En Revue Une revue-recuell Puisque les ‘“‘Ecrits’ sont dirigés par un comité de lecture parfaite- ment collégial. un des neuf lecteurs s'est fait le peba a de ses col- legues et de la revue. Revenu d’Eu- rope, Gilles Marcotte occupe main- tenant un bureau (et un te) au département des lettres francaises a l'Université de Montréal. Les Ecrits fondés il y a une huitaine d’années par Jean-Louis Gagnon et publiés par HMH répondent €évi- demment au critere que nous avions arrété, celui de la création littéraire; méme si l'on , exclue les genres para-littéraires,* tels les essais ou les documents historiques, il reste que les ECF ont fait con- naitre 36 pieces de théatre, et combien de mes, nouvelles, romans, etc. Mais le directeur s’empresse de souligner, comme le feront MM. Pilon et Soubliere dailleurs, que les Ecrits ne sont peut-étre pas... une revue. Livre de référence, recueil, ram- e de lancement pour les é€crivains? Pout cela, selon M. Marcotte: ‘‘Nous tentons de faire cohabiter, par exem- ple, des textes de jeunes auteurs qui nous sont envoyés, ou alors des textes que nous sollicitons des au- teurs connus. C’est une ambition chez nous d’attirer les jeunes et de les aider. Mais la fonction de ram- pe de lancement diminue, dans la mesure oU nous étions, a nos dé- buts, les seuls 4 pouvoir rendre ce service & un auteur débutant. L’é- dition s’est développée depuis, et un premier roman peut étre publie en volume. Si l’'auteur se sent moins sir de lui, il pourra bien sir lan- cer son ballon d’essai chez nous.”” Quant aux termes “ouvrage de référence’ ou “recueil’, le direc- teur ne les trouve pas du tout & oes. lorsqu’appliqués aux ECF. nous rappelle trois autres carac- téristiques de la revue proprement dite: elle ne coiite pas cher, elle pa- rait fréquemment, et elle a une ‘ligne’ plus ou moins idéologique. “Ce n’est.pas notre cas. Nous pa- raissons quatre fois l’an, et nous n’envisageons pas d’en faire plus. Ce ne sont pas les textes qui man- uent, mais le temps des lecteurs! euxiemement, nous vendons as- sez cher notre volume. Enfin, nous ne maintenons aucune ligne idéolo- ue’’. ; ee es LEcrits, toutefois, maintien- - nent une exigence constante, celle de la qualite. Notre interlocuteu ’y reviendra souvent car, au fond. cette exigence permet aux volumes trimestri de se constituer en livres de référence, ou en recueils précieux: ‘‘Nous avons pu conser: ver les premiers textes de ceux qui La revue.et la Rencontre Comme Gilles Marcotte, et a l'inverse de Roger Soubliere, Jean- Guy Pilon décrit sa revue avec sé- renité. Mais comme Soubliere et a l'inverse de Marcotte, il conside- re que la revue quil dirige est en train de se transformer. ‘‘Liberté fut une rampe de lancement pour les jeunes auteurs autant que les Ecrits, et pour Jes, mémes raisons: nous étions les seuls a pouvoir le faire, il n’existait d’édition québécoise suffisamment dévelop- pée. Aujourd’hui on a moins be- soin de nous pour cela. Et aussi, les gotits des sept directeurs les portent a chercher ailleurs.” Un numéro récent préparé par André Payette, sur l’Algérie des années 60, et le numéro en chan- tier, sur Israél et sa littératu- re, indiquent clairement cette nou- . velle direction: un theme d’abord, qui regroupe les textes, et un as- ect reportage qui permet de deé- Foucher sur: les. sciences sociales, sur l’essai, et sur les littératures étrangeres. Ces changements, cependant. ne vont pas sans certaines précisions: Liberté a toujours consacre une part de ses efforts aux numéros a theme, tel celui sur René Char, ou sur les rencontres annuelles d’é- crivains. Mais cette fois, on y re- viendra avec un peu plus de gout et d’énergie, parce que les nume- ros thématiques ont recu un meil- leur ‘accueil du public lecteur de Liberté.” Ainsi, explique le di- recteur, certains tirages de 3,000 se sont vendus dun,coup, Cnuse assez rare, simplement parce que le sujet était bien choisi’. Sur- tout, Jean-Guy Pilon, pas plus que leurs igi. allaient devenir les eécrivains les ‘plus lus et les plus étudiés ici. C'est rendre service aux étudiants et aux spécialistes. Méme phénomene au théatre: d’excellentes pieces, jouées une fois a la radio ou sur scene, risquaient de se perdre @ jamais. Nous les avons publiées. Enfin, cer- tains morceaux d’auteurs .connus étaient simplement trop courts pour étre édités séparément: nous leur avons fourni un debouché logique.’’ Les bibliotheques, les universités et les lecteurs étrangers achetent régulierement, semble-t-il, cette revue-recueil qui tire a 2,500 -exemplaires. M. Marcotte se sou- vient d’un abonnement en URSS! Le nom des Kcrits a sirement quel- que chose de sérieux et d’officiel qui favorise cette popularité a l'étranger; néanmoins, voudrait-on suivre le courant actuel en littéra- ture québécoise et se rebaptiser “Les écrits du Québec’? Pas ques- ‘tion, réplique le lecteur (le seul ,des co-fondateurs qui soit encore imembre du comité de lecture),‘‘la ‘mode nest pas une raison suffi- ‘sante.” | Pour cet interlocuteur qui a fondé ‘la revue, qui ne l’a jamais quittée ret qui y croit fououss. peu de chan- gements en vue: l’exigence de quali- ‘té demeurera, la formule générale également. On crééra au besoin de nouvelles rubriques, comme ‘on l’a fait pour les ‘textes anciens”’. ‘Le pluralisme du comité de direc- tion est exploité a fond, les mem- bres se partageant les manuscrits selon leurs gots et compétences. ‘On accueillera encore tout le monde, -méme si, au dire de l’ancien critique ‘littéraire de la Presse, “les gens ‘tres politisés ne répondent pas a ‘notre invitation”. ses six Collaborateurs diailleurs, n’entend’ enlever cette marque “littéraire’ a Liberté. Par un biais ou l'autre, il sera toujours ques- tion de littérature. Et resteront, bien sir, quelques numéros sans theme, qui pyblieront de la littérature valable. Liberté, tous le savent, n'est pas qu’une collection de 75 pla- quettes. C’est une rencontre d’é- crivains, qui se tient habituelle- ment sous le soleil tropical des Laurentides et qui se coiffe elle aussi... d’un theme. Aux modifica- tions de la revue, le directeur en- tend conjuguer quelques modifi- cations de |'événement. “Le milieu ‘est fort petit, et bientot, on va se tanner de parler de ses petits problemes d’écriture ou de publi- cation. Je Songs pour le moment a des rencontres internationales, a faire venir des écrivains d’ail- La revue et Equipe Des _ trois porte-parole, Roger Soubliére semble le plus ‘décou- agé”. La revue qu’il a fondée en 1965 avec Nicole Brossard, Mar- cel Saint-Pierre et Jean Stafford vient de perdre plus de la moitié a de son équipe dirigeante. Restent - le couple Soubliére-Brossard et Marcel Saint-Pierre a la téte de rat cette revue qui tire a 1,500 exem- a plaires et que tous considérent comme la revue de “recherche”, . & parmi le trio des publications de création littéraire. : Ce n’est vas la premiere fois, ajoute M.~Soubliere que cela se if roduit. .‘‘Nous. avons fondé la sarre du Jour dans un but bien pré- cis: non pas de publier n’impor- tel quel écrit de qualité, mais de di- riger les efforts d’une équipe en vue de définir une poiitique litteraire. Un peu comme ces revues européennes connues pour leur politique; sans tomber, evidemment, dans les excés de Tel quel!” Avec une certaine amertume, il reconnait que les scis- sions et les pose si fréquen- tes pendant les six ans de la Barre, démontrent la quasi-impossibili- té de former une equipe vraiment unie. “Des gens nous quittaient parce qu’ils n’éetaient pas d’accord. Nous allions en chercher d'autres, qui laissaient a leur tour. Cette idée d’équipe était une chimere, et la derniére scission en date (qui mar- yee entre autres, le départ de Mi- chel Beaulieu), signifie la fin de la chintére. Nous ferons dorénavant une Barre du Jour sans équipe. Tous les auteurs qui ont déja col- laborer avec nous, mais qui n’en- traient pas dans ce concept dé quipe, pourront nous soumettre des. textes en toute liberté. Nous de manderons simplement que les ma- nuscrits soient centrés sur un the- me donné. Et ce theme se ratta- chera forcément a la recherche litté raire, puisque nous voulons garder au moins cette orientation-la.”’ Le fondateur admet d’emblée que les deux numeéros les plus valables de la Barre furent les spéciaux sur les Automatistes et sur Giguere, donc deux numeéros a theme. D’au- tre part, méme si certains lecteurs ressentent vaguement que la Barre est une “revue d’avant-garde’’, plu- INEDITS DE ROGER LEMELIN ‘sieurs y voient une certaine rigueur, sécheresse, voir stérilité. Cette sé cheresse se verrait jusque dans le choix des maquettes. A un tel point que pour quelques étudiants en let- tres et écrivains “Barredujourdis- te” est une injure qui vise I’hy- perintellectualisme en_ littérature. Pourquoi ne pas répéter |’exploit des excellents numéros a4 theme, pourquoi ne pas s’en réjouir, pour- quoi etre si décu de n’avoir pu réa- a a tout prix une équipe mono- ithe? Le débat d'idées, le concept d'é quipe, de politique littéraire et de “recherche” sont des concepts chers a Roger Soubliére, et tout au long de l'entrevue, il les défendra avec energie: ‘‘les autres revues sont la pour simplement transmet- tre des textes bien écrits. Ce qui nous intéresse c'est découvrir di neuf en littérature, et cela, on le fait moyennant l'union au niveau d'une théorie. Autrement, 4 quoi bon us revue, aussi bien se faire édi- eur. Mais alors, l'union doit naitre d'u- ne préoccupation commune, puis ensuite cette union se donnera une revue, des instruments de recher- che. Pourquoi faire l'inverse, et tenter “d’habiter” sa revue avec une union qui n'est manifestement pzs la? Je crois- que 1a-dessus, malgré toutes ses réticences, l'au- teur des poémes en canette *Anti- Can’ tombait Hits Mais non sans nous rappeler qu’a lorigine. en 1965, il y eut mice union, une politique... Du vent dans les voiles tous les jours az a 6h Animateur : Serge Arsenault Réalisateur : Claude Hurtubise Tami: _CSUFEM “A 16h45 97.7 Animateurs : Christian Allard et Raymond Essiembre Réalisateur : Michel Miette LE SOLEIL, 3 DECEMBRE 1971, IX