Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 14 avril 1995 - 4 Freiner information 4 deux vitesses La Semaine du droit a l’information s’est déroulée du 3 au 10 avril a Vancouver. Organisée par’ Association des bibliothéques de la Colombie- Britannique et!’ Association pour laliberté d’information et le respect de lavie privée, elle avait pour but d’ informer le public et les professionnel(le)s sur l’accés 4 l'information publique et sur les dérapages liés au non respectde la vie privée. Nous avonsrencontré Brian Campbell, responsable del’événemental’ échelle nationale et I’ un des organisateurs de la semaine en Colombie-Britannique. LeSoleil: C’ est la quatriéme fois que se déroule la Semaine du droit 4 information en Colombie- Britannique. Est-ce que cela veut dire que le dossier n’évolue pas? Brian Campbell : «Non, cela veut dire qu’il demande une surveillance constante. Notre but est d’attirer l’attention du public sur les questions d’accés a |’information et sur les questions d’information en général. Le débat reste toujours d’actualité. L’accés du public a l’information gouvernementale, les nouveaux réseaux électroniques de communication, les questions portant sur la censure, les droits d’auteur et les — sources d’information, par exemple, sont des dossiers qu’il faut suivre de prés.» Le Soleil: Qu’ est-ce qui vous a amené a mettre en Pace un tel événement? Brian Campbell : «Le fait, lorsque nous avons commencé, qu’il n’y avait pas de loi provinciale sur la liberté d’information et le respect de la vie privée. Cette loi n’est apparue qu’en 1993 et elle a été retravaillée en 1994. Nous organisons nos discussions pour savoir aussi comment on pourrait |’améliorer. Nous nous intéressons aussi a la loi fédérale. C’est une des raisons pour lesquelles, en plus d’organiser le débat en Colombie-Britannique, nous |’¢tendons, pour la deuxiéme fois cette amiée, a4 l’ensemble du pays.» Le Soleil: L’apparition des nouveaux médias bouleverse les données. Comment éviter les dérapages dans un contexte de plus en plus compliqué? Brian Campbell: «ll faut bare preuve de vigilance. Les nouvelles technologies entrainent . des changements radicaux dans les structures des sociétés partout dans le monde. Cela a des effets directs sur les relations entre les citoyens et leur gouvernement, sur les relations entre pays et sur |’économie internationale. I] faut faire attention, par exemple, au risque de voir apparaitre une information 4 deux vitesses, c’est-a-dire une pour les tiches, accessible 4 ceux qui peuvent se la permettre et une pour les pauvres qui, faute de moyens, devront se contenter de I’information qu’on voudra bien Jeur donner. C’est le cas par exemple de |’information payante accessible par téléphone.» Brian Campbell, l'un des organisateurs de la semaine du droit a l'information. en Colombie-Britannique. Le Soleil : Pensez-vous pouvoir faire bouger les choses? Brian Campbell : Nous voulons en tout cas faire entendre la voix du public. Les voix que |’on entend le plus quand il s’agit des nouvelles technologies sont toujours celles qui ont des intéréts financiers a4 défendre.» LeSoleil: Ot enestla liberté d’information en Colombie- Britannique? Brian Campbell ; «On peut dire que nous avons ici la meilleure loi qui existe au pays. Elle touche aussi bien les municipalités que les bibliothéques ou encore les associations professionnelles. Mais Les droits d’excursion dans les Rocheuses... plus élevés! Explorateurs, aventuriers, touristes, amateurs de la nature, 4 partir du premier mai, il vous en coitera plus cher pour profiter de ces sauvages, mais somptueux, paysages que renferme ce pays, al’ intérieur de ses parcs nationauxetlieuxhistoriques. C’estsur vous que compte le ministére du Patrimoine canadien pour assumer les coits d’opération de ces parcelles de notre héritage... PAR LOUIS-HUGO MARCHAND Dans la région qui nous concerne, la Colombie-Britannique et le Yukon, des frais de recouvrementseront percus aux lieux historiques nationaux de Fort St. James, Gulfof Georgia Canneryet du Klondike. On imposera des frais pour les randonnées surlesentierde la cOte Ouest et pour le camping dans l’archipel Broken Group, deux endroits qui font partie de la réserve duparcnational PacificRim. II faudra également payer pour le permis d’accés aux parcs nationaux Kluane et des Glaciers. Pour ce qui est de la randonnée sur le sentier de la céte Ouest, c’est une soixantaine de dollars additionnels que les gens devront payer pour en bénéficier. De plus, les utilisateurs devront continuer a payer 15$ pour !’aller- retour en traversier et 25$ pour effectuer une réservation. Le gouvernement fédéral explique que |’augmentation de la tarification est nécessaire pour préserver les parcs nationaux. On dit qu’ilen coiite 960 000$ parannée pour entretenir le sentier de la céte Ouest. Environ 8000 personnes ont emprunté ce sentier entre le 1* mai et le 30 septembre!’ année derniére. Pour la premiére fois cette année, également, des droits seront percus pour des excursions guidées, spectacles et autres services d’interprétation. Parexemple, ilen cotitera 4,50$ pour la location d’un audio-guide au lieu historique national de Fort St. James et 7$ pour une randannée guidée aux parcs nationaux des Glaciers et du mont Revelstoke. Dans les autres parcs, les droits d’entrée ou les frais de recouvrement des campings augmenteront légérement. L’ensemble dela population _ canadienne, parle biais des impéts, pait pour la création, le maintienet la protection des parcs nationaux et des lieux historiques nationaux. Parcs Canada poursuit l’objectif suivant: faire en sorte que ceux et celles qui profitent des services assument une part juste et Equitable des coiits liés a ces services, plutét que de faire payer la facture enentier aux contribuables. Le programme de Parcs Canada, du ministére du Patrimoine canadien, dispose d’une enveloppe budgétaire de326 millionsde dollars. On prévoit que les droits exigés en 1995 généreront des recettes d’environ39 millions dedollars. Ces recettes représentent environ 11% du budget total de Parcs Canada. Historique On exige des droits dans les parcs nationaux et les lieux historiques du Canada depuis les. années 1880. A cette époque, des terres 4 proximité de Banff, en Alberta, ont été réservées pour le premier parc national. Les droits de camping existent depuis 1890 et les permis de circulation depuis 1911: en 1912, il en coftait un dollar par véhicule! Les droits d’entrée dans les lieux historiques ont été introduits en 1969 et les droits d’éclusage aux canaux historiques dans les années 1970. Pour en arriver 4 la solution actuelle, Parcs Canada a amorcé un processus de _ consultations publiques. L’opinion de quelques 24000 Canadiens et Canadiennes a été obtenue parle biais de sondages, fiches de commentaires, réunions, etc. Ona constaté que la majorité des gens acceptaient le concept des droits nouveaux et ajustés, 4 la condition que les opérations soient les plus efficaces possible et que les droits soient équitables et abordables. nous sommes encore loin derriére I’Europe.» Le Soleil : intéréts du public? Brian Campbell : «Ce n’est pas le gouvernement fédéral en tout cas. Ni le consortium des compagnies de teléphone. Comment garantir un accés égal a |’information quand seulement 25% de la population posséde un ordinateur? Ce n’est pas l’industrie du cable non plus. Et ce n’est pas non plus la commission sur la radio-télévision et les télécommunications. Quant aux médias, ils sont partagés entre leur volonté de voir le gouvernement élargir le loi d’accés 4 |’information Qui protége les i Le courage et la tenacité récompensés Aprés 37 ans d’engagement pour la cause francophone en Colombie-Britannique, le directeur du Soleil, Jacques Baillaut vient de et la limitation de leurs sources d’information alors que, en tant que corporations d’affaires, ils regroupent des livres, des magazines, des vidéos, des chaines cAblées, des journaux, etc. C’est seulement récemment que les groupes d’intérét public et les activistes ont fait leur apparition pour demander un libre accés a l’information gouvernementale, accés aux réseaux de communication du futur et aux réseaux communautaires pour diversifier les informations.» Le Soleil: Quel réle ont joué les bibliothéques, dont vous étes un représentant? Brian Campbell : «Les bibliothéques sont une source d’information essentielle pour le public. Les associations des bibliothéques canadiennes, les employés des bibliothéques et ce que l’on appelle les FreeNets, c’est- a-dire les réseaux informatiques d’information communautaire, sont en train de mettre sur pied des télécommunautés au Canada. Cela veut dire qu’ils se regroupent pour établir des réseaux accessibles librement dans les villes. C’est déja opérationnel a Victoria et 4 Ottawa, et seize autres sont en train de se mettre en place. Cela va encourager I’accés du public aux informations gouvernementales, ce qui aura un impact sur les discussions tournant autour de questions concernant le public, donc sur la démocratie.» Propos recueillis par Héléne Peronny voir ses efforts récompensés par le gouvernement frangais. Il a été nommeé Chevalier du Mérite National, au cours d’une cérémonie qui a eu lieu lundi soir chez Mademoiselle Maryse Berniau, Consul de France. Une récompense exceptionnelle qui doit étre approuvée par le Président de la République et qui salue le travail et l’engagement des citoyens les plus méritants. Jacques Baillaut est entré au Soleil dés le troisiéme numéro du journal, ily a 27ans aprés sa rencontre avec I’ homme quiallait changer le cour deson destin, le fondateur du journal André Piolat. Son plongeon dans la francophonie ne s’est pas arrété la. Acteur dans la troupe Moliére (nommé meilleur interpréte dans les années 1960, face a... des collégues anglophones) il a aussi travaillé 4 Radio Canada pendant 20 ans, soutenu bénévolement sa femme lorsqu’elle dirigeait le centre culturel francophone de Vancouver, géré la Fondation André Piolat et milité pour toutes les causes francophones. Une carriére exceptionnelle pour un homme lui aussi d’exception, passionné, énergique, simple et enthousiaste, «Cette médaille me fait plaisir, mais il faut remettre les choses dans leur contexte. je ne suis pas Superman. J’ai été énormément soutenu au cours de ma carriére, notamment par ma femme sans laquelle rien de ce que j’ai fait n’aurait été possible» explique t-il. Toute l’équipe du Soleil s’associe a votre famille pour vous féliciter, Monsieur Baillaut. HP.