ee Rayon-Jeunesse, décembre 1991 Au bout de l’an, le vieux portier LA NOUVELLE ANNEE Ouvre toute grande la porte Nouvelle année, année nouvelle, . . x * . / ‘ ‘ is Crie a tous vents: Premier Janvier: Dis-nous, qu’ as-tu sous ton bonnet? oN 4) > Hee tasod > J’ ai quatre Demoiselles Et la dernieére en neige, (éd. St-Germain-des-Prés) Toutes grandes et belles Voyez le beau cortége! La plus jeune en dentelles, Nous chantons, La seconde en €pi, nous chantons | La cadette est en fruits _La ronde des saisons. f? } Louisa PAULIN «Rythmes et cadences» (éd. du Languedoc) 2 ee Rea eas 3 LE MATIN DES ETRENNES (extrait) ' faeces pana : - Ah! quel beau matin que ce matin des étrennes! On allait, les cheveux emmélés sur la téte, Bah sri . Chacun, pendant la nuit, avait révé des siennes Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de féte, 238 Dans quelque songe étrange ot l’on voyait joujoux, Et les petits pieds nus effleurant le plancher, 4 : Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux, Aux portes des parents tout doucement toucher... | L ; Tourbillonner, danser une danse sonore, On entrait!... Puis alors les souhaits... en chemise, ; 3 Puis fuir sous les rideaux, puis reparaitre encore! Les baisers répétés, et la gaité permise! y On s’éveillait matin, on se levait joyeux, Arthur RIMBAUD : as La lévre afftiandée, en se frottant les yeux... «Les Etrennes des Orphelins» ms eee (éd. Le'Club francais du livre) RVECRIBVAVE RIE AGES BION AV FAIRY HPT IEP RVR AY VRIRITIRY BIRV AGH VR HYVES Courir la guignolée | | Le temps de la distribution Il était coutume autrefois AU QUEBEC , la veille du jour de 1’an de «courir la Jui gnolée». Cette activité avait pour but de recueillir des dons de toutes sortes destinés a tre distribués aux pauvres de |’endroit. Ces «guignoleux», comme on les appelait, étaient la plupart du temps les paroissiens les plus assidus (pratiquants fidéles) du village. Armés de longs batons et de grands sacs, ils allaient quéter de maison en maison; souvent une bande d’enfants criant et gesticulant les précédaient annongant leur arrivée. Puis les joyeux «guignoleux» s’arrétaient sur le seuil de chaque deméure Féte de l’espérance, Ie jour de 1’an était aussi jour de distribution pour les moins nantis (les pauvres). Un peu partout en France, il était coutume de donner. Donner non pas des cadeaux luxueux Ou trés cofiteux mais donner de ce que 1’on possédait, nourriture, vétements et quand on le pouvait des petites sommes d’argent. Mais écoutons Frédéric Mistral, auteur frangais, nous parler du jour de 1’an de son enfance. y 4 268 my ere bee OU 2* feb. bs } Au jour de 1’ An, une foule @’ enfants, de vieillards, de femmes, de filles, venaient, de grand en entonnant leur gai refrain: _ a etal sesuer ls TU : i matin, nous saluer comme ceci: Bonjour le mattre et la mattresse Une fois Van, ce n’est pas grand’chose Bonjour, nous vous souhaitons a tous la bonne année, Et tous les gens de la maison, Qu’un petit morceau de chignée, Maitresse, maitre, accompagnée ‘ Nous avons fait une promesse Un petit morceau de chignée D’autant que le bon Dieu voudra. De v’nir vous voir une fois Van. Si vous voulez. - Allons, nous vous la souhaitons bonne, répondaient mon pére ct ma mére en donnant a chacun, bonnement, sous forme d’étrennes, une couple de pains longs et de miches rebondies. Par tradition, dans notre maison, comme dans plusieurs autres, on distribuait ainsi, au nouvel an, deux fournées de pain aux pauvres gens \du village. ‘ EN FRANCE, c’étail surtout les enfants et les jeunes gens qui couraient la guignolée. C’était un événement fort attendu. Les coureurs de guignoléc se déguisaient ‘oy de fagon burlesque ct partaicnt annoncer la nouvelle année en criant «Au gui lo nei, au gui lo nei» qui signifiait: au gui 1’an neuf, au gui l’an neuf. C’cst qu’en effet cette plante parasite que l’on trouve sur les pommiers, les peupliers et plus rarement Vivrais-je cent ans, les chénes, est depuis fort longtemps associée aux fétes du jour de 1’an. Ces bandes de jeunes gens étaient en général bien Cent ans, je cuirai, see accucillis dans les maisons. On Icur donnait des gateaux, des piéces de monnaic, des ocufs ou toutes autres sortes de victuailles. Cent ans, je donnerai aux pauvres. Ee Frédéric Mistral <) Mémoires et récits Voici que des Mages venus d’Orient... Tirer les Rois j ui a la feve et la couronne? ] Partez, 6 Rois de l’ Orient! Partez, 6 Rois de V Orient! EPIPHANIE as ce ou papier @argent PE HN og Venez vous unir a nos fétes; Venez adorer cet Enfant! ‘ Done, Balthazar, Melchior ct Gaspard, les rois mages, . Andrée Hyvernaud Cantique Chargés de nefs d’argent, de vermeil et d’émaux ae Et suivis d’un trés long cortége de chameaux, Une des traditions del’ Epiphanic quia survécu et quel’on célébre encore dans de nombreuses familles Depuis des siécles, dans plusicurs pays, il est coutume de célébrer la S’avancent, tels qu’ils sont dans les vieilles images. est celle de la galette des rois ou «GAteau des rois». On l’appelle ainsi car elle contient cachée a l’intéricur, féte de l’Epiphanie en souvenir des rois, Gaspard, Melchior et Balthazar qui une petite sculpture de porcelaine représentant un roi ou une reine ou tout simplement une vraie féve. Au | se rendirent 4 Bethléem pour rendre hommage a Jésus, l’Enfant nouveau-né De !’Orient lointain, ils portent les hommages moment du dessert, apres un bon repas regroupant souvent parents et amis, celui ou celle qui trouve la feve de Marie et Joseph. La bible mentionne:qu’ils firent un trés long voyage et Au pied du fils de Dicu, né pour guérir les maux dans sa portion de gateau est reconnu roi ou reine, au cri de «Vive le Roi!». L’heureux gagnant qui recoit qu ils apportérent a l’enfant des cade uux¢-de l’or, de l’encens et de 1a myrthe. Que souffrent ici-bas I’homme ct les animaux; une belle couronne en papier doré doit alors choisir un ou renaire qu’il désignera en lui déposant la ha fee 1'Epiphanie, qui a to ocr i : premier. dimanche de janvier, Un page noir soutient leurs robes a ramages. deuxi¢me couronne sur la téte. On appelle ce petit jeu t «Tirer les rois» car comme 2 Ia loterie, était autrefois | ‘ € fos colorées et 8 Vivantes dans les . il s’agitnon pas de tomber sur le bon numéro mais surle de gatcau. Mais écoutons Guy de Mau- régions de divers: i ’ église pour voir Sur le seuil de 1’étable oi veille Saint Joseph, passant, écrivain frangais du me siécle, parler de ce tradition, Pe si les rois mages of , ils participaient Ils 6tent humblement la couronne du chef n son : déguisés en perso’ dela creche et stitution de la visite Pour saluer 1’enfant qui rit et les admire. Le gateau des rois F: : des monarques. En 2 aU vie ‘drautres pays, on peut se voir encore aujourd’h PLOCes uleurs défiler dans les C’est ainsi qu’autrefois, sous Auguste César, Au dessert, on apport: ec S TOk haqie M,C bétait roi Btait td’un tues. Ce sont les rois | ARES ( ndent ata cree he. Sont venus, présentant 1’or, 1’encens et la myrrhe, hasard continu ou d’une co B inf; ¢ dans Plusicurs auteurs nous curs Souvenirs d’enfance de cette Les rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar. sa part de patisserie, et il Ss une 1 jolie féte. ss Bs bouchée de brioche quelq jet de ee José-Maria de HEREDIA la bouche et j’ apercus une rire: LES ROIS (extraiiiese = alg Tronkfere «Ah!» Onme regarda, et : ive : : le roi!». 2 ee alll C’est une trou y fortes, Tout le monde reprit en chocur: «Vive le roi!» Et je rougis jusqu’aux oreilles, comme on rougit ‘f Qui porte la vi atte ¢ souvent, sans raison, dans les situations un peu sottes. Je demeurais les ycux baissés, tenant entre deux doi gts oon De toile praraaen complainte du jourdcs Rois. ce grainde faience, m’cfforgant de rire et ne sachant que faire ni que dire, lorsque Chantal.reprit: «Maintenant, ae | il faut choisir une reine». 1% _ Alors je fus atterré. En une seconde, mille pensées, mille Suppositions me traversérent I’esprit. f Voulait-on me faire désigner une des demoiselles Chantal? Etait-ce un moyen de me faire dire celle que je 17 préférais?... : Mais, tout 4 coup, j’cus une inspiration, si je tendis 4 Mademoiselle Perle la poupée symbolique. Tout ‘Avec leurs cocurs, avec leurs vocux, oqucts de vair, souliers de plumes, Collets de soie et longs cheveux, Et blancs comme est blanche |’écume, Le vicux maitre d’école Leur a donné congé; L’hiver est blanc, la neige vole, ee oe "aes % Le bord du toit en est frangé. Faldera, falderie, Ie monde fut d’abord surpris, puis on apprécia|sans doute ma délicatesse ct ma discrétion, car on applaudit Vierge Marie, avec furie. On criait: «Vive la reine! Vive la reinc!». Et par les cours, et par les rucs, Voici venir, sur leurs grands palefrois, Quant a elle, la pauvre vicille fille, elle avait perdu toute contenance; elle tremblait, effrayée, et Et deux par deux, ct trois par trois, Les bons mages qui sont des rois.» balbutiait: «Mais non... mais non... mais non... pas moi... je vous en pric... pas moi... je vous en pric...» (...) | Ils vont chantant avec des voix Emile VERHAEREN | Qui muent, «Les Villes 4 pignons» Guy de MAUPASSANT «Contes» (éd. Deman, Bruxelles) (éd. Gallimard)