wD HISTOIRE Sur la trace des Espagnols et des Russes ue Le 7 mars, Cook, du pont du Resolution, apercut la céte de ce qui est aujourd’hui l’Oregon et lui donna le nom de Cap Foulweather. Des explorateurs espagnols partis de Californie et du Mexique avaient toutefois atteint ces parages dés 1543; le 19 janvier 1603, Martin Aguilar baptisait le cap Blanco, au nord du cap Foulweather. Cook baptisa le cap Flattery, notant dans son journal : « Nous voici a la latitude précise ot les géographes situent le prétendu détroit de Juan de Fuca, mais nous n’avons rien vu de tel, et l’existence d’un tel passage est hors de doute impossible. » II avait tort : le mauvais temps lavait empéché de voir... Le 28 mars, il trouva un mouillage sur la céte de Vile de Vancouver et lui donna le nom de Détroit King George, pour ensuite le rebaptiser Détroit Nootka. Des explorateurs espagnols l’avaient cependant précédé dans les parages. Entrainés loin au large par une tempéte a la fin d’avril, les navires de Cook apercurent de nouveau, le 1°" mai, des terres, des files et une montagne, prés de I’actuel Sitka en Alaska, auxquelles Cook donna le nom de Mont Edgecombe. Le territoire était toutefois russe par droit de découverte, ce que Cook savait. Le reste du monde estime que Cook a « prouvé » que I’Asie et Amérique étaient deux continents distincts, et qu’il n’existe pas de passage du Nord- Ouest. Mais la aussi les “sz, Russes |’avaient devancé. est Personne ne i a peut retirer aug° capitaine Cook le mérite de , ses levées des cétes de SPT ois Terre-Neuve, et des donnéess/ | précises et détaillées qu’il “/ recueillit en Nouvelle- Zélande et en Australie; mais en tant qu’explorateur des cétes de la Colombie- Britannique, il ne fait aucun douté qu’il était un tard venu. . 44 nei aM te C omme celui de |’Atlantique, le litto- ral canadien de l’océan Pacifique est hanté par le souvenir d’explorations et de découvertes, mais c’est une histoire qu’on est loin de connaitre vraiment. Lorsqu’on jette un regard sur les chas- seurs préhistoriques qui ont traversé le pont de terre reliant autrefois ]’Asie et l’Amérique, on s’apercoit alors que les manuels scolaires ne font qu’effleurer le sujet. Ceux-ci ne commencent en effet a l’aborder sérieusement qu’a partir de la fin du xviesiécle, époque a laquelle les pre- miers Espagnols s’aventurérent au nord depuis la Californie, suivis en 1778 par un Anglais, le capitaine James Cook. On posséde des récits et des comptes rendus de ces explorations européennes mais, par contre, les contacts antérieurs ayant pu exister entre les autochtones et certains visiteurs venus d’outre-océan re- lévent du domaine de la spéculation, de la discussion et du doute. Au Canada, on n’a découvert aucune preuve archéo- Archives provinciales de C.-B. Fela ENE ce logique sur la c6te du Pacifique-Nord qui soit aussi probante que |’établissement viking trouvé a Terre-Neuve. Nous savons qu’il y a 30 ou 40 millé- naires, des chasseurs quittérent pour la premiere fois la Sibérie en se dirigeant vers l’est et traversérent cette région qu’on appelle aujourd’hui le détroit de Béring. Ce sont des outils primitifs comme ce grattoir en os de caribou, vieux de 27 000 ans et retrouvé au Yukon, pres d’Old Crow, qui nous permettent de retracer en vartie cette épopée. A cette époque, le détroit était une plaine her- beuse et balayée par les vents. Les chas- seurs qui la traversérent alors ont certai- nement donné un nom a ce pays que nous appelons la Beringie. Les Dénés du centre-nord de la Colombie-Britannique affirment que leurs ancétres vivaient autrefois le long du détroit de Béring et que leur territoire s’enfoncait profondément en Sibérie. Selon leur légende, le premier chasseur a suivre ce trajet s’appelait Kronaydin-le- Marcheur. Obligé de s’enfuir de chez lui a la suite d’une querelle, il consulta son ange gardien lequel lui apprit qu’il était condamné a errer sans fin en direction du soleil levant. Mais le temps a enseveli cette histoire comme les eaux ont sub- mergé les terres basses de la Béringie pour en faire la mer de Béring. vn EEE =r SPELT Te ES a TET eT eS ee Le Te 6 Vol. 2 no. 3 LE COURRIER de la S.H.F.C., Septembre 1989 ——E—— EEE ee SSC:C—::—””—O—O ee