tu que” animé samedi matin par Paule Desgroseillers: “Eveiller 4 la Francophonie _en Colombie Britannique”. Dans la- salle commune chauffée par un grand feu de bois, questions et réponses fusent bon train. “Les francophones ont tou- jours été une minorité en Colombie Britannique; vrai “La Colombie Britannique n’a jamais eu d’homme ou de femme fran- cophone en politique; vrai ou faux? “Jean Jacques se gratte le front, Anne Cath ne sais pas, Kathleen rit. ~ Deux questions retiennent leur attention: “Le probléme majeur de la communauté francophone est-il le manque d'argent?” et “la majorité des jeunes francophones de C.B. est-elle intéressée 4 préser- ver sa langue et sa culture?”. Les jeunes de la FJC ne se font pas d’illusion: les deux réponses sont négatives. Le vrai probléme des francopho- nes est |’assimilation L’assimilation, c’est le mot clef. Elletouche particuliére- ment la tranche d’age des stagiaires du Camp Alexan- dra, entre 15 et 24 ans. Bien sir, les assimilés sont les absents. Mais pourquoi sont- ils absents du Camp Alexan- ‘dra? Pourquoi sont-ils ab- sents des centres culturels, des théatres, des librairies francophones? “Ils manquent de fierté”, lance Corinne de son vieux fauteuil de cuir rapé .« Suite page 4